Joe Biden tentera de donner un coup de fouet à sa campagne pour l'élection présidentielle américaine de 2024 avec un grand discours vendredi pointant les risques que fait, selon lui, peser Donald Trump sur la démocratie, trois ans après l'assaut du Capitole.
Le démocrate de 81 ans, au coude-à-coude ou juste derrière M. Trump dans les derniers sondages, présentera son rival républicain comme une menace pour la nation lors d'un discours près de Valley Forge, en Pennsylvanie, un site historique de la guerre d'indépendance des Etats-Unis.
Le président devait tenir son discours samedi, trois ans jour pour jour après l'attaque du Capitole, le 6 janvier 2021, par des partisans de Donald Trump qui tentaient d'empêcher la certification de la victoire de Joe Biden, mais la date a été avancée à vendredi à cause d'une prévision de tempête.
Mais l'assaut du Capitole reste un sujet de discorde aux Etats-Unis : un quart des Américains pensent, sans preuve, que le FBI en est à l'origine, selon un sondage du Washington Post et de l'université du Maryland publié cette semaine.
"Trois ans après l'attaque du 6 janvier, les républicains sont davantage bienveillants à l'égard de ceux qui ont pris d'assaut le Capitole et plus enclins à exonérer Donald Trump de toute responsabilité qu'ils ne l'étaient en 2021", écrit le journal.
Les efforts pour donner de l'élan à la campagne de M. Biden, qui aime se présenter en défenseur de la démocratie, se poursuivront lundi lors d'un déplacement dans une église de Caroline du Sud où un suprémaciste blanc a tué par balle neuf Afro-Américains en 2015.
- "Menace aggravée" -
La cheffe de l'équipe de campagne du démocrate, Julie Chavez Rodriguez, a estimé que le discours électoral tenu par Joe Biden il y a quatre ans, selon lequel il menait une "bataille pour l'âme de l'Amérique", était plus pertinent que jamais.
"La menace que Donald Trump a fait peser en 2020 sur la démocratie américaine n'a fait que s'aggraver", a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Les lieux choisis par Joe Biden pour ses discours sont symboliques: le premier, Valley Forge, a vu George Washington, le premier président des Etats-Unis, rassembler les forces militaires américaines qui luttaient contre l'empire britannique il y a près de 250 ans.
"Nous avons choisi Valley Forge car George Washington y a unifié les colonies", a déclaré le directeur adjoint de l'équipe de campagne, Quentin Fulks. "Puis il est devenu président et il a établi le fondement de la transition pacifique du pouvoir - ce que Donald Trump et les républicains ont refusé de faire".
Cette volonté d'accélération de la campagne de M. Biden intervient après les critiques de certains démocrates qui estiment qu'elle a démarré trop lentement.
Le président n'a pas réussi à convaincre les électeurs que l'économie s'améliorait malgré des chiffres favorables, de nombreux Américains pâtissant toujours des coûts élevés de l'alimentation et du logement.
- "Biden perdrait" -
Autres épines dans le pied du démocrate: l'immigration et le casse-tête de la frontière mexicaine, le soutien à la guerre d'Israël contre le Hamas qui divise son parti ou encore le Congrès qui bloque sa demande de fonds supplémentaires à l'Ukraine.
Le refus de M. Biden de mentionner les multiples affaires judiciaires de Donald Trump, pour ne pas donner l'impression d'influencer le système judiciaire, l'a aussi privé de l'une de ses principales armes contre le milliardaire républicain.
Mais la première faille de Joe Biden reste probablement son âge. Ses quelques chutes et maladresses de langage sont scrutées à la loupe.
Il connaît la pire cote de popularité pour un président en exercice lors du mois de décembre précédant une élection.
"Si l'élection avait lieu demain, le président Biden perdrait", a dit à l'AFP William Galston, expert à la Brookings Institution.
Le premier clip de campagne de M. Biden sorti jeudi et qui sera diffusé pour la première fois à la télévision samedi met en garde contre la menace "extrême" pour la démocratie en diffusant des images de l'attaque du Capitole du 6 janvier 2021.
"C'était quelque chose d'horrible à voir", a déclaré jeudi à la presse la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre. "Le président continuera d'en parler et de se faire entendre à ce sujet." [AFP]