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Flux financiers illicites en Afrique de l’Ouest - Cybercriminalité: 12,7 milliards de dollars perdus à cause des «arnaques 419»

Mercredi 28 Mars 2018

Selon l’Office des Nations-Unies contre la drogue et la criminalité (ONUDC), les revenus issus des économies criminelles dans l’espace ouest-africain représenteraient 3.6% du produit intérieur brut (Pib) mondial. Un chiffre faramineux dans lequel la cybercriminalité joue un rôle important et en hausse en dépit des politiques répressives.


Photo: SciDev.net
Photo: SciDev.net
«L’arnaque 419» ou «fraude 419», les utilisent d’internet y font face jour, aux quatre coins du monde. C’est généralement quelqu’un d’inconnu qui vous demande de l’aide pour transférer de l’argent issu de donation, d’héritage, etc., en échange d’un pourcentage sur la cagnotte miroitée. Le chiffre «419», c’est l’article du code pénal nigérian qui punit ce genre d’escroquerie. Le Nigeria, épicentre du cybercrime, selon l’Organisation de coopération et de développement économique dans l’édition 2018 des «Flux financiers illicites en Afrique de l’Ouest».
 
La mainmise des Nigérians

Selon l’OCDE, les pertes estimées des arnaques 419 s’élevaient à 12,7 milliards de dollars Us en 2013 avec une implication à 78% de ressortissants nigérians établis au Nigeria ou vivant dans la diaspora nigériane.
 
S’appuyant sur les résultats de diverses études africaines et internationales, l’OCDE s’inquiète de la propagation de ce phénomène alors que «depuis 2011, les arnaques 419 font l’objet de signalements élevés dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest tels que le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, la Sierra Leone, la Gambie, le Bénin et le Ghana.» En Côte d’ivoire par exemple, «l’unité anti-cybercriminalité signale des arnaques totalisant 6,2 millions de dollars US et 6,6 millions de dollars US» pour les années 2012 et 2013.
 
Les éléments nouveaux rapportés par les experts du secteur sont, d’une part, le fait que les criminels de la toile ciblent désormais «un nombre croissant» de victimes potentielles dans la population autochtone ; et d’autre part, l’émergence de «formes plus sophistiquées de cybercriminalité» aux dépens des « arnaques et fraudes basiques sur internet».     
 
«Crimes de deuxième génération»

Le développement des infrastructures informatiques et de communications liées à l’internet a sensiblement haussé le spectre de la cybercriminalité. Mais «il est difficile de déterminer l’échelle véritable de la victimisation en ligne car ce crime est largement sous-déclaré, aussi bien à l’échelle internationale qu’en Afrique de l’Ouest et Centrale», indique le document OCDE.
 
«Cependant, à mesure que les citoyens ouest-africains délaissent les économies monétaires en faveur de transactions bancaires et commerciales en ligne, les risques posés par la cybercriminalité aux citoyens de la région vont augmenter.» Ici, les crimes dits de deuxième génération sont en vogue. Ce sont : les accès non autorisés, l’hameçonnage et les usurpations d’identité, comme répertoriés par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
 
Ils rendent les usagers d’internet de la région plus «vulnérables» que de coutume grâce ou à cause de deux facteurs: des revenus monétaires et financiers de plus en plus élevés et une réelle facilité d’accès aux outils d’Internet. La navigation sur l’internet rend possible «un anonymat important, ce qui rend la détection difficile ou impossible (…) et permet aussi aux groupes criminels d’établir facilement des liens transnationaux, ce qui leur donne accès à des victimes, des associés et des marchés nouveaux.»
 
Les acteurs clés de la cybercriminalité sont «des jeunes âgés de 18 à 30 ans», souligne l’OCDE s’appuyant sur les travaux de l’ONUDC. Aux mains de particuliers sévissant naguère dans les cybercafés des moyennes et/ou grandes villes, la cybercriminalité a fait sa métamorphose en devenant «une opération organisée par des réseaux vaguement interconnectés», transfrontaliers et transnationaux. Aujourd’hui, on considère que plus de 80% des actes de cybercriminalité pourraient être liés à la criminalité organisée. Les ressortissants du Nigeria y jouent un rôle essentiel à partir de différents points du monde.
 
Renforcer les Centif et leur donner une vraie indépendance

Comment neutraliser les flux financiers illicites (FFI) comme la cybercriminalité ? Pour l’Ocde, il est impératif d’éviter des solutions qui aboutissent à un «effet de ballon», c’est-à-dire qui déplacent le problème d’un pays à un autre.
 
En tenant compte «de la nature transnationale des économies criminelles et des activités criminelles», la mise en œuvre d’approches régionales s’impose aux Etats d’Afrique de l’Ouest afin de rendre efficaces les surveillances, les sanctions et les interdictions.
 
Le démantèlement des réseaux criminels et de trafic est un autre chantier avec «des cadres juridiques qui facilitent (…) l’arrestation des gros trafiquants» tout en donnant aux appareils judiciaires des Etats, en particulier au plan pénal, les moyens et les capacités de «poursuivre les individus impliquées» dans les trafics illicites et criminels. Toutefois, un soin particulier est recommandé quant à «l’application des normes de droits humains dans les prisons… »
 
Aux côtés de la lutte contre la corruption dans les services publics en lien avec les économies criminelles, d’autres recommandations sont avancées: la mise à jour des «approches des cellules de renseignement financier (CRF ou Centif) pour aborder les problèmes liés» au secteur informel ; et la mise en place d’organes indépendants spécialisés dans la criminalité organisée. (Flux financiers illicites en Afrique de l’Ouest - A suivre : la traite des personnes).
 
 
 
 
 
 
 
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