Plus de 100.000 personnes, essentiellement étrangères, ont été expulsées entre novembre 2023 et fin octobre 2024 de squats, bidonvilles, campements et autres abris informels, un chiffre en hausse sur un an, ont indiqué jeudi des associations.
Au total, 1.484 opérations d'expulsion ont été recensées sur cette période partout en France, selon le rapport annuel de l'Observatoire de surveillance des expulsions collectives de lieux de vie informels fondé par plusieurs associations dont Médecins du monde, la Ligue des droits de l'Homme ou encore la Fondation Abbé Pierre.
Les expulsions ont concerné au moins 108.456 personnes, dont 80.449 sur le littoral nord, soit en moyenne 220 par jour dans cette zone, ajoute le rapport. Il précise que certaines personnes peuvent subir plusieurs expulsions au cours d'une même année et peuvent donc avoir été comptabilisées plusieurs fois.
"Ces chiffres sont en forte augmentation par rapport à l’an dernier (1.111 opérations, NDLR)", selon l'Observatoire qui affirme que dans 88% des cas, les expulsions "ne donnent lieu à aucune solution d’hébergement et/ou de logement des personnes".
Plus de la moitié des expulsions ont lieu pendant la trêve hivernale, avec un pic au mois de février, et dans 87% des cas les habitants voient leurs biens "détruits ou confisqués" au moment de l’expulsion.
"Or ces maigres biens, les carnets de santé, les papiers d'identité, un duvet, une tente, des médicaments, c'est vital pour ces personnes", souligne Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre.
Il dénonce auprès de l'AFP une "dérive inquiétante" des pouvoirs publics et de certains responsables politiques ayant tendance à "se gargariser" d'une hausse des expulsions "plutôt qu'à trouver des solutions" d'hébergement pour ces personnes en grande précarité.
Un avis partagé par le président de Médecins du monde, Jean-François Corty, qui estime que les "pouvoirs publics manquent aux principes fondamentaux de santé publique" et dénonce une "fabrique délibérée de précarité".
Les expulsions "aggravent l'état de santé des habitants des lieux de vie informels", déclare-t-il à l'AFP, s'inquiétant de "l'interruption des suivis médicaux" et d'une "exposition accrue à des environnements toxiques". [AFP]