« Israël ne veut en aucun cas d’une négociation (…) parce qu’ils veulent poursuivre dans la voie de la colonisation et poursuivre dans la voie de l’annexion rampante de Cisjordanie », a déclaré dimanche soir l’ancien ministre français Dominique de Villepin dans une interview à LCI.
Pointant un « agenda caché », il estime « que la réalité de la politique menée par Israël et de la volonté d’Israël, c’est en aucun cas d’engager un processus de paix » et « qu’une grande partie des combats qui sont engagés sont faits pour masquer le fait qu’Israël ne veut en aucun cas, en tout cas Netanyahu, ne veut en aucun cas de négociations ».
« Que va-t-il se passer le jour, je l’espère le plus proche possible, ou les portes de Gaza vont s’ouvrir? Le jour où cette prison à ciel ouvert, bombardée depuis 7 mois, va révéler ses secrets, qu’allons-nous voir? », a-t-il poursuivi.
Selon l’ancien chef de gouvernement, Israël doit comprendre que « la force ne peut pas tout quand elle n’est pas appuyée par une stratégie politique », prenant l’exemple de l’échec américain en Afghanistan.
« Netanyahu ne peut pas martyriser les Palestiniens pour si peu de succès militaires », a-t-il par ailleurs plaidé, considérant que « personne ne peut nier qu’il est possible de faire autrement ».
Et de poursuivre: « la logique de Netanyahu est jusqu'au-boutiste, celle d'un gouvernement ultra nationaliste aux abois. C'est la survie de Netanyahu, qui passe par son bilan ».
Courant avril déjà, l’ancien locataire de Matignon, se voulait très critique de l’action israélienne sur la bande de Gaza dans une interview donnée à France Info, et dans laquelle il estimait « qu’Israël veut rétablir une dissuasion qui a été rompue par l’attaque du Hamas » en agissant dans « dans une logique de surenchère, de vengeance ».
Cette stratégie vise selon Dominique de Villepin à « marquer l’inviolabilité de son territoire et sa volonté du ‘plus jamais ça’ » par « une riposte disproportionnée qui a vocation à sidérer toute tentative d’agression du territoire israélien ».
« Depuis le 7 octobre encore plus qu’avant, Israël veut affirmer sa volonté d’émancipation vis-à-vis de tout le monde y compris des Etats-Unis », avait-il déclaré pointant la « solitude d’Israël ».
Cette nouvelle prise de position intervient alors qu’Israël a annoncé, mardi, une prise de « contrôle opérationnel » du côté palestinien du passage de Rafah, quelques heures après que le Hamas a annoncé son approbation de la proposition des médiateurs pour un cessez-le-feu et un échange de prisonniers.
La guerre israélienne contre Gaza, qui a débuté le 7 octobre 2023, a fait des dizaines de milliers de morts et de blessés palestiniens, pour la plupart des enfants et des femmes, et environ 10 000 disparus, dans un contexte de destruction massive et de famine.
Israël poursuit la guerre malgré la publication d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU visant à arrêter immédiatement les combats, et en dépit de sa comparution devant la Cour internationale de Justice pour des crimes de « génocide ». [AA]