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France - Le premier ministre Barnier expose ses priorités, dont le redressement des finances

Mardi 1 Octobre 2024

Michel Barnier devant l'assemblée nationale française le 1er octobre 2024
Michel Barnier devant l'assemblée nationale française le 1er octobre 2024

Imperturbable malgré le chahut des députés, Michel Barnier a exposé ses priorités mardi largement tournées vers la réduction de la dette « colossale » du pays, en s’adressant autant à sa fragile coalition qu’aux adversaires qui menacent de le faire tomber.

 

Dans un discours de 1 h 23, le nouveau premier ministre, issu du parti de droite Les Républicains (LR), partenaire de son gouvernement, a également abordé la politique migratoire « que nous ne maîtrisons plus de manière satisfaisante ».

 

En prônant notamment la « prolongation exceptionnelle de la rétention des étrangers en situation irrégulière ». Et sans s’interdire de restreindre l’octroi des visas aux pays rechignant à reprendre leurs ressortissants.

 

Après une minute de silence en hommage à Philippine, étudiante tuée il y a dix jours à Paris, l’hémicycle a rapidement retrouvé ses habitudes bruyantes et dissipées.

 

Les députés de La France insoumise ont brandi leurs cartes d’électeur en signe de protestation contre la nomination de ce premier ministre de 73 ans, le plus âgé de la Ve République, solution concoctée par Emmanuel Macron après la dissolution, alors que le bloc de gauche était arrivé en tête des élections législatives.

 

Diction lente, impassible face aux tentatives d’interruption, citant Charles De Gaulle, Pierre Mendès France, Michel Rocard et Édouard Philippe, le montagnard Michel Barnier s’est dit « prêt à gravir un à un les obstacles » parce que « nous sommes collectivement sur une ligne de crête », avec « l’épée de Damoclès » d’une « dette financière colossale » et d’une dette écologique.

 

« Effort »

 

Costume bleu et ruban rose au revers, pour la campagne Octobre rose contre le cancer du sein, le premier ministre a exposé ses « cinq chantiers prioritaires » sur le pouvoir d’achat, les services publics – école et santé en tête –, la sécurité, l’immigration et la « fraternité ».

 

Premier engagement : ramener le déficit à 5 % du PIB en 2025 puis sous les 3 % en 2029, alors que le déficit devrait atteindre 6 % cette année.

 

Avec d’abord une réduction des dépenses qui, en 2025, représentera les « deux tiers de l’effort de redressement », a-t-il précisé.

 

Deuxième « remède » : « l’efficacité des dépenses » en faisant « la chasse aux doublons ».

Le troisième remède sera le plus douloureux : le levier fiscal.

 

Avec « un effort limité dans le temps qui devra être partagé, dans une exigence de justice fiscale » par les plus grandes entreprises et les Français « les plus fortunés », a-t-il développé.

 

Le premier ministre aura fort à faire : au nom des députés macronistes, Gabriel Attal a prévenu qu’il ferait « le choix des économies » plutôt que celui « des impôts ».

 

« Il faut commencer par faire des économies » et « mettre fin aux quoi qu’il en coûte », « ce qui n’a pas été fait », a lancé le chef de file des LR Laurent Wauquiez, en attaquant le bilan des précédents ministres macronistes, également partenaires de la coalition de Michel Barnier.

 

« Courtoisie »

 

Privé de majorité, le premier ministre ne sollicitera pas de vote de confiance. La gauche a toutefois promis de déposer dès cette semaine une motion de censure, que le RN a dit ne pas vouloir voter d’emblée.

 

La cheffe de file des députés d’extrême droite Marine Le Pen a salué le « sens de la courtoisie » de Michel Barnier, mais exigé une nouvelle loi d’immigration reprenant les mesures censurées par le Conseil constitutionnel de la précédente loi, qui avait déchiré l’Assemblée jusqu’au camp présidentiel.

 

Elle a placé cette demande dans les « lignes rouges » susceptibles de motiver une censure.

 

Mais elle a apprécié que M. Barnier se dise « ouvert » à une réflexion « sans idéologie » sur la proportionnelle, réclamée par les alliés centristes du MoDem comme par le RN.

 

À gauche, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a fustigé un « usurpateur de la légitimité électorale » qui « plaide pour le compromis par la combine et se glorifie d’appliquer les lois qu’il a combattues ». « Ce n’est pas un programme d’action, mais un compte à rebours avant liquidation ».

 

« Lignes rouges »

 

Après avoir ironisé sur les « lignes rouges, parfois très rouges » des différents partis, le premier ministre a fixé les siennes : « Aucune tolérance » du racisme, de l’antisémitisme, des violences faites au femmes, du communautarisme, « aucun accommodement sur la laïcité » et aucune remise en cause de la loi Veil sur l’avortement comme du mariage pour tous et de la PMA.

 

M. Barnier a également mentionné, comme lors de son arrivée à Matignon, la « dette écologique », confirmant la poursuite du développement du nucléaire, « mais aussi des énergies renouvelables ».

 

Sous les cris d’« abrogation, abrogation » de la gauche visant la réforme des retraites, il s’est dit ouvert à des « aménagements possibles » avec les partenaires sociaux, à qui il a redonné également la main sur l’assurance chômage.

 

Revalorisation du Smic de 2 % « dès le 1er novembre », reprise du projet de loi agricole interrompu par la dissolution, « nouveau livret d’épargne dédié à l’industrie », report du scrutin provincial en Nouvelle-Calédonie, reprise du débat sur la fin de vie : le chef du gouvernement a balayé large dans cette figure imposée de la démocratie parlementaire.

 

Pour préparer sa feuille de route, il avait reçu la semaine dernière les forces syndicales et patronales et organisé un séminaire gouvernemental pour surtout développer un esprit d’équipe après plusieurs couacs entre ses ministres.

 

Le chef du gouvernement a évoqué le respect de l’État de droit comme « indissociable » de la « fermeté de la politique pénale ».

 

Son ministre de l’Intérieur conservateur Bruno Retailleau avait suscité de nombreuses critiques pour ses sorties sur « l’État de droit » qui n’est « pas intangible, ni sacré », après un bras de fer avec son collègue de la Justice Didier Migaud. [AFP]

 
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