Le coup d’Etat perpétré par le président Macky Sall par le truchement de ses députés pour annuler l’élection présidentielle du 25 février 2024 a été largement dénoncé ce samedi 10 février en France. Entre 2000 et 3000 Sénégalais, selon la Préfecture de police de Paris ou les organisateurs, ont réclamé le retour immédiat et sans délai au processus électoral par la tenue du scrutin. Le pic des manifestations a eu pour cadre la Place Trocadero á Paris ou ont déferlé des vagues protestataires qui ont bravé la pluie et le mauvais temps pour crier leur désapprobation contre le régime sénégalais.
Macky Sall a été qualifié de « dictateur », « assassin », puis assimilé à « un danger pour la sécurité du Sénégal », rapporte l’Agence France Presse (AFP). Des affiches et pancartes indiquent « Sénégal sous dictature », « Macky Sall dictateur », « Sénégal : Démocratie en danger », etc.
La manifestation de la diaspora sénégalaise a été soutenue par de nombreuses organisations politiques et par des élus nationaux et locaux dont ceux et celles de la Nupes avec des représentants d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) et de La France Insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon.
Les Sénégalais sont également descendus dans les artères de Bordeaux et Grenoble pour défendre la même cause. Le syndicaliste Philippe Poutou, responsable au sein du Nouveau parti anti capitaliste (NPA) et plusieurs fois candidat á l'élection présidentielle française (2022, 2017 et 2012), a d'ailleurs pris la parole en Gironde pour marquer son soutien au peuple sénégalais.
La position de la France est étroitement scrutée mais aussi trés critiquée par les citoyens, la jeunesse et la classe politique au Sénégal. Paris est vu depuis toujours comme un « soutien indéfectible » du président Macky Sall en dépit de ses dérives autocratiques, ses restrictions contre les libertés publiques individuelles et collectives, la répression permanente contre les militants politiques, associatifs et activistes de la société civile sénégalaise.
A Paris, Bordeaux et Grenoble, le slogan « Macky démission, Macron complice », relève de la dénonciation de cette accointance « françafricaine ». D’ailleurs, la tonalité de l’unique et bref communiqué écrit et publié à ce jour par le Quai d’Orsay, le 4 février dernier, prenait très vite acte de l’interruption du processus électoral en appelant á la tenue d’une autre élection présidentielle dans les meilleurs délais. Pour les Sénégalais, c’était le blanc-seing de Macron à Sall même si le 7 février dernier, Stéphane Séjourné a lu á la tribune de l’assemblée nationale un texte écrit en réponse a une interpellation du député écologiste Aurélien Taché pour demander l'organisation de la présidentielle "selon la Constitution" du Sénégal.
A Dakar, Ziguinchor, Saint-Louis, Mbacké, Thiès, etc., la répression contre les citoyens sénégalais qui entendent s’opposer de manière pacifique au coup d’Etat du 5 février s’est accentuée, avec le risque d’une généralisation qui plonge le Sénégal dans des incertitudes dont on ignore pour l’instant l’ampleur sur la stabilité du pays. En trois jours de manifestations, le bilan de cette répression est déjà très lourd : 3 jeunes tués par balle et plusieurs dizaines de blessés et d’arrestations. Silence radio au Quai !
La France et Emmanuel Macron sont peut-être déjà passés á une autre phase du drame sénégalais avec leurs alliés locaux.