Banjul (Gambie) - L'Union européenne (UE) a annoncé jeudi une aide d'un montant de 225 millions d'euros à la Gambie, "quasiment en faillite", selon son nouveau président Adama Barrow, qui a également obtenu une prolongation de trois mois du mandat des troupes ouest-africaines.
La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a mobilisé une force pour contraindre l'ex-président Yahya Jammeh à céder le pouvoir à M. Barrow, dont il contestait la victoire à l'élection du 1er décembre.
Le mandat de cette force, "expirant le 20 février" a été prolongé de trois mois à compter du 21 février, avec "un effectif minimum de 500 hommes en provenance du Sénégal, du Nigeria et du Ghana", selon un communiqué signé par son chef, le général François Ndiaye.
La décision a été prise par les chefs d'Etat et de gouvernement de la Cédéao le 29 janvier en marge du sommet de l'Union africaine, selon le texte.
Les troupes ouest-africaines auront désormais pour mission d'assurer la sécurité du président et des membres du gouvernement, et de "faciliter l'établissement de la confiance entre les nouvelles autorités et les forces de défense et de sécurité gambiennes", a souligné le général Ndiaye.
La présidence gambienne avait fait état de cette prolongation de trois mois dans un communiqué mercredi soir, sans autre indication.
Adama Barrow est rentré en Gambie il y a deux semaines, cinq jours après le départ en exil de Yahya Jammeh, qui a marqué l'épilogue de six semaines d'une crise à rebondissements.
Il se trouvait jusqu'alors au Sénégal voisin, qui l'accueillait depuis le 15 janvier à la demande de la Cédéao qui craignait pour sa sécurité tant que son prédécesseur était en place.
Lors de la signature jeudi à Banjul d'une série de contrats d'aide par le commissaire européen à la Coopération internationale et au Développement Neven Mimica, M. Barrow a affirmé que la Gambie ne disposait que de deux mois de réserves de changes, avec "une économie quasiment en faillite et en besoin de secours immédiat".
M. Mimica a salué le "changement pacifique et démocratique" représenté par l'accession au pouvoir d'Adama Barrow, assurant que l'UE était "pleinement engagée à la coopération avec le président Barrow et son gouvernement".
L'UE avait gelé son aide à la Gambie en décembre 2014 en raison de la mauvaise situation des droits de l'Homme dans ce pays où le régime de Yahya Jammeh était accusé de meurtres extrajudiciaires, tortures et disparitions forcées.
Banjul va ainsi bénéficier d'une aide financière immédiate de 75 millions d'euros pour combattre l'insécurité alimentaire, le chômage et les difficiles conditions dues à l'état du réseau routier, selon un communiqué de l'UE.
Un second programme d'aide de 150 millions d'euros est attendu à l'occasion d'une visite prochaine d'une délégation de l'UE en Gambie, selon ce texte.
"La plupart des entreprises publiques sont criblées de dettes et fonctionnent en-dessous de leurs capacités y compris dans le secteur de l'énergie", a dit M. Barrow, soulignant que le chômage des jeunes avait explosé.
Il a prêté serment le 19 janvier à l'ambassade de Gambie à Dakar, peu avant le lancement de l'opération militaire de la Cédéao pour forcer au départ Jammeh, qui a finalement quitté le pays le 21 janvier pour un exil en Guinée équatoriale, à la suite d'une ultime médiation mauritano-guinéenne.