Dans les rues méconnaissables de Jabalia, des¨Palestiniens déplacés par les violents combats entre Israël et le mouvement islamiste Hamas reviennent au milieu des ruines de ce camp du nord de la bande de Gaza, "choqués" et "perdus".
Ces dernières semaines, l'armée israélienne a mené d'intenses bombardements sur ce secteur qu'elle avait dit avoir pris en janvier des mains du Hamas.
"J'ai été choqué par l'ampleur des destructions de cette dernière agression contre le camp de Jabalia", a confié samedi à l'AFP Mohammad Al-Najjar, se disant incapable de retrouver sa propre maison.
"Toutes les maisons ont été transformées en ruines. On est perdu, on ne sait pas exactement où se trouvent nos maisons au milieu de ces destructions massives", poursuit l'homme de 33 ans.
Les correspondants de l'AFP ont vu ces derniers jours de nombreux Palestiniens affluer dans ce camp du nord du territoire assiégé par Israël, essayant de retrouver leur foyer et sauver ce qui pouvait encore l'être.
Des hommes, des femmes et des enfants marchaient au milieu de rues où gisent les ruines des bâtiments détruits. Des familles mettaient des matelas et des cartons sur des charrettes tirées par des ânes quand d'autres transportaient des affaires sur leurs épaules.
Malgré l'ampleur des destructions, Mohammad Al-Najjar affirme que la population veut rentrer chez elle.
"Les gens sont déterminés à installer des tentes et des abris de fortune au milieu des décombres", affirme-t-il, tout en évoquant la peur de voir l'armée israélienne revenir "pour une deuxième ou une troisième fois."
"Mais nous resterons sur notre terre. Nous n'avons nulle part d'autre" où aller, poursuit le trentenaire.
- "Rayée de la carte" -
Le mois dernier, l'armée israélienne avait affirmé que les combats dans Jabalia étaient "peut-être les plus acharnés" depuis le début de la guerre, le 7 octobre.
Les corps de sept otages ont été retrouvés dans la zone par l'armée israélienne au mois de mai. Les combats avaient repris au moment où l'armée israélienne prenait le contrôle du passage frontalier de Rafah, entre l'Egypte et la bande de Gaza.
Vendredi, l'armée israélienne a affirmé que ses soldats avaient "terminé leur mission" à l'est de Jabalia.
Mohammad Al-Najjar, lui, affirme entendre encore aujourd'hui constamment des coups de feu et des tirs d'artillerie à l'est.
"Il n'y a aucune maison qui n'a pas été visée par l'armée israélienne d'occupation", dénonce auprès de l'AFP Mahmoud Assaliyah, 50 ans, lui aussi revenu à Jabalia pour découvrir sa maison détruite.
"Les piliers en ciment sont tombés, les murs ont été détruits, les meubles (...) brûlés et éventrés", énumère le quinquagénaire.
"Jabalia a été rayée de la carte", dénonce pour sa part Souad Abou Salah, originaire de ce camp.
"Nous voulons vivre comme les autres gens de ce monde", implore cette femme de 47 ans. "Nous devons trouver une solution face à cette guerre pour que nous puissions vivre en paix." [AFP]