Depuis le mois d'octobre de l'année dernière, les forces israéliennes ont utilisé des bombes au phosphore blanc dans au moins 17 localités du Sud-Liban, y compris des zones résidentielles densément peuplées, a déclaré, mercredi, l'organisation Human Rights Watch (HRW).
« Il a été vérifié que les forces israéliennes ont utilisé des munitions au phosphore blanc dans au moins 17 localités du Sud-Liban depuis octobre 2023, y compris dans cinq localités où des munitions à explosion aérienne ont été utilisées illégalement au-dessus de zones résidentielles densément peuplées », a déclaré HRW dans un rapport, ajoutant que cette pratique illégale exposait les civils à de graves dangers.
Le rapport indique que l'utilisation du phosphore blanc a également contribué au déplacement de civils dans le sud du Liban.
« En vertu du droit international humanitaire, l'utilisation de phosphore blanc par explosion aérienne est illégale dans les zones peuplées », a rappelé le rapport.
« L'utilisation généralisée de phosphore blanc par Israël au Sud-Liban met en évidence la nécessité de renforcer les règles internationales relatives aux armes incendiaires », a déclaré l'organisation internationale de défense des droits de l'homme.
Israël n'est pas partie au protocole III de la Convention sur les armes classiques de 1980, alors que le Liban y a adhéré.
La tension est vive le long de la frontière entre le Liban et Israël, avec des échanges de tirs intermittents entre les forces israéliennes et le Hezbollah. Il s'agit des affrontements les plus meurtriers depuis que les deux parties se sont livrées à une véritable guerre en 2006.
Ces tensions frontalières surviennent sur fond d'offensive militaire israélienne contre la Bande de Gaza, qui a fait plus de 36 500 morts depuis l'attaque lancée, le 7 octobre de l'année dernière, par le mouvement de résistance palestinien, Hamas.
L'armée israélienne a fait usage de phosphore blanc contre les Palestiniens dans la Bande de Gaza, comme en témoignent les images fournies par Anadolu, qu'Amnesty International a utilisées dans son rapport publié le 15 octobre 2023, indiquant que le Crisis Evidence Lab (Laboratoire de preuves, faisant partie du programme “Réaction aux crises” d'Amnesty International - NDLR) a confirmé que les unités militaires israéliennes frappant Gaza étaient équipées d'obus d'artillerie au phosphore blanc.
Phosphore blanc
Le droit international interdit l'utilisation du phosphore blanc dans les zones à forte densité de population civile. Inhalée, la fumée du phosphore blanc peut provoquer des lésions pulmonaires soudaines et entraîner une asphyxie.
Le phosphore blanc peut provoquer des brûlures de la peau au deuxième et au troisième degré et s'enflamme facilement au contact de l'oxygène. Lorsqu'il est utilisé comme bombe, il a non seulement des effets explosifs, mais il provoque également des incendies.
Les incendies provoqués par les bombes au phosphore blanc peuvent s'étendre sur de vastes zones et se poursuivre jusqu'à ce que le phosphore soit épuisé.
Il est difficile de traiter les personnes exposées au phosphore blanc, que ce soit par inhalation, par contact ou par ingestion, en raison de la nature contagieuse de la substance. Les personnes qui soignent les blessures causées par la bombe ont besoin d'une formation spéciale pour se protéger.
L'exposition au phosphore blanc à certains intervalles peut entraîner de graves déformations et fractures de la mâchoire.
Les bombes au phosphore blanc dans le droit international
La Convention des Nations unies sur certaines armes classiques (1980) interdit l'utilisation d'armes incendiaires dans les zones civiles.
S’il n'y a pas d'obstacle juridique à l'utilisation du phosphore blanc à des fins telles que le camouflage d'unités militaires dans des zones exposées, les débats se poursuivent toutefois quant à l'impact et aux dommages causés par l'utilisation directe du phosphore blanc sur les individus ; débats qui pourraient faire en sorte que cette utilisation soit considérée comme un crime de guerre.
Israël a déjà fait usage de phosphore blanc par le passé
Dans un rapport de 2010 sur l'impunité liée aux violations des lois de la guerre à Gaza, Human Rights Watch a indiqué qu'Israël avait utilisé des munitions contenant du phosphore blanc lors de l'opération Plomb durci dans la Bande de Gaza, entre décembre 2008 et janvier 2009.
Le rapport a montré que l'utilisation par Israël de munitions contenant du phosphore blanc dans des zones densément peuplées était considérée comme une des lignes de conduite des dirigeants politiques et militaires, qui ont eu pour effet de conduire à des violations des lois de la guerre. [AA]