Le bilan des incendies de forêt à Hawaii, déjà les plus meurtriers en plus d’un siècle aux États-Unis, pourrait dépasser les 100 morts dimanche, alimentant les critiques sur la gestion du drame par les autorités.
« Aucun de nous ne connaît encore l’ampleur » du désastre, a reconnu John Pelletier, chef de la police de Maui.
Les flammes ont réduit en cendres la ville balnéaire de Lahaina, avalant maisons, voitures, hôtels ou commerces.
Leur chaleur était si forte que les corps retrouvés sont difficiles à identifier, a expliqué M. Pelletier. Pour l’instant, seuls deux ont pu l’être.
L’incendie « a même fait fondre le métal », a précisé le chef de la police, appelant les proches de personnes disparues à se soumettre à un test ADN, pour aider à l’identification des victimes.
Pas d’alertes
Les circonstances de ces incendies fulgurants, dont la cause n’est pas encore connue, restent floues. Ils ont en tout cas pris les habitants par surprise, ce que beaucoup reprochent aux autorités.
« Vous voulez savoir quand on a su qu’il y avait le feu ? Quand il est arrivé devant la maison », s’est agacée auprès de l’AFP, Vilma Reed. « La montagne brûlait derrière chez nous et on nous a dit que dalle ! »
Comme de nombreux habitants, elle n’a reçu ni alerte ni ordre d’évacuation, à cause d’une série d’anomalies.
Les puissantes sirènes, utilisées notamment pour les tsunamis, sont restées muettes. Personne ne sait s’il s’agissait d’une défaillance technique ou d’une décision des opérateurs.
Les alertes officielles à la télévision et la radio, elles, étaient hors de portée pour les résidants privés d’électricité.
Enfin, les téléphones, précieux relais d’information pour les autorités dans ces crises, n’ont pas pu aider, faute de réseau. Selon des habitants, l’avertissement habituellement envoyé en cas de danger météorologique ou d’alerte enlèvement n’a pas retenti sur leurs appareils.
Une enquête a été ouverte par la procureure générale sur les circonstances de l’incendie, notamment les décisions prises par les autorités.
La représentante d’Hawaii Jill Tokuda a déjà reconnu que les autorités avaient « sous-estimé la dangerosité et la rapidité du feu ».
Mazie Hirono, sénatrice démocrate de l’archipel, a elle déclaré sur CNN ne pas vouloir « chercher à trouver des excuses pour cette tragédie ».
« Personne ne l’a vu venir. C’est tout », a estimé le responsable policier John Pelletier.
De nombreux facteurs ont contribué à la dangerosité extrême de ces feux, par exemple la présence de végétaux qui brûlent très facilement, un ouragan au sud-ouest de l’île de Maui qui nourrissait des vents très violents, ou un hiver anormalement sec.
Face à l’étendue des dégâts, le président Joe Biden a déclaré dimanche qu’il envisageait de se rendre à Hawaii, où plusieurs feux de plus petite taille brûlent encore.
5,52 milliards
Sur place, la population veut déjà penser à l’avenir, et s’active au milieu des débris pour nettoyer ou retrouver des bribes de leurs vies, épargnées par les flammes.
Quelque 2207 bâtiments, majoritairement résidentiels, ont été détruits ou endommagés, selon l’agence fédérale chargée de la réponse aux catastrophes naturelles (FEME).
Rien que pour l’incendie de Lahaina, le coût de la reconstruction est estimé à 5,52 milliards de dollars.
La reconstruction prendra probablement « des années », a prévenu Mazie Hirono.
Ce désastre intervient au milieu d’un été marqué par une série d’évènements météorologiques extrêmes partout sur la planète, dont une vague de chaleur intense dans le sud des États-Unis et des mégafeux de forêt au Canada, des phénomènes liés au réchauffement climatique selon les experts. (AFP)