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Israël Nétanyahou aurait demandé à la sécurité intérieure de l’aider à retarder son procès

Vendredi 4 Avril 2025

Benyamin Netanyahu
Benyamin Netanyahu

La procureure générale d’Israël a annoncé vendredi avoir conclu à un vice fondamental dans la décision du gouvernement de limoger le chef du Shin Bet (sécurité intérieure), jugeant en outre le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, en situation de « conflit d’intérêts » dans cette affaire.

 

La magistrate, Gali Baharav-Miara, a aussi publié une lettre du chef du Shin Bet, Ronen Bar, adressée à la Cour suprême pour contester son renvoi, dans laquelle il affirme que M. Nétanyahou lui a demandé à plusieurs reprises d’œuvrer à retarder son procès pour corruption.

 

M. Nétanyahou, en visite officielle en Hongrie, a répondu par voie de communiqué que ce courrier était un « tissu de mensonges » et a accusé M. Bar et la procureure générale, dont il veut également la tête, d’être tous les deux coupables de « conflit d’intérêts ».

 

L’annonce, le 21 mars, du limogeage de M. Bar à l’issue d’un vote du gouvernement et dans une moindre mesure la procédure de destitution engagée ensuite par le cabinet contre Mme Baharav-Miara, ont relancé la contestation contre l’exécutif.  

 

Aux antiguerre solidaires des otages israéliens à Gaza qui demandent un cessez-le-feu, seule solution à même selon eux de ramener le maximum de captifs vivants quand M. Nétanyahou et ses alliés d’extrême droite prônent l’intensification de la pression militaire, s’ajoutent des milliers de personnes dénonçant une dérive autoritaire du pouvoir.  

 

« La décision de mettre fin au mandat du chef du Shin Bet est fondamentalement viciée, entachée d’un conflit d’intérêts personnel du premier ministre en raison des enquêtes criminelles concernant ses proches, et conduira » à politiser la fonction, estime Mme Baharav-Miara dans un communiqué publié en même temps que l’avis détaillé qu’elle a transmis à la Cour suprême.  

 

La Cour doit examiner le 8 avril les recours déposés, notamment par l’opposition et Mme Baharav-Miara, contre la décision de limoger M. Bar.  

 

« Avis sécuritaire »

 

M. Nétanyahou lui reproche notamment l’échec de l’Agence de la sécurité intérieure à empêcher ou prévoir l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas ayant déclenché la guerre en cours, le 7 octobre 2023.

 

Mais pour l’opposition et une ONG, M. Nétanyahou veut avant tout par ce renvoi se débarrasser du chef du service ayant diligenté l’enquête dans laquelle deux de ses proches sont en garde à vue, soupçonnés d’avoir touché des pots-de-vin en provenance du Qatar.

 

Dans sa lettre à la Cour suprême, M. Bar, estime que les raisons de son licenciement sont plus liées au fait qu’il a tenu tête à M. Nétanyahou plutôt qu’à ses compétences, et accuse le premier ministre d’avoir cherché à l’utiliser pour retarder son propre procès en corruption.

 

« Au cours du mois de novembre 2024, le premier ministre m’a demandé à plusieurs reprises de donner un avis sécuritaire qui déterminerait que les conditions de sécurité ne permettent pas la tenue continue de son témoignage dans son procès pénal », écrit M. Bar.

 

« Mensonges », a répondu le Bureau du premier ministre pour qui M. Nétanyahou « a discuté avec le chef du Shin Bet des moyens de permettre son témoignage au tribunal, compte tenu des menaces de missiles contre Israël et contre le premier ministre en particulier. »

 

Mais « la discussion portait sur le lieu du témoignage, et non sur le fait que celui-ci ait lieu ou non », ajoute le texte.

 

Après de nombreux recours pour tenter de retarder sa comparution, M. Nétanyahou a finalement été contraint par la justice de témoigner à la barre dans le procès à son encontre pour plusieurs affaires de corruption.

 

Depuis décembre les audiences se poursuivent chaque semaine dans une salle sécurisée, en sous-sol, d’un tribunal de Tel-Aviv. 

 

Par ailleurs, Benyamin Netanyahou (au même titre que son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant) est sous le coup d’un mandat d’arrêt international délivré par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre contre les populations et les infrastructures palestiniennes dans la Bande de Gaza. Israël y mène depuis le 7 octobre 2023 - avec l’appui militaire des Etats-Unis et de plusieurs pays européens - de puissants bombardements qui ont tué plus de 52 000 personnes. [Impact.SN avec AFP]

 
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