Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, est arrivé mardi dans la salle du tribunal de Tel-Aviv pour la reprise de son procès pour corruption et répondre aux accusations et témoignages.
M. Nétanyahou est le premier chef de gouvernement israélien en exercice à être jugé au pénal pour corruption, fraude et abus de confiance.
L’audience de mardi marque la reprise du procès qui s’est ouvert en mai 2020.
Le procès a été interrompu par la guerre dans la bande de Gaza, M. Nétanyahou ayant déposé plusieurs demandes de report en invoquant les hostilités déclenchées par l’attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023, et toujours en cours.
« Je parlerai » devant le tribunal, « je ne fuis pas », a assuré M. Nétanyahou lors d’une conférence de presse lundi soir. « Cela fait huit ans que j’attends ce jour, huit ans que je veux présenter la vérité, huit ans que j’attends pour démolir complètement ces accusations absurdes et infondées portées contre moi », a-t-il ajouté.
Des opposants à M. Nétanyahou et des partisans du premier ministre se sont rassemblés mardi devant le bâtiment du tribunal, tandis que des députés de la coalition gouvernementale de droite sont venus assister à l’audience qui se déroule dans une salle souterraine pour des raisons de sécurité.
Une journaliste de l’AFP présente devant le tribunal a rapporté que les partisans du premier ministre scandaient « Nétanyahou, le peuple te soutient », tandis que des opposants, qui organisent des manifestations contre lui depuis des mois, scandaient « Bibi en prison », le surnom du premier ministre.
260 000 dollars
Dans la première affaire, M. Nétanyahou et son épouse, Sara, sont accusés d’avoir accepté pour plus de 260 000 dollars de produits de luxe (cigares, bijoux, champagne) de la part de milliardaires, notamment du producteur hollywoodien d’origine israélienne Arnon Milchan et l’homme d’affaires australien James Packer, en échange de faveurs politiques.
Dans la deuxième, le premier ministre est poursuivi pour avoir tenté de négocier une couverture plus favorable de la part d’Arnon Mozes, éditeur du quotidien Yedioth Aharonoth, premier quotidien national payant, en échange de la promesse d’une loi qui aurait entravé la circulation du journal gratuit Israel Hayom, un titre populaire en Israël.
Dans le dernier dossier, M. Nétanyahou est accusé d’avoir tenté de faciliter une fusion souhaitée par un ami proche, Shaul Elovitch, alors actionnaire majoritaire de Bezeq, le plus grand groupe de télécommunications du pays, en échange d’une couverture favorable de sa politique sur le site web d’information populaire Walla, également propriété de M. Elovitch.
Les détracteurs de M. Nétanyahou voient dans la tenue du procès l’occasion que justice soit enfin rendue contre un homme politique prêt à tout pour rester au pouvoir. Ils affirment également que le premier ministre a utilisé la guerre en cours depuis 14 mois comme prétexte pour échapper à un jugement qui a toutes les chances de le reconnaître coupable.
« Étape importante »
La reprise du procès constitue « une étape importante », dit à l’AFP Yohanan Plesner, président du cercle de réflexion Israel Democracy Institute (IDI), pour qui « le fait qu’un premier ministre très puissant soit inculpé et que son dossier judiciaire soit examiné par le tribunal [témoigne] de la force des institutions démocratiques d’Israël. »
Signe d’une certaine inquiétude dans le camp de M. Nétanyahou, une douzaine de ministres ont envoyé lundi une lettre à Gali Baharav-Miara, procureure générale de l’État, pour demander un report de l’audience, en raison notamment de l’effondrement du régime de Bachar al-Assad en Syrie voisine.
Cette lettre fait suite à des appels similaires de ministres et à des demandes de l’équipe juridique du premier ministre de reporter son audition en raison de la guerre et de son emploi du temps chargé.
L’accusation a cependant fait valoir qu’il était dans l’intérêt du public que le procès se termine le plus rapidement possible, et le tribunal a rejeté ces requêtes, consentant néanmoins à une réduction occasionnelle de la durée des audiences. [AFP]