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Justice punitive à GéoMacky variable !

Lundi 27 Février 2017

Quand un pouvoir passe aux actes en ce qui concerne la défense des intérêts de la collectivité nationale et interpelle directement les personnes présumées responsables de malversations, on applaudit et on soutient la démarche. On laisse la justice faire son travail de manière sereine, à condition qu’elle ne soit pas sous influence de l’Exécutif et qu’elle n’obéisse point à des ordres politiques.
 
On ignore ce qu’il y a de factuel dans ce dossier d’enquête transmis par l’Inspection générale d’Etat au Président de la République qui a ensuite saisi le procureur de la République. Ce que l’on sait depuis longtemps par contre, c’est que les collectivités décentralisées ont la réputation d’être de gros nids de corruption et de magouille que les pouvoirs en place n’ont pas toujours pris soin de combattre avec sincérité et désintéressement. En politique, tout est calcul…
 
Ce qui est inacceptable, c’est la tendance remarquable chez le Président Macky Sall à ne faire instruire que des dossiers impliquant ses adversaires politiques. Tout le monde en parle, dans la rue, dans les bus, sur les réseaux sociaux, dans les chaumières… Sur proposition de l’IGE, il saisit la justice en rapport avec la caisse d’avances de la mairie de Dakar dont l’ordonnateur est l’opposant politique Khalifa Sall. Soit.
 
Mais que pense le chef de l’Etat du premier rapport de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption ? L’ex-présidente de l’Ofnac, Nafi Ngom Kéïta, avait transmis des dossiers judiciaires au parquet dont l’un concerne le directeur général du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), Cheikh Oumar Hann, par ailleurs militant du parti présidentiel et ami de…Macky Sall.
 
Dans le rapport remis au Président Sall, elle avait non seulement plaidé pour le limogeage de M. Hann,  mais aussi recommandé qu’il ne dirige plus un organisme du secteur public. Depuis, il n’y a pas eu de suite. Et c’est Nafi Ngom Kéïta elle-même qui a été limogée. Passons sur plusieurs autres cas similaires dont la gestion a fini de décrédibiliser le Président de la République en matière de transparence et de bonne gouvernance.
 
Mais impossible de ne pas rappeler l’affaire El Hadj Seck Ndiaye Wade. Dans ses fonctions de Directeur national des Transports routiers, il est accusé de corruption à l’issue d’une enquête de l’Ofnac. Un juge d’instruction le fait arrêter et le place sous mandat de dépôt. Des pressions politiques venues de très, très haut le sortent de prison quelques jours seulement après son incarcération. Puis, en Conseil des ministres, le Président de la République le nomme Président du conseil d’administration du Fonds d’entretien routier autonome (Fera). Précision de taille : l’homme est un responsable politique du parti présidentiel dans le département de Mbour…
 
Pendant ce temps, le rapport de l’Inspection générale d’Etat sur les modalités d’attribution des blocs d’hydrocarbures de Saint-Louis et Kayar à la société Petrotim Ltd n’ont été ni transmis à la justice ni même déclassifiés pour la bonne gouverne de l’opinion publique. Quand la famille est mise en cause, ça change tout. Et la justice devient un instrument à géomacky variable… Vive le Prince. (Momar Dieng)
 
 
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