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L’Omerta électorale et financière

Mardi 20 Juin 2017

L’Omerta  électorale et financière
Par Mamadou Sy Albert

Près d’une cinquante de listes prendra part aux prochaines élections législatives. En dépit de l’explosion des coalitions, les grands partis traditionnels tous reconvertis à l’idéologie paresseuse et contre-productive des  larges regroupements électoraux n’ont pu convaincre les nouveaux acteurs politiques de la nécessité impérieuse de nouer des  alliances stratégiques.
 
Les prochaines élections de désignations des députés se dérouleront sous le signe des clivages entre des partisans coalisés de la majorité présidentielle, les « éclatés de l’opposition plurielle et les indépendants des alignements pouvoir anti-pouvoir.
 
Au-delà de ce tableau de bord des stratégies personnalisées des appareils politiques, des mouvements citoyens, une élection est, avant tout, une question de capacité technique, financière et politique. Les moyens de cette capacité peuvent être humains et organisationnels. Ils peuvent être également des moyens financiers.
 
Tout laisse croire que les moyens humains et organisationnels dépendent en grande partie des moyens financiers réellement mobilisables par les acteurs des différents camps. L’issue de l’épreuve électorale est fonction de ce rapport de forces entre  la capacité de mobilisation des ressources financières et la puissance attractive de l’argent dans ce genre d’exercice de plus en plus très ouvert.
 
Le pouvoir et son opposition savent l’importance des enjeux de ces deux questions majeures d’une élection que sont les ressources humaines et les ressources financières dans la vie politique nationale sénégalaise, singulièrement dans une épreuve électorale mettant en jeu le contrôle de l’Assemblée Nationale ou la Présidence de la République. Ces deux élections mobilisent de plus en plus de l’argent depuis l’avènement de la première alternance politique en mars 2000.
 
Ce sont des milliards et des milliards que les principaux candidats mobilisent. Les candidats indépendants n’en sont pas moins soumis à la quête de levées de fonds pour le dépôt de caution, pour les campagnes publicitaires de masse pour vendre l’image de marque aux électeurs et aux médias nationaux et étrangers. En somme, la démocratie et l’élection exigent des moyens financiers.
 
La difficulté majeure des chefs de partis, responsables de coalitions de partis politiques et de mouvements socio-culturels souteneurs est naturellement la mobilisation des moyens financiers et logistiques. Le financement d’une campagne électorale nécessite  un exercice insoupçonné par les citoyens démocrates.
 
Il faut nécessairement faire appel à l’expertise dans le domaine de la stratégie politique, du marketing des images et des produits à vendre. C’’est le sérieux de l’engagement, la pertinence du projet de société, les chances de réussite et le carnet d’adresse  étoffé ou maigre qui conduisent ou non à  la principale porte d’entrée des  milieux de la finance.
 
Le chef de parti, candidat virtuel de sa coalition au pouvoir ou dans l’opposition dispose d’un réseau relationnel. C’est ce levier de compétences qui met en branle la machine électorale capable de  faire la différence en matière de capacité de mobilisation des ressources financières et humaines. Celui qui exerce le pouvoir jouit naturellement du privilège de détenir les leviers de  la gouvernance publique.
 
Il se sert à souhait des moyens de l’Etat. Il puise indirectement dans les caisses de la puissance publique. Il a l’accès plus facile aux banques, aux investisseurs privés nationaux et internationaux. Le gouvernant a une longueur d’avance sur ses adversaires. Il semble établi que celui qui gouverne particulièrement en terre africaine plus qu’ailleurs, puise dans les fonds publics, «monte souvent ses propres adversaires en finançant la caution électorale, les campagnes électorales.
 
Pendant que le gouvernant est assurément au moins de pouvoir financer sa campagne et celle de ses probables alliés jouant le jeu du brouillage du jeu et des pistes politiques, les chefs de partis se réclamant de l’opposition peinent généralement à mobiliser les moyens financiers et humains.
 
 Ceux qui ont déjà exercé le pouvoir politique s’en sortent le mieux dans les rangs des opposants. Ils disposent eux aussi des réseaux dormants  capables de mobiliser des fonds en fonction de  l’importance de l’élection et des enjeux électoraux.
 
La présidentielle est souvent l’occasion des grandes transactions financières entre les chefs de parti et les réseaux de la finance internationale. L’élection peut être compromise, si le gagnant issu des rangs de la majorité sortante ou de l’opposition a noué des contrats avec des sources de financement exigeant des contre parties, des faveurs et des privilèges sur le dos du peuple, le seul souverain en démocratie. C’est le cas souvent avec les grands du monde des affaires.
 
Le gagnant Président est contraint d’accepter le retour de l’ascenseur. Il doit accorder des facilités à ses partenaires techniques et financiers en échange des fonds levés et mis à son service avant, pendant et après la campagne.
 
La gravité des accords occultes peuvent secréter la perte de  la souveraineté politique et économique du pays. Le pouvoir sortant tout comme le pouvoir entrant, peuvent  être soumis à ce type de marchandage  capable d’hypothéquer ou de vendanger les intérêts d’une nation pour des jouissances personnelles ou de groupes.
 
 
 
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