PARIS (Reuters) - Une campagne au point mort, une opinion entre doute et colère, une candidate d'extrême droite au plus haut dans les intentions de vote : la situation politique française, qui place Marine Le Pen aux portes du pouvoir, inquiète l'Elysée et le gouvernement.
Loin de se réjouir des déboires de François Fillon, empêtré dans une affaire d'emplois présumés fictifs de membres de sa famille, la majorité se dit consternée par le paysage offert à un mois de la date limite de dépôt des candidatures, le 17 mars, et à neuf semaines du premier tour de scrutin, le 23 avril.
"La situation actuelle est incroyable", résume une ministre. "On a rarement été dans une telle situation, avec autant de désordre, une incertitude maximale. Tout est possible".
Sous entendu : y compris l'entrée à l'Elysée de la fille de Jean-Marie Le Pen, co-fondateur du Front national, qualifié pour le second tour de l'élection présidentielle en 2002.
Environ un quart des Français se disent prêts à voter pour elle au premier tour, selon les sondages d'opinion.
Bien que ces mêmes enquêtes la donnent tous perdante au second, quel que soit son adversaire, l'hypothèse de sa victoire est désormais ouvertement envisagée au sommet du pouvoir.
"Ce n'est pas à exclure, dès lors qu'elle obtient depuis longtemps des scores de second tour qui dépassent 40% et que le triple contexte du chômage persistant, de l'insécurité et des affaires sont favorables à sa dynamique", analyse François Miquet-Marty, de l'institut de sondages Viavoice.
"TAPIE COMME UN GROS CHAT"
Candidat investi par le Parti socialiste, Benoît Hamon, en fait une affaire personnelle.
"Si Marine Le Pen remporte la présidentielle (...) c'est le nom de mon grand-père, de mes enfants, qui sera synonyme de ce naufrage historique", déclare-t-il dans un entretien paru cette semaine dans les Inrockuptibles. "Je suis parfaitement lucide sur la gravité du moment. Il n'y a pas une nuit qui passe sans que j'y pense".
Du côté de la majorité, on se montre alarmiste. "Il y a un vrai risque qu'elle devienne présidente de la République", a déclaré mercredi sur Radio Classique le président du groupe PS au Sénat, Didier Guillaume.
e gouvernement de Bernard Cazeneuve ne se montre pas moins inquiet. "On n'est pas à l'abri d'un accident", souffle une ministre.
L'un de ses collègues décrit une Marine Le Pen qui "n'a jamais été dans une situation aussi favorable, aussi près de la victoire".
"Tapie comme un gros chat, elle n'a même pas besoin de faire campagne", résume-t-il. Un proche de François Hollande se désole de la vacuité d'une campagne "qui n'a pas encore commencé".
"Je ne vois de dynamique forte derrière personne, sauf Marine le Pen", dit-il. "En 2012 à cette période, François Hollande avait prononcé son discours programmatique du Bourget et Nicolas Sarkozy avait aussi lancé ses premiers grands meetings."
"Mais une élection, ce n'est jamais perdu. Jusqu'au bout on peut se retirer, se rassembler, proposer", ajoute-t-il, comme pour se rassurer.
S'il a renoncé à briguer un second mandat, François Hollande n'en reste pas moins conscient de la portée historique du moment, dans un contexte international crispé par la montée des populismes.
"COLLEUR D'AFFICHES"
Entre deux rendez-vous internationaux, le président multiplie les déplacements de terrain, de Moulins (Allier) à Rennes (Ille-et-Vilaine), où il sera jeudi, en passant par Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), où il a délivré un message aux quartiers populaires troublés par les manifestations contre les violences policières.
Une démarche qu'aucun candidat à l'Elysée n'a entreprise pour l'instant, malgré une dizaine de jours de violences quotidiennes en banlieue parisienne.
S'il met régulièrement en garde contre le danger du nationalisme, le chef de l'Etat se garde bien de soutenir un quelconque prétendant à sa succession.
Ni Benoît Hamon, ex-élu "frondeur", qu'il a reçu après sa victoire à la primaire. Ni Emmanuel Macron, son ancien ministre lancé dans la course sur une ligne "ni de droite ni de gauche".
"Il est important que le président n'apparaisse pas comme le colleur d'affiches d'un candidat", explique un proche de François Hollande. "Pour l'instant, s'il dit quelque chose, c'est au peuple français, en tant que président élu".
"Il n'a pas intérêt à s'exprimer trop tôt, sinon Marine Le Pen aura vite fait de le qualifier de directeur de campagne ou de porte-parole d'untel ou untel", ajoute cet ami.
Tout faire pour barrer la route à l'extrême droite figure dans les projets du chef de l'Etat, qui choisira avec soin le moment de sortir du bois.
Selon ce même proche, François Hollande devra, pour ce faire, attendre "le moment où les Français auront pris conscience que c'est possible [une victoire de Marine le Pen], ce qu'ils n'ont pas encore fait".
Loin de se réjouir des déboires de François Fillon, empêtré dans une affaire d'emplois présumés fictifs de membres de sa famille, la majorité se dit consternée par le paysage offert à un mois de la date limite de dépôt des candidatures, le 17 mars, et à neuf semaines du premier tour de scrutin, le 23 avril.
"La situation actuelle est incroyable", résume une ministre. "On a rarement été dans une telle situation, avec autant de désordre, une incertitude maximale. Tout est possible".
Sous entendu : y compris l'entrée à l'Elysée de la fille de Jean-Marie Le Pen, co-fondateur du Front national, qualifié pour le second tour de l'élection présidentielle en 2002.
Environ un quart des Français se disent prêts à voter pour elle au premier tour, selon les sondages d'opinion.
Bien que ces mêmes enquêtes la donnent tous perdante au second, quel que soit son adversaire, l'hypothèse de sa victoire est désormais ouvertement envisagée au sommet du pouvoir.
"Ce n'est pas à exclure, dès lors qu'elle obtient depuis longtemps des scores de second tour qui dépassent 40% et que le triple contexte du chômage persistant, de l'insécurité et des affaires sont favorables à sa dynamique", analyse François Miquet-Marty, de l'institut de sondages Viavoice.
"TAPIE COMME UN GROS CHAT"
Candidat investi par le Parti socialiste, Benoît Hamon, en fait une affaire personnelle.
"Si Marine Le Pen remporte la présidentielle (...) c'est le nom de mon grand-père, de mes enfants, qui sera synonyme de ce naufrage historique", déclare-t-il dans un entretien paru cette semaine dans les Inrockuptibles. "Je suis parfaitement lucide sur la gravité du moment. Il n'y a pas une nuit qui passe sans que j'y pense".
Du côté de la majorité, on se montre alarmiste. "Il y a un vrai risque qu'elle devienne présidente de la République", a déclaré mercredi sur Radio Classique le président du groupe PS au Sénat, Didier Guillaume.
e gouvernement de Bernard Cazeneuve ne se montre pas moins inquiet. "On n'est pas à l'abri d'un accident", souffle une ministre.
L'un de ses collègues décrit une Marine Le Pen qui "n'a jamais été dans une situation aussi favorable, aussi près de la victoire".
"Tapie comme un gros chat, elle n'a même pas besoin de faire campagne", résume-t-il. Un proche de François Hollande se désole de la vacuité d'une campagne "qui n'a pas encore commencé".
"Je ne vois de dynamique forte derrière personne, sauf Marine le Pen", dit-il. "En 2012 à cette période, François Hollande avait prononcé son discours programmatique du Bourget et Nicolas Sarkozy avait aussi lancé ses premiers grands meetings."
"Mais une élection, ce n'est jamais perdu. Jusqu'au bout on peut se retirer, se rassembler, proposer", ajoute-t-il, comme pour se rassurer.
S'il a renoncé à briguer un second mandat, François Hollande n'en reste pas moins conscient de la portée historique du moment, dans un contexte international crispé par la montée des populismes.
"COLLEUR D'AFFICHES"
Entre deux rendez-vous internationaux, le président multiplie les déplacements de terrain, de Moulins (Allier) à Rennes (Ille-et-Vilaine), où il sera jeudi, en passant par Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), où il a délivré un message aux quartiers populaires troublés par les manifestations contre les violences policières.
Une démarche qu'aucun candidat à l'Elysée n'a entreprise pour l'instant, malgré une dizaine de jours de violences quotidiennes en banlieue parisienne.
S'il met régulièrement en garde contre le danger du nationalisme, le chef de l'Etat se garde bien de soutenir un quelconque prétendant à sa succession.
Ni Benoît Hamon, ex-élu "frondeur", qu'il a reçu après sa victoire à la primaire. Ni Emmanuel Macron, son ancien ministre lancé dans la course sur une ligne "ni de droite ni de gauche".
"Il est important que le président n'apparaisse pas comme le colleur d'affiches d'un candidat", explique un proche de François Hollande. "Pour l'instant, s'il dit quelque chose, c'est au peuple français, en tant que président élu".
"Il n'a pas intérêt à s'exprimer trop tôt, sinon Marine Le Pen aura vite fait de le qualifier de directeur de campagne ou de porte-parole d'untel ou untel", ajoute cet ami.
Tout faire pour barrer la route à l'extrême droite figure dans les projets du chef de l'Etat, qui choisira avec soin le moment de sortir du bois.
Selon ce même proche, François Hollande devra, pour ce faire, attendre "le moment où les Français auront pris conscience que c'est possible [une victoire de Marine le Pen], ce qu'ils n'ont pas encore fait".