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La prestigieuse Normale Sup' occupée par des opposants à la loi sur l'université

Jeudi 3 Mai 2018

Paris - Normale Sup', l'une des écoles les plus prestigieuses et les plus sélectives de l'enseignement supérieur français située à Paris, était fermée jeudi après une nuit d'occupation par des opposants aux nouvelles modalités d'accès à l'université, facteurs selon eux de sélection.

Cette occupation intervient alors que le mouvement de contestation des étudiants contre la réforme promue par le président Emmanuel Macron semblait marquer le pas en cette période d'examens dont le déroulement a parfois été perturbé.

Quatre universités sur 73 sont toujours bloquées ainsi que quelques sites d'autres établissements, notamment à Toulouse (sud-ouest) où les étudiants ont voté jeudi la poursuite du blocage de l'université Jean-Jaurès.

Au plus fort du mouvement, on comptait une quinzaine de sites occupés. Dans plusieurs cas, les forces de l'ordre ont dû intervenir pour rétablir l'accès aux amphithéâtres.

Cela a encore été le cas jeudi sur le campus de Lettres et Sciences humaines à Nancy (est). Une trentaine d'étudiants protestataires se sont postés en début d'après-midi devant l'amphithéâtre où devait se dérouler un examen d'anglais et "les forces de l'ordre sont intervenues" vers 14H45 (12H45 GMT), a expliqué à l'AFP le directeur de la communication de l'Université de Lorraine, David Diné.

Des bousculades se sont produites quand les forces de l'ordre ont essayé d'évacuer des étudiants assis par terre. Au moins cinq d'entre eux ont été menottés et emmenés à l'extérieur du campus, selon une journaliste de l'AFP.

A Strasbourg (est), environ 700 étudiants strasbourgeois ont été empêchés de participer jeudi à une épreuve de langues étrangères par un groupe d'étudiants bloqueurs opposés à la loi "Orientation et réussite des étudiants" (ORE).

"Quelques personnes qui voulaient entrer ont été menacées. Il n'y a pas eu de violences en tant que telles", a souligné Thibaut Haan, président de l'Association fédérative générale des étudiants de Strasbourg (Afges).

La grogne n'a pas épargné les "fabriques à élites" du pays, comme l'école de Sciences-Po Paris, qui avait été bloquée fin avril.

Jeudi c'était au tour de l'Ecole normale supérieure (ENS), généralement appelée Normale Sup', de garder portes closes. Des étudiants occupants ont expliqué dans un communiqué que l'école, "symbole" du "système de sélection français" est "directement concernée" par la réforme sur l'accès à l'université.

En déplacement dans le centre de la France, le Premier ministre a qualifié d'"assez savoureux" ce mouvement de protestation "quand on sait le caractère extrêmement sélectif de l'Ecole normale supérieure", créé sous la révolution et installée en plein quartier latin, dans le centre de Paris.

Sur son site internet, l'ENS, qui a eu parmi ses étudiants les philosophes Henri Bergson, Jean-Paul Sartre ou encore Michel Foucault, se présente comme une "grande école par son recrutement sélectif".

La direction de l'ENS a expliqué que la situation s'était envenimée mercredi en fin d'après-midi après un colloque organisé à l'ENS ayant rassemblé près de 800 participants, "très majoritairement des personnes extérieures". A l'issue du colloque, "quelques centaines de personnes ont refusé de quitter l'école", envahissant "une bonne partie des locaux historiques", a-t-elle précisé.

La direction a également regretté que des dégâts importants aient été commis: "tags", notamment sur le monument aux morts, "destruction d'équipements de sécurité, salles de cours forcées et squattées".

"Certains occupants sont restés toute la nuit sur les lieux et occupent encore actuellement les locaux", a souligné la direction, qui a suspendu toutes les activités sur le site et indique avoir "mis en place un dialogue avec certains occupants".
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