J’ai assisté le samedi 19 janvier à l’avant-première au cinéma Pathé de la série « Plan à 3 ». Cette série, choquante à plusieurs égards, heurte de plein fouet les valeurs fondamentales africaines et religieuses de notre société. Elle constitue une illustration supplémentaire du softpower déployé dans notre pays, dans notre continent, avec le soutien d’Occidentaux en mal de domination culturelle.
Parlons d'abord du contenu de cette série puis de ceux qui la produisent.
Le scenario de la série
Le titre, pour commencer, à connotation explicitement sexuelle. Un « plan à trois » renvoie à une pratique des relations intimes collectives (au-delà de deux partenaires) et, plus largement, celle de la « partouse », pratique de débauche caractérisée par tous les excès. Le plan à trois apparaît en filigrane du dernier plan du générique : derrière un léger voilage qui laisse deviner un moment d’intimité, une des protagonistes invite ses deux amis à la rejoindre de manière suggestive.
Sur le fond, c’est l’histoire de trois amis (un homme, deux femmes) qui se retrouvent à Dakar. Le premier épisode de la série s’ouvre sur les retrouvailles de l’une d’elle, Anna, qui, fraîchement débarquée de France, est accueillie par son petit ami (un 4e personnage). Le couple se rend à l’appartement du second protagoniste féminin, Yakhi, et, après des préliminaires dans le couloir, se rend dans la chambre à coucher. On perçoit derrière la porte les bruits de l’échange intime, suivi d’un plan où le couple est couché dans le lit, sous la couverture, le haut du corps dénudé, et manifestement, venant d’achever l’acte sexuel ; la scène se déroule dans une ambiance de rires et de légèreté tant dans les tenues vestimentaires que dans les propos. En somme, une promotion des relations intimes hors mariage.
Dans une scène ultérieure impliquant le même couple au restaurant, le petit ami demande la main d’Anna dans une scène pleine de romantisme avec musique, bague et bouquet de fleurs. On lit cependant sur le visage décomposé de la jeune femme qu’elle ne souhaite pas cette union mais son petit ami interprète mal son silence et lui passe la bague au doigt. Le personnage féminin mène donc une relation amoureuse incluant une sexualité avec un homme qu’elle n’a pas l’intention d’épouser... une relation « juste pour le plaisir. » Le second message délivré dans ce premier épisode est porteur d’une désacralisation du corps avec l’injonction de suivre sans limite ses envies et son plaisir mais aussi d’une désacralisation de l’institution du mariage qui est dévalorisée.
Le dernier aspect choquant apparaît à travers la relation incestuelle entretenue entre les trois personnages principaux. Au-delà de l’amitié qui semble les lier et face aux doutes de son entourage, Ousseynou répète à plusieurs reprises dans ce premier épisode que Anna et Yakhi sont ses sœurs. Nous savons pourtant qu’une union et un « plan à trois » sont envisagés entre eux dans le scenario... Une promotion implicite de l’inceste.
Les producteurs de la série
Pour comprendre les raisons des contre-valeurs promues dans cette série, il faut savoir qui en sont les producteurs. Celle-ci est produite par Kalista Production et, surtout, par Polaris Asso. Polaris Asso est une association internationale, basée à Dakar (Sacré Cœur), qui, d’après son site Internet, « utilise le numérique comme point d’ancrage et prétexte pour travailler sur les défis de la jeunesse. » Parmi ses partenaires, on trouve notamment l’ambassade de France au Mali, la Confédération suisse, Luxembourg Aid&Development, l’ambassade de France au Sénégal (celle-ci a d’ailleurs été publiquement remerciée après la projection dans la salle de cinéma). Plusieurs responsables européens de Polaris Asso ont assisté à la projection.
Personne n’ignore les difficultés financières et matérielles que connaissent au Sénégal les professionnels de la production cinématographique ou documentaire pour financer leurs projets. Et c’est dans cette faille que s’engouffrent ceux qui entendent maintenir et perpétrer une domination culturelle occidentale sur l’Afrique, la culture était un puissant vecteur de softpower colonialiste. L’influence culturelle est le cheval de Troie d’un impérialisme masqué et un agent pernicieux de destruction de notre identité et des valeurs qui la fondent et la structurent. Y a-t-il un moyen plus efficace pour détruire une civilisation que de corrompre et pervertir sa jeunesse par le biais de divertissements facilement accessibles ? Notre devoir est de lutter contre cette entreprise de destruction.
La conquête de notre souveraineté culturelle passe, d’une part, par le filtrage de ce qui est donné à voir à nos populations, notamment à nos jeunes, et, d’autre part, par la promotion d’une véritable politique culturelle, soutenue par un ministère de la culture qui fournira les moyens de la préservation de nos valeurs et de notre patrimoine fièrement africains.
Fatimata Ndiaye