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Le Pen mène sa campagne à l'épreuve du doute

Vendredi 17 Mars 2017

Le Pen mène sa campagne à l'épreuve du doute
PARIS (Reuters) - Le Front national vit une période paradoxale, rythmée par une série de nouvelles apparemment désastreuses qui n'ont cependant aucun effet sur la dynamique de campagne de Marine Le Pen, à quelques semaines du premier tour de la présidentielle.
 
"Nous sommes un roc dans cette campagne, un repère", s'est félicitée cette semaine la présidente du parti d'extrême droite lors d'un meeting à Saint-Raphaël, dans le Var.
 
Ces derniers jours, plusieurs ouvrages et des reportages télévisés ont pourtant mis en lumière les ennuis judiciaires du FN, un cadre local a été suspendu pour avoir tenu des propos révisionnistes, et l'allié Geert Wilders n'a pas remporté son pari aux législatives néerlandaises.
 
Mais, dans le même temps, la courbe de Marine Le Pen, à qui les sondages prêtent de 25% à près de 30% des intentions de vote, n'a jamais fléchi.
 
"On s'en tient à notre agenda", dit-on dans l'entourage de la présidente frontiste, qui tiendra samedi un meeting à Metz, puis un autre le dimanche 26 mars au Zénith de Lille et participera entre-temps au débat à cinq, lundi, sur TF1.
 
Cette campagne que rien ne semble devoir perturber contraste avec celle de François Fillon, secoué par une tempête sans fin déclenchée par des révélations sur les emplois occupés par des membres de sa famille et son train de vie.
 
La rhétorique des deux concurrents emprunte au même registre, celui de la dénonciation des médias et d'une justice qui serait instrumentalisée.
 
"Il y a des moments où on a le sentiment que Marine Le Pen est la cible principale, qui est attaquée en toute circonstance par un système coalisé", a jugé vendredi le secrétaire général du FN, Nicolas Bay, sur franceinfo.
 
"ÇA PEUT NOUS FAIRE GAGNER"
"Quand on a comme ça 14 livres contre Marine Le Pen en deux mois, cinq reportages télévisés en 15 jours, un film financé d'ailleurs en partie par l'argent public ("Chez nous"-NDLR), tout ça exclusivement à charge, évidemment que les médias ne peuvent pas ensuite dire 'on est indépendant'", a-t-il ajouté.
 
Et de conclure : "Je pense que ça peut nous faire gagner."
 
Il réagissait notamment à la diffusion d'un reportage de l'émission Envoyé spécial, jeudi soir sur France 2, insistant sur le passé trouble de proches de Marine Le Pen et sur les affaires judiciaires, en particulier celle portant sur des emplois présumés fictifs au Parlement européen.
Cette enquête a valu à Marine Le Pen une convocation par les juges le 10 mars en vue d'une possible mise en examen - un rendez-vous auquel elle a refusé de se rendre.
 
Un autre reportage, que la chaîne C8 a diffusé mercredi, a conduit à la suspension d'un cadre frontiste des Alpes-Maritimes, filmé en caméra caché mettant en doute l'ampleur des massacres commis durant la Shoah.
 
Un incident malvenu pour le FN qui s'efforce, depuis l'arrivée à sa tête de Marine Le Pen en 2011, de se débarrasser de l'image de parti sulfureux hérité de l'ère Jean-Marie Le Pen.
 
Toutes ces péripéties n'ont en rien entamé le socle électoral de Marine Le Pen en vue du premier tour, le plus solide parmi les candidats en lice.
 
Selon un sondage Ipsos SopraSteria pour Le Monde et le Cevipof publié vendredi, plus de trois quarts de ses électeurs (78 %) assurent que leur choix est définitif.
 
La candidate frontiste peut donc s'appuyer sur un noyau de 21,1% d'intentions de vote parmi les personnes se disant certaines de leur choix, soit près de huit et dix points de plus qu'Emmanuel Macron et François Fillon.
 
"L'explication est simple : les affaires sont perçues par ses électeurs comme secondaires par rapport à leur objectif, qui est d'éliminer les partis au pouvoir depuis 1981", analyse le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite.
 
"Cela fait trente ans que, à intervalle régulier, des dossiers du même genre apparaissent et ils n'ont jamais fait faiblir le FN", poursuit-il.
 
"La particularité des affaires judiciaires qui touchent Marine Le Pen et le Front national fait qu'elles ne constituent pas des enrichissements personnels, alors que François Fillon, c'est sa famille qui est directement concernée", expliquait fin février Cécile Alduy, chercheur associé au Cevipof
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