Officier dans l’ordre national de la Légion d’honneur. C’est le grade auquel le Général de brigade Souleymane Kandé, ci-devant chef d’état-major de l’armée de Terre sénégalaise (Cemat), a été élevé par le président Emmanuel Macron en « témoignage de reconnaissance de la République française » et pour récompenser son « rôle fondamental dans l’excellente coopération entre nos deux armées de Terre, illustrant la confiance et les liens qui unissent nos deux pays. »
Dans un courrier adressé en date du 7 juin 2024, le Général d’armée Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre française, salue le « leadership » et l’« action » de son ex-homologue sénégalais comme étant « des atouts précieux pour renforcer davantage une relation privilégiée et historique » entre les deux institutions militaires.
La Légion d’honneur offerte à l’ancien Cemat survient après son limogeage et son remplacement par le Général de brigade Maguette Ndiaye.
Militaire proche de l’ancien président Macky Sall, le Général Kandé était également le coordinateur des Forces spéciales sénégalaises. Il vient d’être au coeur d’une vraie fausse affaire dans laquelle il n’est jamais « apparu » pourtant. Sa « nomination » comme attaché militaire auprès de l’ambassade du Sénégal à New Delhi, un poste qu’il aurait rejeté, n’a jamais été confirmée ni documentée.
Dans ce contexte, l’attribution de la Légion d’honneur française au Général Kandé pourrait être vue depuis Dakar comme un acte non amical envers un partenaire aussi historique que le Sénégal. Elle survient dans une période de méfiance plus ou moins aiguë entre les deux pays suite au renversement démocratique du très francophile Macky Sall, allié inconditionnel de Paris. Le rabibochage des relations bilatérales a été entamé le 20 juin 2024 avec le déjeuner organisé à l’Élysée entre Emmanuel Macron et Bassirou Diomaye Faye.
Même si la France a pris l’habitude de décorer de la Légion d’honneur des personnalités sénégalaises qui ne lui sont pas hostiles, ce geste envers un haut gradé de l’armée nationale limogé par la plus autorité politique du pays pourrait ne pas faciliter la relance de la confiance et du partenariat envisagé après le tête à tête de l’Élysée. Pour certains, le Général Souleymane Kandé ne tarderait pas à être considéré comme une cinquième colonne hexagonale au coeur de l’armée sénégalaise. [IMPACT.SN]