La Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) et le parquet du Pool judiciaire financier (PJF) sont sur la piste d’opérations de blanchiment de capitaux d’un montant provisoire de 125 milliards de francs CFA. Selon El hadj Alioune Abdoulaye Sylla, procureur du PJF dans un communiqué du 12 janvier 2025, des « mécanismes sophistiqués » ont été mis en exécution par « plusieurs personnes » dans le cadre de « transactions suspectes » à travers des « sociétés écrans ». Une information judiciaire devrait être ouverte par le parquet financier à l’effet de comprendre le modus operandi utilisé mis en oeuvre dans les mécanismes évoqués.
Pour les personnes qui seraient impliquées dans ces activités criminelles, les chefs d’accusation provisoires sont déjà ficelés : association de malfaiteurs, blanchiment de capitaux, escroquerie portant sur les deniers publics, corruption, trafic d’influence, abus de biens sociaux. Des éléments à charge qui pourraient évoluer avec la suite des investigations du parquet judiciaire financier.
Les indications contenues dans le communiqué soulignent que ces « transactions suspectes » effectuées sous des « mécanismes sophistiqués » ne concernent qu’un seul rapport parmi plusieurs autres « qui sont en cours de traitement » et pour lesquels la Centif a saisi le PJF.
L’usage des mots « sociétés écrans » indique par ailleurs que les opérations présumées de blanchiment de capitaux pourraient concerner des sociétés onshore au Sénégal avec des ramifications au sein de juridictions offshore, notamment dans des paradis fiscaux.
Longtemps souhaité et attendu par les acteurs de la transparence et de la reddition des comptes dans les affaires publiques, le Pool judiciaire financier est désormais entré dans sa phase active le 17 septembre 2024 lors de son installation par le ministre de la Justice, Ousmane Diagne.
Selon le Garde des Sceaux, sa mise en place « est une réponse aux nombreux défis posés par l’exigence citoyenne de redevabilité, la mondialisation de l’économie, les flux rapides de capitaux, le développement des technologies de l’information et de la communication, ainsi que les multiples réseaux criminels qui ne connaissent pas de frontière et ne sauraient donc être démantelés que par des mécanismes judiciaires adaptés. »
Composé de 27 membres, le Pool judiciaire financier est dirigé par El Hadji Alioune Abdoulaye Sylla, procureur de la République financier. Abdoulaye Diouf en est le procureur financier adjoint tandis que Ibrahima Faye et Harouna Sow en sont les deux substituts.
La Cellule nationale de traitement des informations financières est, pour sa part, un organe de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme disposant de moyens d’investigations étendues grâce au « pouvoir de décision autonome » et à « l’autonomie financière » que lui confère la loi. Elle comprend 6 membres, son président est Mouhamadou Bamba Siby, inspecteur des Impôts et Domaines, nommé en septembre 2024 en conseil des ministres. [IMPACT.SN]