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Le tout n’est pas de guillotiner Khalifa Sall, faites gaffe à nos deniers !

Mardi 5 Décembre 2017

Le tout n’est pas de guillotiner Khalifa Sall, faites gaffe à nos deniers !
Par Momar DIONGUE (*)
 
Rien n’y fait. Ni la déclaration de patrimoine à laquelle sont assujettis certains responsables en charge des affaires publiques, ni la traque des biens mal acquis. Encore moins la reddition des comptes prônée par l’autorité politique. Notre classe dirigeante a décidément des rapports délicats avec l’argent.
 
La gestion de la fameuse caisse d’avance de la Mairie de Dakar n’a pas encore révélé tous ses secrets qu’un fantasque député se fait prendre récemment à l’aéroport de Roissy par la douane française pour non-déclaration de devises d’un montant de plus de 25 millions Cfa, largement supérieur au seuil autorisé au transfert (6,5 millions Cfa).
 
Ancien ministre des Affaires étrangères et candidat malheureux à la dernière présidentielle, Cheikh Tidiane Gadio est empêtré dans une affaire de corruption aux Etats-Unis. Alors que Lamine Diack, icône du sport sénégalais et ancien président de l’instance dirigeante de l’athlétisme mondial se débat, en compagnie de son fils Massata, dans une affaire de corruption liée à l’attribution des JO 2016. Pour couronner le tout, le convoyeur d’une cargaison de faux médicaments d’une valeur d’un milliard 300 millions Cfa, a cru pouvoir passer entre les mailles du filet de la justice grâce à ses relations maraboutiques et politiques proches du pouvoir.
 
Toutes ces affaires ont fait hélas le tour du monde et donnent du Sénégal l’image d’un pays dont la classe dirigeante a une attirance pour l’argent facile. Il est vrai qu’entre la rhétorique sur la bonne gouvernance et la réalité des faits, il y a bien un fossé. Sous prétexte de veiller à la gestion «sobre et vertueuse» des deniers publics, Macky Sall a fait fouiller par l’Ige la caisse d’avance du Maire socialiste de Dakar pour en débusquer les cafards qui lui valent son emprisonnement. Et pourtant, Khalifa Sall aurait bien pu se permettre tous les excès avec les sous de sa mairie s’il était en phase avec Macky Sall. Si l’envie de contrarier, voire d’hypothéquer sa réélection, ne lui avait pas traversé l’esprit.
 
Combien sont-ils les responsables de la mouvance présidentielle à avoir trempé la main dans le cambouis ? Les exemples sont à foison. Outre le Maire socialiste de Dakar, l’Ige avait aussi épinglé les édiles de Guédiawaye, Aliou Sall, de Pikine , Abdoulaye Timbo et de Saint-Louis, Mansour Faye.
 
L’Ofnac et l’Armp ont aussi indexé le Directeur du Coud, Cheikh Oumar Hann, Ciré Dia de La Poste,  Moussa Diop de Dakar Dem Dik, Khaly Niang de l’ASP, Mary Teuw Niane sur 17 DRP non conformes à la légalité, Khassimou Wone, l’ancien patron de l’ADIE sur la gestion de 9,5 milliards et Mamour Diallo pour la gestion pillarde du foncier Bertin de Rufisque. Mais qui, devenu militant l’Apr, a vite été bombardé directeur des Domaines et envoyé sur le front politique à Louga.
 
Ancien ministre de l’Intérieur, Mbaye Ndiaye y a battu le record des marchés de gré-à-gré avec pas moins de avec 51 dossiers passés sans avoir jamais été communiqués. Abdoulaye Bibi Baldé, alors ministre de l’Environnement, a été pris lui aussi avec une série de surfacturations frauduleuses sur les travaux de la piste Niokolo Koba – Wouroli. De même que l’Armp a eu à démasquer le Dircab de Macky Sall, Oumar Youm pour fractionnement de marchés, entre autres infractions, à l’époque où il était en charge de l’Aménagement du territoire. Les rapports jumelés 2013-2014 de l’Armp avaient aussi épinglé Serigne Mbaye Thiam du PS pour avoir confié un marché de restauration de 15 millions à une entreprise évoluant dans le bâtiment.
 
Leurs dossiers ont tous été déposés sur le bureau du procureur sans que cela ne tire à conséquence. Aux journalistes qui étaient curieux de savoir le sort qui leur serait réservé après celui du maire de Dakar, le procureur de la République avait servi comme réponse cette métaphore qui en disait long sur la mansuétude dont allaient bénéficier tous ces proches du président de la République. «Rassurez-vous, c’est comme du mauvais camembert ; il y a plus de trous que de fromage». 
 
Hélas, la suite est venue confirmer ce que l’on craignait après cette sortie du procureur. On n’a pas touché à un seul de leurs cheveux. Alors que Khalifa Sall, le pauvre, va devoir boire le calice jusqu’à la lie pour avoir affiché son envie de s’engager dans la course à la présidentielle. CQFD : qu’importe que l’on s’autorise tous les excès avec les deniers publics pourvu que l’on travaille à la réélection du Président. Mais attention ! La roue tourne. Et l’on n’est jamais assez à l’abri d’une reddition des comptes.
(*) Journaliste, consultant

 
 
 
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1.Posté par Me François JURAIN le 13/12/2017 12:19
Je pense que tout cela se résume en un seul mot, celui que l'on entend, au SENEGAL, dix fois par jours, dans toutes les bouches, sur toutes les lèvres:DEMOCRATIE.
Tout le monde en parle, mais en fait, personne c'est ce que cela veut dire, alors même que pour pouvoir s'arroger le terme de DEMOCRATIE, il faut répondre à trois conditions, universelles, indiscutables, indissociables: soit vous en êtes, soit vous en êtes pas. Ces trois conditions sont universelles, et concernent tous les pays du monde entier, du plus petit au plus grand.
Pour être un pays DEMOCRATIQUE, il faut:
1°) liberté d’expression totale, liberté d'expression, expression d'une opposition liberté de la presse, même lorsque les idées exprimées peuvent être jugées irrévérencieuse;
Le SENEGAL passe juste la barre, mais la passe. Il y a bien ca et là quelques entorses à cette liberté, cette libre circulation des hommes et des idées, Mais bon, avec indulgence, c'est OK, on dira: peut mieux faire...
2°) Etre un état de droit, c'est à dire avoir des institutions judiciaires solides, des textes de lois fiables, des magistrats compétents et soucieux d'appliquer la loi.
Je dois dire que pour cette première condition, le SENEGAL remplit son rôle. Les textes existent, clairs et précis (plus qu'en FRANCE, par exemple, où souvent les textes sont incompréhensibles) les magistrats bien formés et compétents, la constitution est là. Pas de problème: on peut dire que le SENEGAL est un état de droit.
3°)Stricte séparation de l'éxécutif et du législatif.
Sans commentaire! (enfin...voir plus loin!)
L'europe elle même n'est pas épargnée par les dérives populistes ou extrèmistes, par exemple la POLOGNE, la HONGRIE, la BULGARIE, de par leurs agissements, leurs entraves à la liberté de la presse, la main mise des gouvernants sur la justice, ont amené les autres pays européens à se pencher sur la question, et obligé tous les autres gouvernants démocratiques, c'est à dire des pays qui répondent aux trois critères internationaux, à inventer une nouvelle appellation, afin de se distinguer des autres pays qui se permettent de faire une interprétation quelque peu douteuse de la DEMOCRATIE.
Cette nouvelle appellation, qui désormais est universelle, est le mot DEMOCRATURE, entré dans le langage universel, qui désigne un pays "presque" démocratique, mais qui ne remplit pas les trois conditions qui, comme susdit, sont indivisibles.
Alors, qu'en est il du SENEGAL? il ne m'appartient pas de juger. Mais je constate que, simplement, on peut peut être se poser la question, en ce qui concerne la séparation de l'éxécutif et du législatif.
La sanction de l'ancienne présidente de l'OFNAC fut le premier signal d'alarme. Cette magistrate, qui avait accomplit un travail remarquable, fut sanctionnée, limogée, congédiée, car son seul tort avait été de croire au discours présidentiel du 04 avril 2012, prononcé place de l'indépendance par Mr le Président de la République, et n'avait pas compris qu'il fallait sélectionner les dossiers, et en aucun cas s'intéresser aux dossiers des membres de l'APR, et encore moins à ceux qui concernent les personnalités qui gravitent autour du pouvoir, ce que du temps des rois, on appelait "la cour".
Le deuxième signal fut l'affaire Karim WADE. Quoi que l'on puisse en dire ou en penser, ce Monsieur a été jugé, et condamné. Dès lors qu'il est condamné, il est coupable, et coupable de fait éminemment grâves, puisqu'il s'agit de détournement de deniers publics, c'est à dire d'avoir détourné, à son profit personnel, l'argent qui, normalement, aurait dû revenir au peuple sénégalais pour assurer une meilleure (une moins mauvaise serait plus approprié) qualité de vie. Le Président de la République, père de la nation, soucieux jusqu'au bout des ongles du bien être de son peuple, enfin, en tout cas, c'est comme cela que l'on doit concevoir les choses, ne peut, ne doit avoir aucune clémence envers ces gens là, car il ne peut disposer de l'argent du peuple tout entier, il ne doit en être que le gestionnaire honnête et rigoureux.
Que se passe t il? Au nom de quelques basses stratégie politiques et surtout politiciennes, on va libérer ce Monsieur, alors qu'il n'a pas purgé sa peine, et pire encore, alors que l'on se devait de récupérer tout l'argent détourné, on va "laisser courir", et pratiquement rien récupérer, gardant cette arme pour la réorganisation d'élections futures.
Le troisième signal, d'actualité puisque le concerné devrait être jugé demain, sauf renvoi qui parait assez probable, l'affaire Khalifa SALL.
J'ignore ce qu'à fait ce Monsieur, puisque jusqu'à preuve du contraire, il bénéficie de la présomption d'innocence. Mais quand même, là, on est en plein paroxysme!
On maintient ce Monsieur en prison, depuis 9 mois: c'est le juge, puis éventuellement la chambre de l'instruction, qui en décide, au vu du dossier, et au vu des faits que seuls, en principe, ils ont connaissance (avec les avocats des deux parties).
A partir de la mise en examen, le parquet, le magistrat instructeur a pratiquement tous les éléments en mains pour décider du mandat de dépôt: celui ci peut être utile, pour lancer des commissions rogatoires qui permettront d'étayer leur dossier, par l'ajout de preuves obtenues aux termes de perquisitions, d'audit de témoins, ou autre, et c'est normal.
Sauf que dans cette affaire, il faut se souvenir quand même que l'inculpé:
- avait été "mis en garde" par le Président lui même que "s'il voulait avoir un avenir politique, il fallait qu'il rejoigne la mouvance présidentielle"
- Que le procureur de la république lui même avait prévenu, lors d'une conférence de presse, que Monsieur Khalifa SALL allait être entendu incessamment sous peu;
- Enfin, que l'intéressé lui même, savait à quoi il s'attendait, puisqu'il l'avait déclaré en se rendant à sa convocation.
Donc, si Monsieur Khalifa SALL avait voulu faire disparaitre des preuves -en supposant que les faits qui lui sont reprochés soient avérés- je pense qu'il aurait largement eu le temps de s'organiser. Mais c'est le juge seul qui décide, et on ne peut contester sa décision.
Mais pourquoi renouveler alors le mandat de dépôt, puisque, dès lors que le mis en examen présente des garanties de représentation (travail, domicile, famille), on peut et on doit, sauf crimes d'une grâvité extrème, le remettre en liberté, en s'assurant que, au vu de ces garanties, il peut être mis "sous main de justice", c'est à dire répondre à toutes les convocations qui lui seront lancées: la confiscation de son passeport à mon avis eut largement suffit, car ce Monsieur étant quand même suffisament connu, s'il avait voulu s'enfuir, à part en sous marin, je vois la tâche compliquée pour lui.... Viendra ensuite la cocasse immunité parlementaire, absolument pas reconnue par Monsieur le Procureur de la République, mais dont ce dernier fera la demande de levée! Je passe sur le cautionnement.
Je n'entend pas ici prendre partie, puisque je ne sais pas ce dont Monsieur Khalifa SALL est coupable, et qui plus est, je n'ai jamais été juge, mais avocat. S'il l'est. Je constate simplement que la procédure pénale a été triturée, tortillée, foulée au pied, du jour de l'incarcération jusqu'à ce jour: Le procès est enrôlé par Monsieur le Procureur de la république lui même (d'après ce que l'on en dit), et ce, quelques jours seulement après le dépôt de son réquisitoire! du jamais vu dans les annales judiciaires: j'espère quand même que avec son réquisitoire, n'était pas joint le jugement, comme certains mauvais esprits le suggèrent! Ses avocats vont bien sur soulever toutes ces nullités, ces fractures (on ne peut plus parler d'entorses) avec le code de Procédure pénal, évidentes et indiscutables, qui certainement comme c'est l'usage, seront jointes au fond. Le seul problème, c'est que, toutes ces nullités de procédure ne peuvent qu'aboutir à une relaxe, si l'on est dans un pays démocratique. S'il y a condamnation, et bien malheureusement, il faudra réviser le vocabulaire et parler de démocrature. Mais ayons confiance, et attendons. Le seul problème, c'est que cette affaire a fait et fera le tour du monde. Quelle image donne t on de notre pays, de ce pays qui, répétons le encore, n'appartient pas à un seul homme, mais à tous les sénégalais. Que peuvent penser les hommes d'affaires qui souhaiteraient venir investir au sénégal, voir de la diaspora qui aurait envie de revenir au pays, ect...
Mais il est très clair que, par de tels agissements, par de telles manœuvres dont, objectivement, on ne peut pas ne pas dire que cette affaire est éminemment politique, et qu'elle est directement pilotée par les plus hautes autorités de l'état, qui semblent craindre et s'affoler à la simple idée qu'il pourrait y avoir un opposant susceptible de se présenter aux prochaines élections, la condition essentielle qui permet de dire que l'on est en démocratie, n'est pas remplie, et que nous sommes en démocrature.
Et c'est dommage, car enfin, tout ne va pas si mal, dans ce beau pays qu'est le SENEGAL. Bien sur, tout n'est pas parfait, mais le sénégal bouge, avance, se réalise, et des choses positives sont à mettre au crédit du Président Macky SALL. Alors, pourquoi agir ainsi, et détruire l'acquit positif, car, n'en doutons point, ce que retiendra l'histoire, c'est plus l'emprisonnement d'opposants politiques, que l'inauguration d'un aéroport qui apparait être splendide (je vais le tester dans quelques jours) et qui est un des signes positifs de l'avancée de ce pays dans le 21° siècle.
Mais un homme politique doit savoir qu'à partir du moment où il est élu, il devient un homme éminemment public, sujet à toutes les critiques, justifiées ou injustifiées, et que la seule façon d'y répondre, c'est par un bilan positif, et indéniablement, le bilan est positif de par ses réalisations. Alors, pourquoi cet affolement au niveau du pouvoir, pourquoi toutes ces compromissions, pourquoi avoir peur d'une prochaine échéance électorale pratiquement acquise, par faute de combattants, puisque l'opposition est incapable de s'organiser et de venir en rang serré à la bataille? Les coups tordus n'ont jamais anobli ceux qui les pratiquent, et la plupart du temps, juste retour des choses, ils trouvent toujours un jour venant, sur leur passage un plus fort qu'eux.
A bon entendeur, salut!
Me François JURAIN

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