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Les Libanais manifestent en masse leur colère contre leurs dirigeants

Vendredi 18 Octobre 2019

BEYROUTH (Reuters) - Des dizaines de milliers de manifestants ont exprimé leur colère vendredi à travers tout le Liban à l'encontre d'une élite politique qu'ils accusent d'avoir pillé l'économie du pays, bloquant des routes, érigeant des barricades de pneus en flammes et n'épargnant aucun camp de leurs critiques.
 
Ces rassemblements dans tout le pays, le plus important mouvement de contestation depuis des années, ont mêlé des Libanais de toutes confessions et classes sociales qui réclamaient à l'unisson la démission du gouvernement du sunnite Saad Hariri, du président chrétien Michel Aoun ou encore du président chiite du Parlement Nabih Berri.
 
Fait sans précédent, des manifestants chiites ont attaqué les permanences de leurs députés du puissant Hezbollah et du mouvement Amal dans le Sud-Liban.
 
Des rassemblements se sont formés aux abords de la résidence de Michel Aoun à Baabda, dans les faubourgs de Beyrouth, et près du Grand Sérail, siège du gouvernement dans la capitale libanaise.
 
"Nous sommes descendus dans la rue parce qu'on ne peut plus supporter cette situation. Ce régime est totalement corrompu", a dit Fadi Issa, un Libanais de 51 ans venu manifester avec son fils. "Ce sont tous des voleurs, ils viennent au gouvernement pour se remplir les poches, pas pour servir le pays."
 
"Nous ne voulons pas seulement leur démission. Nous voulons qu'ils rendent des comptes. Ils devraient rendre tout l'argent qu'ils ont volé. Nous voulons le changement", a-t-il ajouté.
 
TAXE WHATSAPP
 
Cette explosion de colère est le fruit d'un mécontentement croissant face à l'inflation et à la hausse du coût de la vie, aggravé par l'annonce de nouveaux impôts, notamment la création d'une taxe sur les appels passés par l'application WhatsApp.
 
Economistes, investisseurs et agences de notation ont récemment multiplié les avertissements. A leurs yeux, le pays n'a jamais été aussi proche d'un effondrement économique depuis la fin de la guerre en 1990 en raison de son endettement et d'une corruption endémique.
 
La France, qui a accueilli en avril 2018 une conférence sur le sujet, a prôné vendredi "la mise en oeuvre effective des décisions prises" à cette occasion.
 
"Il s’agit de permettre, à travers la mise en place des réformes attendues et le financement des projets identifiés, le rétablissement de l’économie libanaise et la fourniture des services publics par l’Etat, au bénéfice direct de tous les Libanais", déclare le Quai d'Orsay dans un communiqué.
 
Cette contestation, qui a débuté jeudi soir avec des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre dans le centre de Beyrouth, a contraint Saad Hariri à annuler une réunion ministérielle prévue vendredi sur le budget de 2020.
 
Le gouvernement, au sein duquel sont représentées les principales formations du pays, a déjà fait marche arrière sur son projet de taxe sur les appels WhatsApp.
 
Dans une allocution télévisée vendredi, Saad Hariri a accusé ses "partenaires de gouvernement", qu'il n'a pas désignés, de bloquer ses réformes. Il leur a donné 72 heures pour montrer leur volonté de sortir du blocage actuel faute de quoi il adoptera une approche différente, a-t-il menacé.
 
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