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Les confessions du procureur: «je ne déteste pas Khalifa Sall, mais le dossier est sérieux»

Samedi 24 Février 2018

Dans sa dernière tentative de rallier le tribunal à sa cause, le procureur de la république a fait sensation en révélant qu’un magistrat ( ?) présent dans la salle d’audience a connu du dossier de la caisse d’avance de la ville de Dakar avant son jugement. Mais à ses yeux, l’important est ailleurs : c’est un dossier sérieux.


Le «tout puissant» procureur de la République près du tribunal de grande instance de Dakar a été littéralement hué ce vendredi par les partisans du maire de Dakar. Cette scène inhabituelle s'est déroulée aux environs de 11h15 au moment où le juge Malick Lamotte faisait observer une pause de 15 mn pour stopper la passe d'armes entre Me Ousseynou Fall et Serigne Bassirou Guèye justement.
 
Tout est partie d'une déclaration qu'aurait faite ce dernier relativement à la présence dans la salle d'audience numéro 4 du Palais de justice de Dakar d'un magistrat ayant travaillé sur le dossier de la caisse d’avance durant la phase de l'instruction. Le procureur, après avoir formellement démenti avoir tenu de tels propos, n'a hélas pas convaincu le teigneux avocat de la défense. Acculé, Serigne Bassirou Guèye campe sur sa position. (S. Ndong avec M. Dieng)
 
Et comme pour mieux convaincre de sa bonne foi, il soutient même avoir enregistré son speech. Malheureusement, c'est la goute d'eau qui fait déborder le vase au niveau du prétoire. Me Ousseynou Gaye, avocat de la ville de Dakar, entre dans la danse sans y être invité, créant ainsi un dialogue de sourds indescriptible. «Monsieur le président, le procureur vient de dire qu'il a enregistré son réquisitoire. Il n'a pas le droit de le faire. C'est interdit», martèle-t-il.
 
«Je ne déteste pas Khalifa Sall»
Pour éviter un dérapage qui pourrait être préjudiciable à ce stade du procès,  le juge Lamotte, dans son style habituel, exhorte les parties à revenir à la sérénité. "Aidons-nous à bien terminer cette audience. C'est la raison pour laquelle, je vous appelle encore une fois à plus de pondération." Dans la foulée, l'audience a été suspendue avant d'être reprise pour permettre au procureur de poursuivre ses observations et autres répliques.
 
Au cours de sa réplique, Serigne Bassirou Guèye est revenu sur plusieurs points relatifs à son comportement envers les prévenus. Une posture que lui a été reprochée à plusieurs reprises par les avocats de la défense. Par exemple: «je n’ai pas dit que Khalifa Ababacar Sall est un bandit. J’ai dit qu’au niveau de la caisse d’avance, il manque 1,8 milliard de francs Cfa. Et j’ai dit qu’il doit le payer et qu’il doit être condamné. Ça, je le crois et je le dis. Cela ne signifie pas que je le déteste, je ne déteste personne», s’est-il défendu.
 
Dans le même registre, celui que ses détracteurs ont fini de surnommer «le procureur de Macky» n’a pas manqué de répondre au titre d’«inquisiteur» à lui attribué par le député Cheikh Bamba Dièye. «Dire que le procureur de la République est un inquisiteur, c’est très grave pour qui sait ce que ce terme recouvre. Bras armé, comploteur…Tout ce qu’on dit sur moi, on l’accepte. Je ne m’en fâche pas pourtant… »
 
«Ce dossier est sérieux»
Revenant sur les propos qui lui sont attribués, Serigne Bassirou Guèye a tenu à faire la précision. «Pour ma part, a-t-il confessé, il m’était plus facile de rester dans mon bureau et d’envoyer un substitut (ndlr: du procureur). Mais j’ai préféré venir ici-même pour dire que «maa ko waxoon waxaat (ndlr: je l’avais dit, je persiste et je signe). Plusieurs personnes ont travaillé sur ce dossier. Ce n’est pas une affaire de trois magistrats (ndlr: les 3 magistrats du tribunal) et d’un procureur.»
 
Puis il a justifié le procès en ces termes, raide comme d’habitude: «De l’enquête qui a été menée, il a résulté des faits graves. Ce dossier, je l’ai transmis au doyen des juges sans convoquer personne. Le doyen des juges, magistrat indépendant, a été convaincu. A la chambre d’accusation, trois magistrats du siège et d’autres magistrats dont l’un est ici dans cette salle ont été également tous convaincus comme moi. C’est pour vous dire que ce dossier est sérieux. »
 
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