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Les failles du cadrage macro-économique

Mercredi 1 Février 2017

Les failles du cadrage macro-économique
Par Mamadou Sy Albert
 
Le Sénégal est entré dans la mouvance du cadrage macro- économique avec la mise en œuvre de l’Ajustement  structurel à la fin des années 1970 et début des années 1980. Depuis cette date à nos jours, le cadrage macro-économique demeure au centre des orientationsdes politiques publiques allant dans le sens du redressement et de la recherche de l’efficacité de l’action de l’État.
 
La seconde alternance n’a point dérogé à la conduite de la gouvernance du cadrage macro- économique héritée du pouvoir socialiste et du régime libéral. Elle a poursuivi à plus d’un titre l’esprit et la lettre des politiques économiques antérieures. De ce côté, le Contrat de Performance tel qu’il est décliné actuellement et mis en œuvre depuis mars 2012, est en parfaite adéquation avec la philosophie du recadrage, des attentes des Bailleurs de Fonds et des Partenaires techniques et financiers.
 
La recherche de l’efficacité, de l’efficience et l’économie des moyens financiers publicsalloués aux dépenses publiques est et reste la méthode de rigueur budgétaire de la gouvernance. Le cadrage macro-économique est devenu un mode de gouvernance par excellence à l’échelle de tous les pays acceptant  le libre-échange économique et les règles du commerce ouvert à la compétition d’un marché désormais mondialisé. La deuxième alternance est ainsi soumise aux mêmes contraintesque la première alternance ou que l’ancien pouvoir socialiste.
 
Il ne pouvait en être autrement au regard des intentions de la majorité au pouvoir de poursuivre le chemin de l’émergence dans le respect des engagements internationaux du Sénégal et la poursuite de la Coopération internationale avec l’ancienne puissance coloniale. Paradoxalement, le cadrage macro-économique peine toujours à se traduire dans le fonctionnement effectif du pouvoir politique, de l’État et ses démembrements.
 
Le Président de la République en exercice avait promis de revoir la taille de son gouvernement. Quatre ans après son accession au pouvoir, le nombre de ses Ministres aura augmenté de manière significative, celui de ses Ministres conseillers suit cette tendance haussière des dépenses de l’État. L’Assemblée Nationale vient d’augmenter le nombre des députés de la prochaine législature.
 
Le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) vient d’être créé et va recycler socialement de nombreux acteurs politiques et de la société civile. Le cadrage macro-économique ne signifie point dans ces conditions de dépenses électorales,la baisse du train de vie de l’État. Bien au contraire. Ce personnel politique en augmentation continue a un coût que l’économie devra supporter au cours des prochaines années. Il coûtera cher aux contribuables.
 
Les dépenses publiques suscitentévidemment des questionnements quasi récurrents depuis les années 1979. Il suffit simplement de faire des parallèles. Les besoins réels de l’économie extravertie se mesurent à la forte demande sociale, à la demande en formation et l’Emploi, la relance du tissu agricole et industrielpar la production et la consommation,et la sortie de crise du système éducatif et de l’Enseignement supérieur.
 
Les pouvoirs publics préfèrent s’endetter à long terme pour investir dans les infrastructures. La question n’est point l’utilité et la place des infrastructures dans un processus de développement d’un pays dépourvu de tout à l’échelle des régions et à l’intérieur de ses frontières.
 
La question est plutôt la pertinence et le sens des priorités étatiques à un moment donné de l’histoire d’un pays. Les grosses infrastructures ne sont pas suffisantes pour impulser à elles seules la création de l’emploi et le développement de l’Agriculture, de l’Industrie et le Tourisme. Le bon sens voudrait que le tissu économique endogène entraîne les autres services de base, notamment, les routes, le  transport et le tourisme.
 
C’est le processus suivi par les pays développés pour arriver au stade actuel de leur développement. Ils sont passés par le processus de l’industrialisation, la mécanisation de l’agriculture et les progrès scientifiques et techniques mis au service de l’économie. Les  secteurs économiques se développement et accompagnent alors  les autres secteurs du transport, l’état des routes.
 
Malheureusement, la dépense de prestige électoraliste le plus souvent pour gagner un second mandat a fini par prendre le dessus sur la dépense destinée au développement et les véritables priorités nationales et régionales. C’est la grosse faille du cadrage macro-économique. Il participe à l’étouffement de  l’économie réelle au moment où il laisse le gouvernant poursuivre un train de vie étatique budgétivore qui finira par dépasser  largement les capacités financières et la richesse nationale du pays et défier in fine  les citoyens.
 
Les déséquilibres économiques, politiques et sociaux et les crises résultent de ces types de choix de la gouvernance publique opposant des privilégiés et des résistants aux effets de la crise profonde de l’économie. On aura beau fait croire aux bienfaits d’une bonne gestion vertueuse et sobre des biens publics par le cadrage macro-économique, si le cadrage  ne se  traduit pas par la baisse effective du train de vie de l’État, une meilleure compréhension des liens dialectiques entre l’investissement public, privé et les besoins réels du système économique endogène et des populations, il sera pour longtemps un discours en rupture avec  les réalités du pays. Un éternel recommencement attend le Sénégal ajusté, flexible, tendant la main à ses bailleurs de toujours.

 
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