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Liban : l’ambassadrice américaine convoquée pour des propos anti-Hezbollah

Dimanche 28 Juin 2020

Le ministre libanais des Affaires étrangères Nassif Hitti souhaite rencontrer Dorothy Sheah lundi suite à un entretien polémique avec la chaîne de télévision saoudienne Al-Hadath lors duquel elle a qualifié le Hezbollah d’«organisation terroriste».


La diplomatie libanaise convoquera lundi l’ambassadrice américaine à Beyrouth après des propos virulents contre le mouvement chiite Hezbollah ayant fait l’objet d’une injonction controversée par un juge local.
 
«Le ministre des Affaires étrangères Nassif Hitti a convoqué l’ambassadrice américaine Dorothy Shea demain (lundi) à 15h00 (14h00 en Suisse) à la lumière de ses récentes déclarations», a indiqué l’agence de presse ANI.
 
Lors d’un entretien vendredi avec la chaîne de télévision saoudienne Al-Hadath, Dorothy Shea a fait part des «graves inquiétudes» de Washington «sur le rôle du Hezbollah, une organisation terroriste».
 
Le mouvement chiite a «siphonné des milliards de dollars qui auraient dû aller dans les coffres du gouvernement (…) et entravé certaines réformes économiques dont le Liban a désespérément besoin», a-t-elle accusé, alors que le pays est en proie à sa pire crise économique depuis environ 30 ans.
 
Interdiction d’interview
 
Samedi, un juge des référés dans la ville de Tyr (sud), Mohamad Mazeh, a décidé d’interdire, sous peine de sanctions, aux médias libanais et étrangers travaillant au Liban d’interviewer, durant un an, Dorothy Shea, une décision aussitôt saluée par le Hezbollah.
 
Les autorités libanaises doivent «prendre des mesures immédiates pour contraindre cette ambassadrice à respecter le droit international», a exhorté dimanche Hassan Fadlallah, député du puissant parti chiite, faisant référence à la convention de Genève sur les relations diplomatiques.
 
Le jugement rendu par Mohamad Mazeh a également suscité une levée de boucliers parmi les médias et sur les réseaux sociaux, certains y voyant une pression politique sur la justice et une atteinte à la liberté d’expression.
 
Une source judiciaire a indiqué à l’AFP que Mohamad Mazeh avait «dépassé ses prérogatives».
 
Tentative «pathétique» de censure
 
Pays de 18 communautés religieuses, le Liban est régi par un système complexe de partage du pouvoir où la Justice fait souvent l’objet de tiraillements politiques et communautaires.
 
Pour le département d’État américain, il s’agit d’une tentative «pathétique» de «censure» de la part du Hezbollah.
 
La ministre libanaise de l’Information Manal Abdel Samad a de son côté souligné la nécessité de veiller à la liberté de la presse.
 
Menace de démission
 
Le juge Mazeh a pour sa part dimanche menacé de démissionner s’il venait à être déféré devant l’inspection judiciaire, après des informations en ce sens relayées par des médias locaux.
 
Cet incident intervient dans un contexte de tensions croissantes entre Washington et le parti chiite, qui a récemment accusé les États-Unis de chercher à provoquer une famine au Liban et d’interdire l’afflux de dollars, monnaie sur laquelle est indexée la livre libanaise. (AFP/NXP)
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