Un nouveau groupe de captifs retenus à Gaza, 10 Israéliens et deux étrangers, ont été relâchés mardi en échange de la libération de 30 Palestiniens emprisonnés par Israël, après la prolongation pour 48 heures de la trêve entre le Hamas palestinien et l'armée israélienne.
Plusieurs femmes accompagnées par des combattants palestiniens masqués du Hamas et du Jihad islamique, deux groupes islamistes palestiniens, ont été remises au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Rafah, dans le sud du territoire palestinien près de la frontière égyptienne, selon un photographe de l'AFP sur place.
Les douze captifs libérés, "dix Israéliens et deux étrangers", vont être "emmenés vers des hôpitaux israéliens où ils retrouveront leur famille", a indiqué l'armée israélienne, qui a confirmé leur arrivée en Israël via l'Egypte. Selon le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, les deux étrangers sont de nationalité thaïlandaise.
En échange, 30 prisonniers palestiniens, tous des femmes et des jeunes de moins de 19 ans, ont été libérés, a annoncé l'autorité pénitentiaire israélienne.
Entrée en vigueur le 24 novembre, la trêve dans la guerre entre Israël et le Hamas, a été prolongée jusqu'à 05H00 GMT jeudi. Au total 20 otages israéliens et 60 prisonniers palestiniens doivent être libérés lors de cette extension, selon le Qatar, principal médiateur dans les négociations sur le dossier des otages.
Chaque jour depuis le 24 novembre, le Hamas libère une dizaine de femmes et d'enfants enlevés lors de son attaque sanglante du 7 octobre en Israël, contre la libération de trois fois plus de prisonniers palestiniens.
L'accord de trêve négocié avec également l'appui de l'Egypte et des Etats-Unis, a permis jusqu'à présent la libération de 60 otages israéliens et de 180 Palestiniens écroués dans des prisons israéliennes.
Vingt-et-un étrangers, en majorité des Thaïlandais vivant en Israël, ont été libérés hors du cadre de cet accord.
L'armée a estimé à environ 240 le nombre de personnes enlevées et emmenées à Gaza le 7 octobre, lors de l'attaque sans précédent du Hamas qui a coûté la vie à 1.200 personnes en Israël, en grande majorité des civils, selon les autorités.
En représailles, Israël a promis d'"anéantir" le Hamas, qui a lancé son attaque depuis la bande de Gaza, bombardant sans relâche le territoire palestinien et lançant le 27 octobre une offensive terrestre.
D'après le gouvernement du Hamas, 14.854 personnes, dont 6.150 âgées de moins de 18 ans, ont été tuées dans les frappes israéliennes.
- "Libérer tous les otages" -
Au cinquième jour de la trêve, Benjamin Netanyahu reste soumis à une très forte pression de l'opinion publique, traumatisée par l'attaque du Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.
Mardi à Tel-Aviv, des manifestants ont réclamé en brandissant son portrait la libération d'un nourrisson âgé de 10 mois, Kfir, capturé dans le kibboutz Nir Oz le 7 octobre avec son frère Ariel (4 ans) et ses parents Yarden et Shiri.
Captive la plus âgée à avoir été enlevée le même jour, Yaffa Adar, 85 ans, a elle quitté mardi, avec son déambulateur et sous une haie d'honneur, l'hôpital israélien où elle avait été transférée après sa sortie de captivité le 24 novembre.
"Nous allons libérer tous les otages", a lancé mardi M. Netanyahu. "Nous allons détruire cette organisation terroriste (le Hamas, NDLR) et faire en sorte que Gaza ne soit plus une menace pour l'Etat d'Israël."
Selon un haut responsable américain à Washington, "il est très important que la campagne (militaire) israélienne, lorsqu'elle se déplacera vers le sud (de la bande de Gaza), soit menée de manière à ne pas provoquer, dans la mesure du possible, de nouveaux déplacements de personnes".
Quelque 1,7 des 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza ont été déplacés par la guerre, fuyant le nord du territoire vers le sud.
- Poursuite des médiations -
En coulisses, les médiateurs s'activent pour prolonger la trêve au-delà de jeudi et le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est attendu de nouveau en Israël et en Cisjordanie cette semaine.
Les chefs des services de renseignement américain et israélien se trouvent eux à Doha.
Malgré la pause dans les combats, la situation reste précaire à Gaza, où l'armée israélienne a affirmé que trois engins explosifs avaient explosé à proximité de ses forces dans le nord de la bande de Gaza et que des "terroristes" avaient ouvert le feu contre ses soldats qui ont riposté.
En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, deux adolescents palestiniens ont été tués par l'armée israélienne lors de heurts, selon l'Autorité palestinienne. Depuis le 7 octobre, plus de 230 Palestiniens été tués par des soldats ou colons israéliens en Cisjordanie, selon le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne.
La prolongation de la trêve à Gaza a par ailleurs permis l'entrée de nouveaux camions d'aide humanitaire dans le territoire palestinien, assiégé et bombardé sept semaines durant par l'armée israélienne.
Malgré l'arrivée depuis le 24 novembre de centaines de camions dans le petit territoire, la situation reste "catastrophique", a jugé le Programme alimentaire mondial (PAM), estimant qu'"il existe un risque de famine" à Gaza.
Des milliers de Palestiniens, déplacés dans le sud de la bande de Gaza, ont profité de la trêve pour rentrer chez eux dans le nord, la région la plus dévastée, ignorant l'interdiction de l'armée israélienne qui y a pris le contrôle de plusieurs secteurs.
"J'essaie de retrouver des souvenirs de ma maison", raconte un Palestinien d'al-Zahra, en montrant les montagnes de décombres, là où se trouvait sa maison, détruite par des frappes israéliennes.
"Al-Zahra était la plus belle ville du monde et maintenant elle a disparu", dit Zein Ashour, une jeune femme qui habitait aussi ce quartier aujourd'hui rasé.
Taghrid al-Najjar, une mère de famille de 46 ans, a trouvé refuge avec sa famille dans une école du sud de la bande de Gaza, avant de rentrer chez elle dans le village d'Abassane, dans le même secteur, et de découvrir sa maison détruite.
"Vingt-sept ans pour la construire et tout est parti!" [AFP]