OUAGADOUGOU, Burkina Faso (Reuters) - Emmanuel Macron fixera mardi au Burkina Faso, première étape de sa tournée africaine, le cadre de sa politique à l’égard de l‘Afrique, un “continent d‘avenir” avec lequel il souhaite nouer un “partenariat renouvelé” axé sur l’éducation, l‘entrepreneuriat et l‘investissement.
Le chef de l‘Etat, qui depuis le début de son quinquennat revendique un renouvellement de méthode et de gouvernance en France comme à l‘international, est attendu dans la matinée à l‘université de Ouagadougou pour tracer les grandes lignes de sa vision de la relation entre la France et l‘Afrique.
L‘exercice, toujours délicat plus de cinquante ans après la décolonisation, est devenu ces dernières années une tradition en début de mandat pour les présidents français qui, de Nicolas Sarkozy à François Hollande, se sont engagés à moderniser la relation franco-africaine, avec plus ou moins de succès.
Si la page de la “Françafrique” - un système de réseaux d‘influence maintenu par Paris avec ses anciennes colonies - est globalement tournée, l‘histoire coloniale continue elle de peser sur les relations entre les deux partenaires, estiment les observateurs.
“La France n’a pas su proposer de stratégie économique de long terme alors qu’elle avait une connaissance fine d’une partie de ce continent”, notent Dalila Berritane et Aulde Courtois, auteures du récent rapport “Prêts pour l’Afrique d’aujourd’hui” de l’Institut Montaigne.
“Concurrencée par les émergents, en premier lieu la Chine, elle peine à bâtir un discours renouvelé, empêtrée dans un passé qu’elle a longtemps refusé d’assumer pour avancer sereinement et qui aujourd’hui est parfois utilisé contre elle à des fins économiques”, ajoutent-elles, dans une tribune publiée fin septembre dans Le Monde.
PAS DE TABOU COLONIAL
La donne pourrait peut-être changer avec Emmanuel Macron, qui à 39 ans n‘a pas connu la période coloniale, relève Philippe Hugon, spécialiste de l‘Afrique à l‘Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).
Le chef de l‘Etat “est jeune et n‘a aucun tabou par rapport à l‘histoire coloniale”, dit-il, rappelant les propos tenus en février pendant la campagne par le candidat sur la colonisation, qualifiée de “crime contre l‘humanité” et de “barbarie”.
“Il a une politique assez réaliste, il fait moins confiance, il a un langage beaucoup plus vrai, il semble beaucoup plus indépendant”, ajoute Philippe Hugon. “Il considère qu‘il n‘a pas à être donneur de leçons et qu‘il doit seulement condamner la corruption, la fuite des capitaux qui empêchent le bon fonctionnement des régimes”.
Un diplomate abonde. “C‘est un président qui n‘a jamais connu les colonies et n‘a jamais eu de liens étroits avec les dirigeants de la région. Il a plus de liberté pour dire franchement ce qu‘il pense”.
Affranchi des tabous de la colonisation, le chef de l‘Etat entend mettre l‘accent sur des domaines peu mis en avant par ses prédécesseurs, selon l‘Elysée, qui cite notamment un soutien accru à l‘innovation et l‘entrepreneuriat africains, à l’éducation et au sport.
“Le fait de traiter l‘Afrique comme une opportunité, sous l’angle des investissements, de la révolution entrepreneuriale, c’est un signal qui fait pencher la question dans le sens” de la rupture, souligne-t-on à Paris.
Sans surprise, Emmanuel Macron, qui a placé l‘Europe au coeur de sa politique diplomatique, souhaite également ancrer la relation France-Afrique dans un partenariat franco-européen.
“Sa politique vise à passer d‘une politique France-Afrique à une politique Europe-Afrique”, souligne Philippe Hugon. “Mais pour l‘heure il ne peut pas, vu la situation européenne. On en est donc plus au niveau des intentions que de la mise en oeuvre véritable”.
“SCEPTICISME”
Le discours d‘Emmanuel Macron, qui a insisté depuis son accession à l‘Elysée sur l‘importance du volet développement en Afrique, sera scruté de près par les ONG.
Le chef de l‘Etat s‘est engagé pendant la campagne à porter le budget consacré à l’aide au développement à 0,55 % du RNB en 2022, contre 0,38 % en 2016.
Pour concrétiser cet engagement, la France “devra y consacrer un budget de 15 milliards d’euros en 2022, contre 9 milliards actuellement”, note Oxfam. “Le gouvernement doit donc trouver et mobiliser 6 milliards d’euros supplémentaires d’ici à la fin du quinquennat”, un casse-tête.
A Paris, on reconnaît que la prise de parole de mardi sera “difficile”.
“Il y a eu beaucoup de promesses de renouvellement dans notre relation avec l’Afrique. On n’est pas les premiers à vouloir la porter. C’est pour ça que cet exercice pourrait être accueilli avec scepticisme.”
Le chef de l‘Etat a d‘ores et déjà reçu le soutien de principe du président de l‘Union africaine, Alpha Condé, en visite à Paris la semaine dernière.
“Nous voulons que les questions africaines soient réglées par les Africains et nous voulons coopérer avec l‘Union européenne, de continent majeur à continent majeur”, a dit le président de Guinée. “Nous pensons que le président Macron peut jouer un rôle majeur dans cette nouvelle vision de coopération.”
Le chef de l‘Etat français se rendra ensuite en Côte d‘Ivoire et au Ghana.
Le chef de l‘Etat, qui depuis le début de son quinquennat revendique un renouvellement de méthode et de gouvernance en France comme à l‘international, est attendu dans la matinée à l‘université de Ouagadougou pour tracer les grandes lignes de sa vision de la relation entre la France et l‘Afrique.
L‘exercice, toujours délicat plus de cinquante ans après la décolonisation, est devenu ces dernières années une tradition en début de mandat pour les présidents français qui, de Nicolas Sarkozy à François Hollande, se sont engagés à moderniser la relation franco-africaine, avec plus ou moins de succès.
Si la page de la “Françafrique” - un système de réseaux d‘influence maintenu par Paris avec ses anciennes colonies - est globalement tournée, l‘histoire coloniale continue elle de peser sur les relations entre les deux partenaires, estiment les observateurs.
“La France n’a pas su proposer de stratégie économique de long terme alors qu’elle avait une connaissance fine d’une partie de ce continent”, notent Dalila Berritane et Aulde Courtois, auteures du récent rapport “Prêts pour l’Afrique d’aujourd’hui” de l’Institut Montaigne.
“Concurrencée par les émergents, en premier lieu la Chine, elle peine à bâtir un discours renouvelé, empêtrée dans un passé qu’elle a longtemps refusé d’assumer pour avancer sereinement et qui aujourd’hui est parfois utilisé contre elle à des fins économiques”, ajoutent-elles, dans une tribune publiée fin septembre dans Le Monde.
PAS DE TABOU COLONIAL
La donne pourrait peut-être changer avec Emmanuel Macron, qui à 39 ans n‘a pas connu la période coloniale, relève Philippe Hugon, spécialiste de l‘Afrique à l‘Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).
Le chef de l‘Etat “est jeune et n‘a aucun tabou par rapport à l‘histoire coloniale”, dit-il, rappelant les propos tenus en février pendant la campagne par le candidat sur la colonisation, qualifiée de “crime contre l‘humanité” et de “barbarie”.
“Il a une politique assez réaliste, il fait moins confiance, il a un langage beaucoup plus vrai, il semble beaucoup plus indépendant”, ajoute Philippe Hugon. “Il considère qu‘il n‘a pas à être donneur de leçons et qu‘il doit seulement condamner la corruption, la fuite des capitaux qui empêchent le bon fonctionnement des régimes”.
Un diplomate abonde. “C‘est un président qui n‘a jamais connu les colonies et n‘a jamais eu de liens étroits avec les dirigeants de la région. Il a plus de liberté pour dire franchement ce qu‘il pense”.
Affranchi des tabous de la colonisation, le chef de l‘Etat entend mettre l‘accent sur des domaines peu mis en avant par ses prédécesseurs, selon l‘Elysée, qui cite notamment un soutien accru à l‘innovation et l‘entrepreneuriat africains, à l’éducation et au sport.
“Le fait de traiter l‘Afrique comme une opportunité, sous l’angle des investissements, de la révolution entrepreneuriale, c’est un signal qui fait pencher la question dans le sens” de la rupture, souligne-t-on à Paris.
Sans surprise, Emmanuel Macron, qui a placé l‘Europe au coeur de sa politique diplomatique, souhaite également ancrer la relation France-Afrique dans un partenariat franco-européen.
“Sa politique vise à passer d‘une politique France-Afrique à une politique Europe-Afrique”, souligne Philippe Hugon. “Mais pour l‘heure il ne peut pas, vu la situation européenne. On en est donc plus au niveau des intentions que de la mise en oeuvre véritable”.
“SCEPTICISME”
Le discours d‘Emmanuel Macron, qui a insisté depuis son accession à l‘Elysée sur l‘importance du volet développement en Afrique, sera scruté de près par les ONG.
Le chef de l‘Etat s‘est engagé pendant la campagne à porter le budget consacré à l’aide au développement à 0,55 % du RNB en 2022, contre 0,38 % en 2016.
Pour concrétiser cet engagement, la France “devra y consacrer un budget de 15 milliards d’euros en 2022, contre 9 milliards actuellement”, note Oxfam. “Le gouvernement doit donc trouver et mobiliser 6 milliards d’euros supplémentaires d’ici à la fin du quinquennat”, un casse-tête.
A Paris, on reconnaît que la prise de parole de mardi sera “difficile”.
“Il y a eu beaucoup de promesses de renouvellement dans notre relation avec l’Afrique. On n’est pas les premiers à vouloir la porter. C’est pour ça que cet exercice pourrait être accueilli avec scepticisme.”
Le chef de l‘Etat a d‘ores et déjà reçu le soutien de principe du président de l‘Union africaine, Alpha Condé, en visite à Paris la semaine dernière.
“Nous voulons que les questions africaines soient réglées par les Africains et nous voulons coopérer avec l‘Union européenne, de continent majeur à continent majeur”, a dit le président de Guinée. “Nous pensons que le président Macron peut jouer un rôle majeur dans cette nouvelle vision de coopération.”
Le chef de l‘Etat français se rendra ensuite en Côte d‘Ivoire et au Ghana.