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Macron lance "un combat vital" anti-pauvreté doté de 8 milliards d’euros

Vendredi 14 Septembre 2018

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron a présenté jeudi un plan de lutte contre la pauvreté doté de huit milliards d’euros axé sur l’enfance, la jeunesse et le retour à l’emploi, une pièce maîtresse du projet de refondation sociale qu’il entend opposer à son étiquette de “président des riches”.

Selon un sondage Elabe pour BFM TV, 79% des Français ne font pas confiance au chef de l’Etat et au gouvernement pour améliorer la situation des personnes les plus pauvres et 76% estiment que sa politique est plutôt en faveur des plus aisés, une proportion en hausse de neuf points en cinq mois.

Lors d’un discours au Musée de l’Homme à Paris, Emmanuel Macron a démenti tout “tournant social” mais dit vouloir mener “un combat vital pour notre pays” contre “le scandale de la pauvreté auquel nous nous sommes trop souvent habitués”.

“Nous n’avons pas collectivement réussi à enrayer un déterminisme social et territorial”, le modèle social français ne permettant pas selon lui de suffisamment prévenir et éradiquer la pauvreté.

Près de neuf millions de personnes vivaient en 2016 sous le seuil de pauvreté (1.026 euros par mois) en France, soit 14% de la population, selon l’Insee, et un enfant sur cinq vivait dans une famille pauvre.

Un Fonds d’innovation sociale sera consacré à l’amélioration des modes de garde, notamment les crèches. Ces dernières n’accueillent que 5% des enfants des quartiers défavorisés, a-t-il déploré, situation qu’un “bonus” pour les crèches en accueillant davantage devra rectifier.

L’Etat limitera en outre à 10% le reste à charge des communes défavorisées pour la construction de crèches. Pour soutenir financièrement les parents, les aides à la garde d’enfant seront versées immédiatement.

Des petits-déjeuners seront par ailleurs proposés aux élèves d’écoles primaires situées en zone d’éducation prioritaire.


FUSION DES PRESTATIONS SOCIALES

Pour les jeunes adultes, l’obligation de formation sera portée de 16 à 18 ans pour lutter contre le décrochage à partir de la rentrée 2020, à l’heure où 60.000 jeunes chaque année se retrouvent hors de tous les radars. L’aide sociale à l’enfance (ASE) sera étendue jusqu’à 21 ans.

Sur le plan de l’emploi, le chef de l’Etat a dit sa volonté de bâtir avec l’ensemble des collectivités et des acteurs “un véritable service public de l’insertion” offrant un guichet unique, avec une première étape au premier trimestre 2019 débouchant sur le vote d’une loi en 2020.

Les délais du premier entretien pour les bénéficiaires du RSA (revenu de solidarité active) seront raccourcis à “un mois maximum”, a-t-il ajouté.

Le chef de l’Etat a confirmé le coup de pouce que le gouvernement entend donner aux contrats d’insertion par l’activité économique (IAE), qui s’adressent à des personnes très éloignées de l’emploi.

Sur le quinquennat, le nombre de ces contrats aidés sera porté de 100.000 à 240.000. Quelque 500 millions d’euros seront par ailleurs débloqués pour l’accompagnement individualisé.

Face au “maquis” des prestations existantes et des minima sociaux et au taux important de non-recours, un “revenu universel d’activité” fusionnant le plus grand nombre possible de prestations sociales sera créé par une loi en 2020. Les personnes en bénéficiant auront droit à un accompagnement, assorti de “devoirs”.

“Un contrat d’engagements et de responsabilités réciproques sera généralisé et signé”, prévoyant pour la personne percevant ce revenu l’”obligation d’inscription dans un parcours d’insertion qui empêche de refuser plus de deux offres raisonnables d’emploi ou d’activité”, a dit Emmanuel Macron.

Le plan prévoit également la fusion de deux dispositifs de complémentaire santé, la CMU-C, gratuite et réservée aux plus démunis, et l’aide à la complémentaire santé (ACS) destinée à des ménages modestes moins contraints. Cette mesure vise entre autres à réduire les taux de non-recours élevés.

 

 

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