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Mali : Macky Sall, émissaire panafricain à triple casquette auprès d’Assimi Goïta

Lundi 15 Août 2022

En se rendant pour la première fois à Bamako depuis le coup d’Etat du 18 août 2020, le président sénégalais à la tête de l’UA entend reconnecter le Mali autant à la Cédéao qu’à l’Union africaine après la page des sanctions. Mais l’objectif est également de rétablir des relations de confiance avec un pays fâché avec le Sénégal dont il reste un partenaire incontournable.


Les présidents sénégalais et malien en entretien ce 15 août 2022 à Bamako
Les présidents sénégalais et malien en entretien ce 15 août 2022 à Bamako
Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine (UA), est arrivé ce matin à Bamako pour une visite de travail et d’amitié au Mali. Accueilli à l’aéroport international de Sénou par le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goïta, le numéro 1 sénégalais s’est déclaré « porteur d’un message d’amitié à l’endroit d’un pays pivot de l’Afrique de l’Ouest » et souhaitant « avoir des échanges (avec les autorités maliennes) pour une issue heureuse de la période de transition ».
 
Cette visite du président de l’UA intervient quelques semaines seulement après la levée/suspension en début du mois de juillet dernier des sanctions économiques, financières et institutionnelles prises en janvier 2022 par la Communauté des Etats ouest-africains (CEDEAO) contre le Mali pour non respect de ses « engagements » relatifs à la durée de la transition politique.
 
Les militaires dirigés par le colonel Assimi Goïta avaient pris le pouvoir en août 2020 en écartant le défunt président Ibrahim Boubacar Keïta. Ils ont peu à peu étalé leur emprise sur le pays avec une adhésion remarquable des populations au projet de remise en marche d’un pays confronté aux fléaux de la corruption, de l’instabilité et, surtout, aux attaques de groupes terroristes affiliés à « L’Etat Islamique » et à la mouvance « Al-Qaïda ». Cette intensification de la violence terroriste survient alors que la France est en voie d’achever un retrait total des troupes de Barkhane dont la plupart sont l’objet de redéploiement dans la zone dite des trois frontières (Mali-Burkina-Niger), notamment en territoire nigérien. Dans leur dernier communiqué relatif à l’attaque terroriste de Tessit qui a causé la mort de 42 soldats maliens, Bamako a pour la première fois indiqué que les assaillants ont bénéficié d’une expertise militaire étrangère et utilisé des drones pour arriver à leur fin.
 
Hasard du calendrier diplomatique ou simple coïncidence, la visite de Macky Sall arrive au lendemain de la condamnation des 49 soldats ivoiriens accusés par le Mali d’être des « mercenaires ». Arrêtés depuis le 10 juillet, ils ont été emprisonnés pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » sous l’œil impuissant des autorités ivoiriennes qui contestent la version des faits établie par Bamako. En coulisses, les négociations engagées sous l’égide du président Faure Gnassingbé ne semblent pas avoir été concluantes. A ce niveau, le concours du président sénégalais de l’Union africaine pourrait être précieux dans le cadre d’une recherche de sortie de crise entre Bamako et Abidjan. Le Mali aurait d’autant moins d’intérêt à garder encore chez lui les « mercenaires » ivoiriens que la Minusma semble lui avoir déjà donné raison par rapport à sa revendication relative au non respect des procédures concernant la mise en service des prisonniers sur son territoire. Une décrispation est donc tout à fait possible.
 
Reconnexion Dakar-Bamako
 
Au plan bilatéral, les relations entre le Mali et le Sénégal ont été discrètement tendues après le putsch contre Ibrahim Boubacar Keïta qui s’entendait bien avec son homologue sénégalais. Cela explique peut-être pourquoi Macky Sall s’est longtemps opposé à des sanctions généralisées contre le Mali, premier partenaire économique du Sénégal en termes d’échanges. Mais à mesure que le fossé se creusait entre le régime malien et la Cédéao, la posture du président sénégalais devenait intenable, en particulier face aux pressions des deux « faucons » de la sous-région que sont Alassane Ouattara et Mohamed Bazoum. Les présidents ivoirien et nigérien ont fortement contribué aux premières lourdes sanctions qui ont frappé le Mali à partir du 23 janvier 2022. Moteur principal des liens économiques entre Dakar et Bamako, le Port de Dakar est tombé en léthargie avec le blocage de toutes les transactions terrestres qui donnaient vie à cet axe de partenariat dont les acteurs côté sénégalais peineront à se relever. C’est le travail de réparation que le président Macky Sall aura à se livrer sur place avec une stratégie de relance arrêtée avec le gouvernement malien.
 
La tâche sera d’autant moins difficile à prendre en charge que les prémisses d’une reconnexion économique entre les deux pays a été entamée en amont de la célébration de la Tabaski. A cette occasion, les autorités douanières maliennes avaient autorisé les éleveurs et autres opérateurs économiques maliens à convoyer plusieurs milliers de têtes de bétail en territoire sénégalais alors que l’inquiétude planait plus ou moins sur les capacités d’approvisionnement du Sénégal en moutons.
 
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