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Maroc: le meneur de la contestation du Hirak devant la justice

Mardi 24 Octobre 2017

Nasser Zefzafi (photo), le leader du mouvement de contestation du Hirak, né il y a presque un an dans le nord du Maroc, a comparu mardi devant la justice à Casablanca dans une salle bondée, première apparition publique depuis son arrestation en mai.

"Vive le peuple, vive le Rif", s'est époumoné depuis le box des prévenus ce chômeur de 39 ans, devenu le meneur de la colère populaire au fil des grandes manifestations qui ont agité la ville d'Al-Hoceima, dans la région du Rif, pendant plusieurs mois, avec ses harangues et ses slogans enflammés contre "l'arbitaire du makhzen" (pouvoir).

Le procès a été ajourné au 31 octobre à la demande de la défense.

Poursuivi notamment pour "atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat", Nasser Zefzafi risque la peine capitale. Ce qui l’a pas empêché, devant la cour d'appel de Casablanca, d’afficher un grand sourire et de faire le V de victoire.

"L’approche sécuritaire dans le Rif a échoué", "ils refusent de nous donner la parole car ils savent que ce que nous dirons sera juste", a-t-il lancé, poing levé, alors que le tribunal venait de lui refuser la parole.

Arrêté le 30 mai dernier pour avoir interrompu le prêche d'un imam à Al-Hoceima, le meneur comparaissait avec une trentaine de prévenus qui risquent eux entre 5 et 20 ans de prison.

- Militants 'pacifiques' -

C'est la cour d'appel de Casablanca qui est chargée de juger en première instance les militants du Hirak -la "mouvance" en arabe, nom donné localement au mouvement de contestation né après la mort tragique d'un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordures.

Au fil des mois, la contestation menée par un petit groupe de militants locaux autour de lui a pris une tournure plus sociale et politique, pour exiger le développement du Rif, - marginalisé selon eux - dans un discours identitaire teinté de conservatisme et de références islamiques.

En réponse, l'Etat avait lancé ou relancé ces derniers mois plusieurs projets de développement à Al-Hoceïma. Le roi du Maroc a demandé mi-octobre un rapport sur les retards des programmes.

Mardi, l’audience s’est limitée à une brève comparution de chacun des accusés qui ont tour à tour décliné leur identité.

"Le procès ne se déroule pas dans des conditions normales. Vous voyez le nombre de policiers en civil ou en uniforme?", a déclaré à l'AFP Isaac Charia, un des avocats de la défense.

"L'Etat veut montrer que les accusés sont très dangereux, or c'est tout le contraire. Ce sont des gens très pacifiques, innocents, qui ont toujours eu des demandes économiques et sociales très normales", a-t-il ajouté.

La défense critique aussi le fait que l'Etat s'est porté partie civile dans ce procès, ce qui génère un "conflit de compétence", selon lui.

- 'Arrestations arbitraires' -

Brahim Rachidi qui défend avec trois confrères les forces de l'ordre, qui ont eu des blessés pendant des heurts dans le Rif, veut pour sa part un "procès équitable". Selon lui, "les forces de l'ordre ont droit à une défense" parce que "ce sont des citoyens comme tous les autres".

Une vingtaine d'autres contestataires arrêtés à Al-Hoceïma et transférés à Casablanca devaient eux aussi comparaître mardi pour la quatrième fois devant la cour d'appel. Ils sont poursuivis notamment pour "tentatives de sabotage, de meurtre et de pillage" ou "conspiration contre la sécurité intérieure".

La même cour devait aussi se pencher mardi sur le cas du journaliste et directeur du site d'information Badil, Hamid El Mahdaoui, poursuivi en lien avec le mouvement du Hirak.

Aux abords du tribunal, une cinquantaine de militants des droits de l'Homme et de proches des accusés ont manifesté mardi pour demander la libération des détenus, en dénonçant des "arrestations arbitraires" et un "Etat corrompu".

La libération des 200 à 300 manifestants du Hirak incarcérés en mai-juin est devenue la principale revendication de ce qui reste du mouvement. Une vingtaine des prévenus incarcérés à Casablanca suit une grève de la faim depuis cinq semaines pour dénoncer les conditions de détention et demander leur libération. (AFP)
 
 
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