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Moussa Mara (ancien PM du Mali): «Le retour du président Att pourrait aider à consolider le dialogue et apaiser certains fronts.»

Mercredi 3 Janvier 2018

Ancien Premier ministre du président Ibrahim Boubacar Keïta, Moussa Mara voit d’un bon œil le retour au bercail du président Amadou Toumani Touré après un long exil au Sénégal. L’actuel chef de file du parti Yéléma, qui nous a accordé cet entretien depuis Kayes au Mali, se prononce par ailleurs sur l’œuvre de réunification nationale et sur la situation socio-politique de son pays. Entretien.


Propos recueillis par Mohamed NDJIM
 
Comment appréciez-vous le retour du président Amadou Toumani Touré au Mali après cinq années d'exil au Sénégal? 
 
Le retour du président Amadou Toumani Touré dans son pays est normal et c’était souhaitable. Les anciens dirigeants, de par leurs expériences et leur ancrage dans le pays qu’ils ont gouverné, peuvent être d’un bon apport pour la stabilité, l’unité et la bonne marche de la gestion par les gouvernants si ces derniers ont l’intelligence de les consulter et de collaborer avec eux. Avec ce retour, le Mali aura 4 anciens présidents vivants sur son territoire, à savoir les Présidents Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré et Dioncounda Traoré. Cela constitue une chance rare sur le continent et même à l’échelle internationale.
 
En décembre 2016, l'assemblée nationale avait rejeté la possibilité de poursuites pour haute trahison contre lui. Pensez-vous que la page soit définitivement tournée et que ses détracteurs soient prêts à passer l'éponge?
 
Quand l’autorité légitime dit le droit, en la matière l’assemblée nationale, dans ce cas de figure, la cause est entendue définitivement. A mon avis, le Mali a d’autres urgences en ce moment. Nous devons travailler à l’unité face à ces urgences et le président ATT, comme d’autres anciens présidents, peuvent y contribuer. Enfin, si j’en crois l’évolution de l’opinion depuis trois à quatre ans, les détracteurs de ATT semblent, pour une bonne part d’entre eux, prêts à passer à autre chose.
 
Quel regard portez-vous sur le report à avril prochain des élections régionales et locales qui devaient se tenir le 17 décembre dernier?
 
Je désapprouve ce report et je ne le comprends pas. Les autorités qui ont pris cette décision ont d’ailleurs de la peine à la justifier. Il faut noter qu’elle a été prise à une semaine de l’ouverture de la campagne et aucune évolution de la situation sécuritaire et politique par rapport au moment où la date a été fixée n’avait été constatée. C’est ce qui fonde de nombreux observateurs à indiquer que le report était essentiellement motivé par des considérations politiciennes, notamment la peur de perdre ! Tout cela est bien dommage car les mandats des élus sont arrivés à expiration depuis avril 2014 soit depuis bientôt 4 ans !
 
L'on vous prête l'intention de vouloir prendre la place du président Ibrahim Boubacar Keita dans les échéances à venir. Qu'en est-il réellement?
 
J’ai déjà été candidat à l’élection présidentielle en 2013. Je dirige une formation politique qui, en nombre d’élus locaux, est la 6e force du pays. J’ai l’expérience de maire, ministre et Premier ministre doublé d’une expérience professionnelle solide aussi bien au Mali que dans une quinzaine de pays en tant qu’expert-comptable conseil de Gouvernements. J’ai de très bons rapports avec l’essentiel des forces vives de notre pays et suis connu et apprécié par les Maliens en rapport avec certaines qualités (honnêteté, rigueur, patriotisme, travail…) qu’on me trouve. Tout cela à 42 ans. Il est donc légitime que j’aie de l’ambition pour diriger le pays. Toutefois, au regard de la gravité de la situation du Mali et de l’énormité des enjeux des prochaines années, mon parti et moi-même somment inscrits dans une démarche de rassemblement des forces du changement (partis, personnalités, organisations de la société civile…) autour d’une équipe homogène et d’une candidature unique avec un vrai projet de refondation étatique et nationale.
 
Quelle que soit la personne retenue - une autre personne ou moi-même - nous la soutiendrons de toutes nos forces pour réaliser l’alternance réelle et profonde dont les Maliens ont besoin. On ne se focalisera pas sur une personne mais sur un système à remanier profondément.
 
Quel pourrait être l'avenir politique d'ATT, notamment en perspective de la "réunification" du Mali? 
 
Je ne pense pas que le président ATT, comme les autres anciens présidents d’ailleurs, souhaite exercer une activité politique quelconque. Cependant, comme il l’a dit lui-même, il est à la disposition du Mali et pourrait, si les autorités le décident, se voir confier une mission sur des domaines où on lui reconnait tous des talents et une légitimité certaine (renouer le dialogue entre des composantes du pays, contribuer à apaiser certains fronts…). Mais c’est au pouvoir actuel ou futur de le décider.
 
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