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Normalisation avec Israël: Le Maroc savoure sa « percée » au Sahara occidental, Moscou condamne

Vendredi 11 Décembre 2020

La Russie a dénoncé vendredi la décision du président américain sortant, Donald Trump, de reconnaître la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental, en contrepartie d’une normalisation des relations du Maroc avec Israël.


M. Trump a fait son annonce-surprise en deux tweets jeudi, le premier saluant comme une « avancée historique » les « pleines relations diplomatiques » entre le Maroc et Israël, le second annonçant qu’il reconnaissait la souveraineté du royaume sur le territoire désertique disputé et soutenait sa solution d’autonomie dans le processus politique piloté par les Nations unies.
 
La presse marocaine a unanimement salué comme une « victoire » la reconnaissance de la « marocanité du Sahara », expression consacrée pour l’ancienne colonie espagnole que les Marocains et les indépendantistes du Front Polisario soutenus par l’Algérie, se disputent depuis des décennies.
 
« Ce que les Américains ont fait ici, c’est une décision unilatérale qui sort complètement du cadre du droit international », a déclaré vendredi le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov.
 
La direction du Polisario a estimé vendredi que la décision américaine était « nulle et non avenue » en se disant prête à poursuivre le combat « jusqu’au retrait des troupes marocaines d’occupation ».  
 
L’Algérie voisine, grande rivale régionale du Maroc et première puissance militaire du Maghreb historiquement proche de la Russie, n’a pas encore officiellement réagi.  
 
Pour le Maroc, allié traditionnel des États-Unis, « la reconnaissance de la marocanité du Sahara » est « une percée diplomatique historique », comme l’a dit jeudi le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, dans une déclaration à l’AFP.  
 
Rôle de l’ONU
 
Israël a salué un « accord historique », le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a dénoncé « un péché politique qui ne sert pas la cause palestinienne », l’ONU a affirmé que sa position sur le Sahara occidental restait « inchangée », l’Espagne a mis en avant « le rôle de l’ONU et le respect de la législation internationale ».
 
L’ONU plaide depuis des années, sans grand résultat, pour une solution politique négociée concernant le statut de ce « territoire non-autonome » hérité du passé colonial du continent africain. Des négociations sous son égide sont au point mort depuis le printemps 2019.  
 
À la mi-novembre, le Maroc qui contrôle les deux tiers du Sahara occidental a conforté ses positions sur le terrain en déployant ses troupes dans une zone tampon jusque là contrôlée par l’ONU pour « sécuriser » la seule route vers l’Afrique de l’Ouest, dans l’extrême sud. La situation reste tendue depuis, le Polisario ayant rompu le cessez-le-feu signé en 1991 sous l’égide de l’ONU.
 
Selon le chef de la diplomatie marocaine, c’est au terme de « plusieurs années de travail » que les efforts de son pays sur le dossier du Sahara ont été « couronnés par la reconnaissance des États-Unis, grande puissance du Conseil de sécurité et acteur influent sur la scène internationale ».
 
Dans la balance : les États-Unis ouvrent un consulat à Dakhla, le grand port du Sahara Occidental, le Maroc, lui, « rouvre non pas une ambassade mais un bureau diplomatique » existant de 1994 à 2002, à l’époque où le roi Hassan II soutenait le processus de paix marqué par les accords israélo-palestiniens d’Oslo en 1993, comme l’a souligné un haut responsable diplomatique marocain.  
 
La négociation inclut l’ouverture de liaisons aériennes directes entre le Maroc et Israël où vivent quelques 700 000 juifs d’origine marocaine, mais aussi une « action pour l’investissement » côté américain et un développement de la « coopération économique » avec Israël, selon la source diplomatique marocaine.
 
Les médias israéliens avaient évoqué un « deal » depuis plusieurs mois, sans réaction officielle côté marocain. Hormis le premier ministre islamiste, Saad-Eddine El Othmani, qui avait vigoureusement condamné en août dernier « toute normalisation avec l’entité sioniste » en jugeant « toute forme de concession inacceptable ».
 
Sur les réseaux sociaux marocains, le hashtag « la normalisation est une trahison » était vendredi parmi les plus populaires, mais loin derrière le hashtag « Sahara ».  
 
Tout autant que le « Sahara marocain », la cause palestinienne est considérée comme une « cause nationale » au Maroc.  
 
Vendredi, le groupe d’action pour la Palestine, organisation marocaine qui couvre un large spectre politique (gauche, nationalistes, panarabe et islamistes) a appelé à « la mobilisation totale à tous les niveaux » pour « préserver l’authentique position des marocains soutenant la lutte du peuple palestinien ».
 
Cependant, le Roi Mohammed VI a assuré jeudi soir au président palestinien, Mahmoud Abbas, la poursuite de « l’engagement permanent et soutenu du Maroc en faveur de la cause palestinienne juste ». (AFP)
 
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