En quatre missions, les sauveteurs de l'Ocean Viking ont arraché 356 personnes à des canots de fortune qui ne leur laissaient aucune chance sur la Méditerranée. Mais désormais, le bateau s'éloigne de Libye pour trouver un port de débarquement.
Le bateau "quitte la zone de recherche et de secours (SAR) libyenne et attend de recevoir des indications sur un port sûr de débarquement qui respecte les normes du droit international", ont écrit dans un communiqué les ONG SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, qui opèrent le bateau.
L’UNHCR, l'agence des Nations unies pour les réfugiés, a pour sa part demandé aux gouvernements européens de consentir au débarquement des quelque 500 personnes secourues ces derniers jours en Méditerranée, dont 151 à bord du navire humanitaire espagnol Open Arms qui patiente au large de l'île italienne de Lampedusa.
"Il s'agit d'une course contre le temps", a insisté Vincent Cochetel, envoyé spécial de l'UNHCR pour la Méditerranée centrale, en précisant que "des intempéries" sont attendues en mer.
Mardi, les forces armées maltaises ont pour leur part publié une photographie d'un bateau pneumatique secouru avec un homme mort à bord, tandis qu'un compagnon d'infortune dans un état critique a été acheminé par hélicoptère vers un hôpital.
"La frontière mortifère de la planète est la Méditerranée", a commenté l'ONG espagnole Open Arms à propos du cliché.
A bord de l'Ocean Viking, les secouristes interrogées par une journaliste de l'AFP indiquaient mardi en fin de journée se diriger vers le nord pour trouver une position d'attente, tout en continuant à scruter l'horizon à la recherche d'embarcations en détresse.
- Canot de caoutchoucs collés -
"On est là pour sauver des vies, c'est tout", explique le coordinateur des opérations de recherches et secours, Nicholas Domaniuk, qui ne s'étonne plus du manque de coopération des centres de coordination maritime en Méditerranée centrale.
Depuis juillet 2018, c'est le centre de coordination de Tripoli qui a la responsabilité de coordonner les secours. Or les sollicitations de l'Ocean Viking depuis son arrivée dans la zone de recherches jeudi dernier sont restées sans réponse.
Lundi, les premiers 105 passagers secourus sont passés à un cheveu du drame. Leur embarcation, assemblage de pièces de caoutchouc bleu collées entre elles par les passeurs, se dégonflait quand les secours sont arrivés à sa hauteur.
Elle a littéralement éclaté à peine la distribution des gilets de sauvetage effectuée, précipitant sept ou huit personnes à l'eau.
Pour Tanguy L., leader expérimenté des opérations de secours, les passagers, partis la veille au soir de Libye, n'en avaient plus pour longtemps. L'un d'eux était assis sur l'arrière pour colmater une fuite, tandis qu'un autre tentait de sa main d'empêcher l'air de fuir d'un boudin latéral...
Arrivés à bord de l'Ocean Viking, les 105 rescapés, en majorité Soudanais, ont rapporté qu'un bateau similaire était parti en même temps qu'eux dimanche soir.
En outre, "il y a peut-être 200, 300 personnes qui attendent au +camp+" en Libye, assure Rizgallal, un Soudanais de 17 ans. "L'homme qui organise les bateaux sait quand on doit partir".
Il a profité selon lui de la météo, clémente ces derniers jours, mais elle doit se gâter dans la nuit de mercredi. "Et aussi, avec l'Aïd (la grande fête musulmane), les garde-côtes libyens travaillent moins", avance-t-il.
- Combien de départs? -
Sur la base de ces témoignages, l'Ocean Viking continuait mardi à scruter la mer pour trouver le bateau mentionné. "Ce serait vraiment le hasard de tomber dessus", avouait Nicholas Domaniuk, qui espérait un vol de reconnaissance de l'ONG Pilotes volontaires pour obtenir quelques indications.
Mais personne ne saura jamais vraiment combien de canots quittent la Libye, ni combien de vies et d'espérances ont été englouties.
"J'ai été pompier volontaire à 16 ans, puis six ans militaire, j'ai servi ma communauté et mon pays, on ne me l'a jamais reproché. Donc je ne vois pas ce que les gens ne comprennent pas dans cette mission", s'agace Tanguy, 38 ans, qui depuis trois ans enchaîne les rotations, d'abord à bord de l'Aquarius, le premier bateau de SOS Méditerranée, et désormais sur l'Ocean Viking, où il continue de former les volontaires.
Seule une poignée de bateaux humanitaires poursuivent leurs missions de sauvetage, avec chaque fois l'incertitude du débarquement: vers quel port se tourner?
Lundi, Malte a rejeté la requête de l'Ocean Viking. Les autorités italiennes l'ont renvoyé vers les Libyens. (AFP)
Le bateau "quitte la zone de recherche et de secours (SAR) libyenne et attend de recevoir des indications sur un port sûr de débarquement qui respecte les normes du droit international", ont écrit dans un communiqué les ONG SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, qui opèrent le bateau.
L’UNHCR, l'agence des Nations unies pour les réfugiés, a pour sa part demandé aux gouvernements européens de consentir au débarquement des quelque 500 personnes secourues ces derniers jours en Méditerranée, dont 151 à bord du navire humanitaire espagnol Open Arms qui patiente au large de l'île italienne de Lampedusa.
"Il s'agit d'une course contre le temps", a insisté Vincent Cochetel, envoyé spécial de l'UNHCR pour la Méditerranée centrale, en précisant que "des intempéries" sont attendues en mer.
Mardi, les forces armées maltaises ont pour leur part publié une photographie d'un bateau pneumatique secouru avec un homme mort à bord, tandis qu'un compagnon d'infortune dans un état critique a été acheminé par hélicoptère vers un hôpital.
"La frontière mortifère de la planète est la Méditerranée", a commenté l'ONG espagnole Open Arms à propos du cliché.
A bord de l'Ocean Viking, les secouristes interrogées par une journaliste de l'AFP indiquaient mardi en fin de journée se diriger vers le nord pour trouver une position d'attente, tout en continuant à scruter l'horizon à la recherche d'embarcations en détresse.
- Canot de caoutchoucs collés -
"On est là pour sauver des vies, c'est tout", explique le coordinateur des opérations de recherches et secours, Nicholas Domaniuk, qui ne s'étonne plus du manque de coopération des centres de coordination maritime en Méditerranée centrale.
Depuis juillet 2018, c'est le centre de coordination de Tripoli qui a la responsabilité de coordonner les secours. Or les sollicitations de l'Ocean Viking depuis son arrivée dans la zone de recherches jeudi dernier sont restées sans réponse.
Lundi, les premiers 105 passagers secourus sont passés à un cheveu du drame. Leur embarcation, assemblage de pièces de caoutchouc bleu collées entre elles par les passeurs, se dégonflait quand les secours sont arrivés à sa hauteur.
Elle a littéralement éclaté à peine la distribution des gilets de sauvetage effectuée, précipitant sept ou huit personnes à l'eau.
Pour Tanguy L., leader expérimenté des opérations de secours, les passagers, partis la veille au soir de Libye, n'en avaient plus pour longtemps. L'un d'eux était assis sur l'arrière pour colmater une fuite, tandis qu'un autre tentait de sa main d'empêcher l'air de fuir d'un boudin latéral...
Arrivés à bord de l'Ocean Viking, les 105 rescapés, en majorité Soudanais, ont rapporté qu'un bateau similaire était parti en même temps qu'eux dimanche soir.
En outre, "il y a peut-être 200, 300 personnes qui attendent au +camp+" en Libye, assure Rizgallal, un Soudanais de 17 ans. "L'homme qui organise les bateaux sait quand on doit partir".
Il a profité selon lui de la météo, clémente ces derniers jours, mais elle doit se gâter dans la nuit de mercredi. "Et aussi, avec l'Aïd (la grande fête musulmane), les garde-côtes libyens travaillent moins", avance-t-il.
- Combien de départs? -
Sur la base de ces témoignages, l'Ocean Viking continuait mardi à scruter la mer pour trouver le bateau mentionné. "Ce serait vraiment le hasard de tomber dessus", avouait Nicholas Domaniuk, qui espérait un vol de reconnaissance de l'ONG Pilotes volontaires pour obtenir quelques indications.
Mais personne ne saura jamais vraiment combien de canots quittent la Libye, ni combien de vies et d'espérances ont été englouties.
"J'ai été pompier volontaire à 16 ans, puis six ans militaire, j'ai servi ma communauté et mon pays, on ne me l'a jamais reproché. Donc je ne vois pas ce que les gens ne comprennent pas dans cette mission", s'agace Tanguy, 38 ans, qui depuis trois ans enchaîne les rotations, d'abord à bord de l'Aquarius, le premier bateau de SOS Méditerranée, et désormais sur l'Ocean Viking, où il continue de former les volontaires.
Seule une poignée de bateaux humanitaires poursuivent leurs missions de sauvetage, avec chaque fois l'incertitude du débarquement: vers quel port se tourner?
Lundi, Malte a rejeté la requête de l'Ocean Viking. Les autorités italiennes l'ont renvoyé vers les Libyens. (AFP)