Les avocats gazés par la police. En chemise blanche, Me Youssoupha Camara. Avec le masque, Me Koureyssi Bâ (photos Sénégal7)
Venus rendre visite à leur client de la Cité Keur Gorgui, les avocats d’Ousmane Sonko en sont repartis bredouilles, gazés et violentés par des policiers en faction, mais avec ce qu’ils étaient venus chercher : un constat d’huissier certifiant qu’ils ont été interdit d’accéder au domicile de l’opposant. Pour Me Koureyssi Bâ, « cette situation ne peut pas durer. On ne peut pas restreindre les droits d’un citoyen, le priver de liberté, l’enfermer chez lui. Ousmane Sonko est en régime cellulaire. Il ne peut ni sortir ni recevoir. »
Depuis près de 72 heures, les alentours lointains et immédiats du domicile du chef du Pastef-Les patriotes est en état de siège. Tous les accès y menant sont bloqués par la police : ni entrées ni sorties, sauf dérogations peut-être.
Aux alentours de la maison, Me Youssoupha Camara, du pool des défenseurs, est complètement sonné par la puissance nocive des grenades lacrymogènes qu’il vient d’inhaler. Son visage est quasi en transe, visité par des larmes et de la sueur. Assis sur un siège de fortune, un mouchoir à papier en mains, il accepte volontiers un verre d’eau d’un de ses confrères. Il marque un temps de récupérer un peu de ses émotions après un sale quart d’heure signé la police.
Me Cheikh Koureyssi Bâ a toutefois relativisé le comportement des policiers qui ont pris le parti de les gazer en rappelant que hier 29 mai, des députés de la République munis de leurs écharpes et voulant eux aussi rendre visite à Ousmane Sonko ont également été victimes des lacrymogènes, de même que des les journalistes. « Mais il est dommage que la police joue ce rôle qui ne l’honore pas. »
Pour le moment, Me Bâ annonce leur devoir de déposer des requêtes auprès de qui de droit, « c’est notre responsabilité de le faire en tant qu’avocats. » Ainsi, la cour suprême et le conseil constitutionnels seraient susceptibles d’être saisis pour aboutir au « crime de persécution » évoqué par l’article 7 du Statut de Rome qui a mis en place la Cour pénale internationale.
« Je suis inscrit à la CPI depuis 2011. J’aurais honte de devoir lancer une procédure contre mon propre pays. Mais si dans mon propre pays on veut m’ôter la vie…» (IMPACT.SN)