En pleine tempête pétrolière, et alors que les effluves de l’or noir taquinent dangereusement les narines du président de la république et de son frère, on apprenait qu’Aliou Sall venait de faire de son nouveau-né une homonyme de sa belle sœur, Marième Faye Sall. Ce genre d’information peut être très vite estampillé people. Mais dans un contexte politique donné, il peut avoir sa part de sens, au-delà des aspects anecdotiques et populaires qu’il porte. Toutes proportions gardées, le geste du frangin Sall équivaudrait aux rafistolages en cours dans certaines grandes (ou petites) familles aristocratiques condamnées à nouer des alliances pour préserver leur statut, au plan politique comme en business.
Mame Mbaye Niang, « le soldat » de la première dame
L’élément médiatique qui a trahi le secret de la guerre sournoise que se livrent des factions de la galaxie Faye-Sall à travers leurs excroissances périphériques est venu de Mame Mbaye Niang. Le ministre de la Jeunesse est présenté comme un fidèle irréductible de la première dame. « Un vrai soldat qui ne rechigne jamais ou presque pas contre les services commandés. » Aux heures délicates de la traversée du désert imposé à l’ex-futur couple présidentiel par les Wade, il est resté présent dans le noyau dur réduit des proches de la famille. Quand il devint ministre, cela n’étonna personne. La main et l’influence de « Simone » ont su plaider en sa faveur. C’est sur la base de cette légitimité revendiquée qu’il a ouvert des hostilités contre Aliou Sall alors que celui-ci est de plus en plus fragilisé dans l’affaire Petrotim. Le timing de cette sortie est une donnée importante.
Il y a quelques jours, en effet, le Premier ministre « convoquait » la presse pour livrer à l’opinion « l’historique » et la « réalité » des engagements de l’Etat et du président de la république dans les contrats pétroliers en cours d’exécution avec des partenaires étrangers. Une partie essentielle de ce discours de presse a consisté à convaincre sur deux points, entre autres : l’imputabilité de certains actes de gestion à Abdoulaye Wade, d’une part, et le lavage à grande eau d’Aliou Sall et de ses délits d’initié présumés.
Le décret de Macky Sall
Or, il est avéré que Mohamed Boun Abdallah Dionne n’a convaincu presque personne en dépit d’une séance de communication archi-encadrée. Sa sortie a été d’autant plus ridicule que non seulement certains des documents qu’il a fait publier ont été totalement écrasés par d’autres documents parus dans la presse dont : le fameux décret de juin 2012 signé du président Macky Sall (et des on Premier ministre d’alors, Abdoul Mbaye) et approuvant le « contrat de recherche et de production d’hydrocarbures » entre la société Petrosen (Sénégal) et la société Petro-Tim Limited (société de droit chinois avec siège à Hong Kong). Aliou Sall était le mandataire de Petro-Tim Limited au Sénégal, ainsi que l’atteste un document notarié d’un cabinet de la place.
Comme s’il sentait que le cas Aliou Sall commençait à devenir indéfendable aux yeux de l’opinion, le clan de la première dame a lâché les brides au ministre de la Jeunesse, son polémiste attitré. Ce n’est pas un hasard si le « baye-fall » Niang a concentré ses premières salves sur l’aspect temporel lié à l’adhésion de Sall au parti présidentiel. « A quel moment avez-vous entendu parler d’Aliou Sall à l’Apr », s’est interrogé Mame Mbaye Niang ?
Décryptage par un ex-ami du couple présidentiel : « c’est une manière plus ou moins subtile et prosaïque de suggérer que les vrais soutiens du président de la république et de son épouse étaient sur le terrain au moment où Aliou Sall était au service des Wade à l’ambassade du Sénégal à Beijing. » La conclusion politique qui peut être tirée de cette posture serait donc : nous, nous sommes des militants et responsables propres, dignes de la gestion sobre et vertueuse. Elle est sans doute simpliste, mais elle a son efficacité comme argument pour se démarquer du fondateur de la société anonyme unipersonnelles dénommée « Petro-Tim Sénégal ».
La constante et une variable
Jusqu’ici, le maire de Guédiawaye bénéficiait – du moins officiellement – d’un soutien massif de la mouvance présidentielle sur le sulfureux dossier de Petro-Tim. Mais au-delà de sa personne, c’est bien Macky Sall, président de la république, qui est sujet principal de protection. « C’est lui la constante », précise un interlocuteur. Un cas de figure qui fait donc d’Aliou Sall « variable d’ajustement », un précieux paratonnerre sur lequel viennent se fendre les flèches de tous ceux qui considèrent que le chef de l’Etat est l’épicentre de cette crise des hydrocarbures, le donneur d’ordre suprême à partir de son arrivée au pouvoir.
Si Mame Mbaye Niang a persisté dans ses accusations en sommant derechef Aliou Sall de « s’expliquer » sur le dossier Petro-Tim, c’est que le niveau d’exaspération de la première dame a décuplé avec la publication dans les médias de documents mettant en relief le rôle fondamental de Macky Sall dans le lancement des activités de Petro-Tim Limited et Petro-Tim. « Le danger s’est rapproché du mari », explique-t-on. La situation semble d’autant plus grave que l’alibi qui a consisté depuis longtemps à soutenir que c’est Abdoulaye Wade qui aurait signé le fameux décret ne prospère plus tellement.
« La sortie inédite de Mame Mbaye Niang contre le propre frère du président Macky Sall est le signe que Marième Faye Sall a décidé d’en finir avec Aliou Sall, ou du moins de tenter de faire quelque chose. Elle ne voudrait en aucun cas qu’un échec ou qu’un coup dur qui frapperait son mari lui soit imputé, à elle. Elle veut faire le ménage à partir de ses bases arrières », indique une des sources citées plus haut. Du reste, l’épouse et son beau-frère n’ont jamais été de grands intimes.
« Le conflit entre les deux familles perdure depuis une dizaine d’années, informe un apparatchik qui s’est éloigné des lieux de conflit tout en restant à la disposition du couple. L’accès au pouvoir de Macky n’a fait qu’aggraver la guerre de préséance. On est plus habitué à entendre et à voir la fratrie de la première dame que les autres frères et sœur du président (Rokhaya, Hady et Abdou Aziz) si on met de côté Aliou. Macky reste le Président mais Marième a tellement pris du poids et de l’influence que ses lieutenants ont acquis une bonne marge de critique. Sinon Mame Mbaye Niang n’aurait jamais osé attaquer si frontalement Aliou Sall. »
Pour l’heure, le maître des céans semble observer la situation, comme à son habitude, en se plaçant « loin » des polémiques. La divulgation du fameux décret qui porte sa signature semble avoir complètement bouleversé les perspectives de son pouvoir par rapport à l’affaire Petro-Tim. Cela explique que Frank Timis ait été sorti du bois…
Après le ministre de l’Economie et des Finances, suivi du chef du gouvernement, la communication par palier devrait inciter le président Sall à livrer sa part de vérité aux Sénégalais sur un sujet qui va empoisonner de plus en plus un magistère déjà un peu trop encombré par des cafards, dont ce procès voulu par le duo Timis-Sall contre des figures politiques et de la société civile sénégalaise.
S’il se trouve qu’Aliou Sall n’a pas agi seul, il va falloir forcément s’interroger sur l’identité de ses compagnons de raid. A ce moment là, il n’y aurait alors que des variables… (Momar Dieng)
Mame Mbaye Niang, « le soldat » de la première dame
L’élément médiatique qui a trahi le secret de la guerre sournoise que se livrent des factions de la galaxie Faye-Sall à travers leurs excroissances périphériques est venu de Mame Mbaye Niang. Le ministre de la Jeunesse est présenté comme un fidèle irréductible de la première dame. « Un vrai soldat qui ne rechigne jamais ou presque pas contre les services commandés. » Aux heures délicates de la traversée du désert imposé à l’ex-futur couple présidentiel par les Wade, il est resté présent dans le noyau dur réduit des proches de la famille. Quand il devint ministre, cela n’étonna personne. La main et l’influence de « Simone » ont su plaider en sa faveur. C’est sur la base de cette légitimité revendiquée qu’il a ouvert des hostilités contre Aliou Sall alors que celui-ci est de plus en plus fragilisé dans l’affaire Petrotim. Le timing de cette sortie est une donnée importante.
Il y a quelques jours, en effet, le Premier ministre « convoquait » la presse pour livrer à l’opinion « l’historique » et la « réalité » des engagements de l’Etat et du président de la république dans les contrats pétroliers en cours d’exécution avec des partenaires étrangers. Une partie essentielle de ce discours de presse a consisté à convaincre sur deux points, entre autres : l’imputabilité de certains actes de gestion à Abdoulaye Wade, d’une part, et le lavage à grande eau d’Aliou Sall et de ses délits d’initié présumés.
Le décret de Macky Sall
Or, il est avéré que Mohamed Boun Abdallah Dionne n’a convaincu presque personne en dépit d’une séance de communication archi-encadrée. Sa sortie a été d’autant plus ridicule que non seulement certains des documents qu’il a fait publier ont été totalement écrasés par d’autres documents parus dans la presse dont : le fameux décret de juin 2012 signé du président Macky Sall (et des on Premier ministre d’alors, Abdoul Mbaye) et approuvant le « contrat de recherche et de production d’hydrocarbures » entre la société Petrosen (Sénégal) et la société Petro-Tim Limited (société de droit chinois avec siège à Hong Kong). Aliou Sall était le mandataire de Petro-Tim Limited au Sénégal, ainsi que l’atteste un document notarié d’un cabinet de la place.
Comme s’il sentait que le cas Aliou Sall commençait à devenir indéfendable aux yeux de l’opinion, le clan de la première dame a lâché les brides au ministre de la Jeunesse, son polémiste attitré. Ce n’est pas un hasard si le « baye-fall » Niang a concentré ses premières salves sur l’aspect temporel lié à l’adhésion de Sall au parti présidentiel. « A quel moment avez-vous entendu parler d’Aliou Sall à l’Apr », s’est interrogé Mame Mbaye Niang ?
Décryptage par un ex-ami du couple présidentiel : « c’est une manière plus ou moins subtile et prosaïque de suggérer que les vrais soutiens du président de la république et de son épouse étaient sur le terrain au moment où Aliou Sall était au service des Wade à l’ambassade du Sénégal à Beijing. » La conclusion politique qui peut être tirée de cette posture serait donc : nous, nous sommes des militants et responsables propres, dignes de la gestion sobre et vertueuse. Elle est sans doute simpliste, mais elle a son efficacité comme argument pour se démarquer du fondateur de la société anonyme unipersonnelles dénommée « Petro-Tim Sénégal ».
La constante et une variable
Jusqu’ici, le maire de Guédiawaye bénéficiait – du moins officiellement – d’un soutien massif de la mouvance présidentielle sur le sulfureux dossier de Petro-Tim. Mais au-delà de sa personne, c’est bien Macky Sall, président de la république, qui est sujet principal de protection. « C’est lui la constante », précise un interlocuteur. Un cas de figure qui fait donc d’Aliou Sall « variable d’ajustement », un précieux paratonnerre sur lequel viennent se fendre les flèches de tous ceux qui considèrent que le chef de l’Etat est l’épicentre de cette crise des hydrocarbures, le donneur d’ordre suprême à partir de son arrivée au pouvoir.
Si Mame Mbaye Niang a persisté dans ses accusations en sommant derechef Aliou Sall de « s’expliquer » sur le dossier Petro-Tim, c’est que le niveau d’exaspération de la première dame a décuplé avec la publication dans les médias de documents mettant en relief le rôle fondamental de Macky Sall dans le lancement des activités de Petro-Tim Limited et Petro-Tim. « Le danger s’est rapproché du mari », explique-t-on. La situation semble d’autant plus grave que l’alibi qui a consisté depuis longtemps à soutenir que c’est Abdoulaye Wade qui aurait signé le fameux décret ne prospère plus tellement.
« La sortie inédite de Mame Mbaye Niang contre le propre frère du président Macky Sall est le signe que Marième Faye Sall a décidé d’en finir avec Aliou Sall, ou du moins de tenter de faire quelque chose. Elle ne voudrait en aucun cas qu’un échec ou qu’un coup dur qui frapperait son mari lui soit imputé, à elle. Elle veut faire le ménage à partir de ses bases arrières », indique une des sources citées plus haut. Du reste, l’épouse et son beau-frère n’ont jamais été de grands intimes.
« Le conflit entre les deux familles perdure depuis une dizaine d’années, informe un apparatchik qui s’est éloigné des lieux de conflit tout en restant à la disposition du couple. L’accès au pouvoir de Macky n’a fait qu’aggraver la guerre de préséance. On est plus habitué à entendre et à voir la fratrie de la première dame que les autres frères et sœur du président (Rokhaya, Hady et Abdou Aziz) si on met de côté Aliou. Macky reste le Président mais Marième a tellement pris du poids et de l’influence que ses lieutenants ont acquis une bonne marge de critique. Sinon Mame Mbaye Niang n’aurait jamais osé attaquer si frontalement Aliou Sall. »
Pour l’heure, le maître des céans semble observer la situation, comme à son habitude, en se plaçant « loin » des polémiques. La divulgation du fameux décret qui porte sa signature semble avoir complètement bouleversé les perspectives de son pouvoir par rapport à l’affaire Petro-Tim. Cela explique que Frank Timis ait été sorti du bois…
Après le ministre de l’Economie et des Finances, suivi du chef du gouvernement, la communication par palier devrait inciter le président Sall à livrer sa part de vérité aux Sénégalais sur un sujet qui va empoisonner de plus en plus un magistère déjà un peu trop encombré par des cafards, dont ce procès voulu par le duo Timis-Sall contre des figures politiques et de la société civile sénégalaise.
S’il se trouve qu’Aliou Sall n’a pas agi seul, il va falloir forcément s’interroger sur l’identité de ses compagnons de raid. A ce moment là, il n’y aurait alors que des variables… (Momar Dieng)