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Pape Oumar Sakho (président du Conseil constitutionnel) : «Quand on m’accuse, j’encaisse…»

Jeudi 29 Novembre 2018

Critiqué de toutes parts par de larges secteurs de l’opinion, soupçonné de faire le jeu des pouvoirs en place – hier avec Abdoulaye Wade et aujourd’hui avec Macky Sall pour ne pas remonter plus loin - le Conseil constitutionnel du Sénégal veut changer la donne à travers une volonté de communiquer avec les Sénégalais à travers un site internet qui sera lancé dans les prochains jours. Un challenge porté par son président, le magistrat Pape Oumar Sakho, qui se dit conscient des difficultés de l’institution-arbitre d’une partie des questions électorales. «Quand on m’accuse, j’encaisse et je poursuis ma mission… Nous ne sommes pas des procureurs, nous sommes tenus au secret des délibérations», a-t-il expliqué aux journalistes à l’ouverture du séminaire co-organisé avec le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication sociale (SYNPICS).
 
Le caractère «particulier » du Séminaire de Mbodiène n’a pas échappé aux « Sages » : il a lieu à quelques encablures de l’élection présidentielle du 24 février 2019, «une étape importante dans l’histoire politique du Sénégal » au cours de laquelle «le rôle des médias sera crucial en raison de l’utilisation de l’information comme ressource stratégique en période électorale et la crise qu’elle connaît sous l’influence des médias sociaux», a noté Pape Oumar Sakho.
 
Revendiquant 42 ans de magistrature, le patron du CC a rappelé la leçon inculquée à tous les magistrats. «On m’a toujours dit : quand vous avez des mots à dire, dites-le dans vos décisions.» Non sans écarter toute idée de vouloir caporaliser les journalistes dans un agenda. «Avec la presse, nous voulons juste nous entendre sur les mots, les concepts… Jamais il n’a été question et il ne sera question pour nous de chercher à orienter le travail des journalistes dans un sens ou dans un autre…» Modérateur des débats, notre confrère Abdoulaye Ndiaye a cependant souligné le fait suivant : «nous sommes des journalistes, nous pouvons être transgressifs s’il le faut. Mais nous restons toujours dans les limites éthiques et professionnelles de notre métier.»
 
Le site internet du Conseil constitutionnel est annoncé comme un outil de communication avec l’opinion publique. C’est le premier acte posé par l’institution afin de «lutter» contre les «fake news» véhiculés contre ses décisions, son rapport au processus électoral, et pour clarifier ses domaines de compétences et d’intervention.
 
«De sérieux doutes sont émis sur l’institution judiciaire, et ils sont souvent amplifiés par les médias», constate Pape Oumar Sakho. Une situation qui «contribue à asseoir l’opinion d’une «justice aux ordres», c’est-à-dire au service des politiques et des puissances économiques.» Et de fait, «le simple citoyen, peu imprégné du droit et des arcanes de la justice, finit par accréditer cette thèse
 
Si la justice est «peu habituée à communiquer pour des raisons liées au devoir de réserve», les «Sages» estiment venu que le temps de « s’ouvrir au large public par le biais des médias.» C’est pourquoi le Conseil constitutionnel estime qu’il est nécessaire de «faire comprendre sa mission et de faciliter l’accès aux informations qu’il produit et diffuse», tout en aidant les journalistes «à diffuser une information de qualité» à l’intention du public.
 
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