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Pêche illicite : le Sénégal durcit les contrôles, booste les amendes et rassure l’Union européenne

Vendredi 26 Juillet 2024

En mai 2024, l’Union européenne infligeait un « carton jaune » au Sénégal pour ses « lacunes » dans la lutte contre la pêche illicite non réglementée. En juillet, Dakar annonce le durcissement de la surveillance contre les navires locaux et étrangers pilleurs de la ressource. Une initiative qui permet de renflouer les caisses du Trésor public tout en rassurant la Commission européenne alors que se profile, en novembre, la renégociation des accords de pêche entre les deux parties.

 

Entre 400 millions et 599 millions de francs CFA. C’est la manne financière qui devrait tomber dans les caisses du Trésor public sénégalais pour le premier semestre de l’année 2024. Elle correspondrait aux amendes et sanctions que la Direction de la protection et de la surveillance des pêches (DPSP) a infligées à 24 navires de pêches qui ont été arraisonnés par les garde-cotes entre janvier et juillet 2024 pour diverses infractions, indique un communiqué du ministère des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires rendu public le 25 juillet. 

 

La publication de telles informations entre dans le cadre de la mise en oeuvre d’une « gouvernance transparente » du secteur de la pêche et sera institutionnalisée pour « informer le public sur les actions entreprises par la DPSP pour lutter efficacement contre la pêche Illicite Non déclarée et Non réglementée (INN) », explique le ministère. Cet exercice de transparence vise « surtout (à) préserver les ressources halieutiques dans les eaux sous juridiction sénégalaise ».

 

Le montant des amendes projetées pour l’année en cours devrait être largement supérieur aux 103 millions de francs CFA récupérés par le Trésor public en 2023. 

 

Accord de pêche : l’Union européenne veut-elle faire chanter le nouveau pouvoir sénégalais ?

 

Les infractions relevées contre les 24 navires arraisonnés depuis janvier 2024 sont diverses : pêche en zone interdite, transbordement illégal de produits de pêche, pêche sans autorisation, non détention de licence de pêche à bord, pêche et détention d’espèces immatures, rapporte la même source.

 

L’annonce d’une intensification de la surveillance contre la pêche INN est-elle une réponse aux menaces récentes de l’Union européenne ? Dans un communiqué en date du 27 mai 2024, l’UE infligeait un « carton jaune » au Sénégal « en tant que pays non coopérant dans la lutte contre la pêche INN ». Selon la Commission européenne, notre pays traîne « de graves lacunes (…) ces dernières années » et peine à « se conformer à ses obligations internationales en tant qu’Etat du pavillon, Etat du port, Etat côtier ou Etat de commercialisation ». 

 

Selon l’UE qui revendique le titre de premier importateur mondial de produits de la pêche, la pêche INN génère un chiffre d’affaires estimé entre 10 et 20 milliards d’euros par an. L’équivalent de prises comprises entre 11 et 26 millions de tonnes de poissons, soit 15% des captures mondiales annuelles. 

 

A cet effet, « seuls les produits de la pêche capturés légalement peuvent accéder au marché » de l’Union, que représente l’espace des 27 pays membres de l’Union. Ce qui reviendrait à priver le Sénégal de ses exportations vers les 27 pays membres de l’espace communautaire européen. 

 

La Cour des comptes du Sénégal, dans son dernier rapport consacré au secteur de la pêche et publié en mai 2024, relève pour sa part des pratiques de pêches clandestines de bateaux européens et russes dans les eaux sénégalaises, certains navires ayant « bénéficié de licences en violation des dispositions légales » en vigueur. 

 

Pêche: ce que paie L’UE au Sénégal/an

 

C’est à partir de novembre 2024 que Dakar et Bruxelles doivent entamer la renégociation des accords de pêche qui les lient. Les autorités sénégalaises arrivées au pouvoir en avril 2024 ont affiché leur intention d’obtenir beaucoup plus que le 1,7 million d’euros (1,115 milliard de francs CFA) que l’UE paie comme redevance annuelle pour accéder aux eaux sénégalaises, selon le chef de la Délégation européenne au Sénégal, Jean-Marc Pisani. 

  

le 14 juin dernier, la ministre Fatou Diouf avait annoncé des mesures et initiatives destinées à renforcer la surveillance des activités de pêche dans les eaux maritimes sénégalaises dont la réception d’un navire. C’était lors de l’installation du Comité de pilotage du SENRM, le Projet de gestion des ressources naturelles au Sénégal. 

 

Le SENRM envisage d’acquérir 24 pirogues de surveillance pour les organisations de pêcheurs de ses 5 zones d’intervention que sont Dakar, Fatick Saint-Louis, Thiès et Ziguinchor”.

 
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