MARSEILLE (Reuters) - L'insalubrité de l'habitat à Marseille a de nouveau jeté samedi plusieurs milliers de personnes dans les rues de la deuxième ville de France, près d'un mois après l'effondrement de plusieurs immeubles qui ont provoqué la mort de huit personnes.
Les manifestants se sont regroupés à proximité du quartier de Noailles, près du lieu de l'effondrement, avant de converger vers le Vieux-Port et la mairie de Marseille placée sous haute protection policière.
Après une marche du recueillement en hommage aux victimes de l'effondrement, la marche de la colère contre l'inaction supposée de la municipalité, la troisième marche a été celle du "droit à un logement digne" pour les centaines de personnes évacuées depuis le 5 novembre.
Certains manifestants ont brandi des immeubles fabriqués dans de vieux emballages pour stigmatiser une "ville de carton".
"Les sinistrés sont devenus des nomades", souligne le collectif du 5 novembre, l'un des organisateurs de la marche.
"C’est la psychose à tous les étages. C’est normal quand on veut faire en quatre semaines ce que l’on a négligé de faire durant des décennies", souligne l'un des membres du collectif, Kévin Vacher.
Les manifestants ont notamment réclamé la réquisition de tous les logements vacants et la démission du maire Les Républicains de Marseille, Jean-Claude Gaudin.
"On a le droit à des informations, au respect et à être traité décemment. On a le droit d’obtenir des réponses aussi. On en est très loin aujourd’hui", déplore un habitant évacué.
Selon un dernier décompte effectué mercredi par la mairie de Marseille, près de 1.500 personnes ont été mises à l'abri et 193 immeubles évacués à Marseille depuis le 5 novembre.
Au total, 1.482 personnes ont été préventivement mises en sécurité, dont 1.146 hébergées dans 31 hôtels de la commune.
"C’est le plus gros déplacement de population depuis la Deuxième Guerre mondiale. Les gens doivent être relogés et le maire n’aura d’autre choix que la réquisitionné, a dit en marge du rassemblement le député de Marseille, Jean-Luc Mélenchon.
Le parquet de Marseille a ouvert mardi une information judiciaire contre X pour "homicides et blessures involontaires" qui a été confiée à trois juges d'instruction du pôle accident collectif du tribunal de grande instance de Marseille.
"A ce jour, les causes de l'effondrement de ces immeubles, qui avaient donné lieu à plusieurs expertises, ne sont pas établies", a dit le procureur de Marseille, Xavier Tarabeux.