À défaut de pouvoir éradiquer le trafic de drogue, le directeur d’un parc berlinois a trouvé une solution pour la contrôler : créer des zones spéciales pour les dealers.
Le but premier de cette opération était d’éloigner les vendeurs de drogues, des joggeurs et des familles. Mercredi dernier, des rectangles roses ont fait leur apparition sur la chaussée du Görlitzer Park, situé dans le quartier de Kreuzberg. Une décision loin de faire l’unanimité dans la capitale allemande, s’attirant les foudres du public, de la police et de responsables politiques.
La droite conservatrice n'a pas ainsi spécialement apprécié cette initiative. "Au lieu de lutter contre la criminalité liée à la drogue, le trafic de drogue est désormais organisé" a tweeté Burkard Dregger, le chef de fil de la CDU à Berlin.
Le directeur du parc, Cengiz Demirci a pourtant défendu sa décision en déclarant aux médias berlinois qu’il ne s’agissait pas d’une mesure visant à légaliser la vente de drogue. "Nous voulons juste que les gens ne soient pas dérangés lorsqu’ils se trouvent dans le parc et qu’on ne leur demande pas constamment s’ils veulent acheter de la drogue".
Depuis plusieurs années, ce parc faisait parler de lui pour son problème de trafic de drogue, la ville ayant déjà débattu de ce problème sans pour autant trouver de solutions viables.
Après l’apparition de la peinture rose dans le parc cette semaine, la mairie de l'arrondissement de Friedrichshain-Kreuzberg, a rapidement pris ses distances. "Faire ces marquages n’était pas une bonne proposition pour améliorer la situation" nous déclare la porte-parole du IIe arrondissement de la capitale allemande, Sarah Lühmann. Cette dernière indique également que l'administration locale n'avait, bien sûr, aucunement l’intention de légitimer la vente de drogue.
"En outre, la lutte contre la criminalité liée à la drogue relève avant tout de la responsabilité de la police", ajoute-t-elle.
C’est une blague ?
Au début, beaucoup de Berlinois pensaient à une blague ou à une sorte d’installation artistique. "Je pensais que c’était une œuvre d’art", nous avoue Christophe Hager. "_Un peu comme le travail de Schlingensief. Mais en tant que tentative pour résoudre le problème de la drogue, c’est bien sûr ridicule_". L’homme de 45 ans, qui fréquente souvent le parc avec sa fille, a confié n’avoir jamais eu une seule expérience négative. Sa petite amie, en revanche, se plaint parfois que certains vendeurs lui proposent de la drogue, malgré ses refus incessants.
Christophe Hager souligne toutefois les problèmes que rencontrent certains vendeurs. "La situation est généralement difficile pour ces personnes qui débarquent à Berlin. Il serait triste qu'une société à deux vitesses émerge, dans laquelle les migrants devraient mener leur vie dans un monde __parallèle sans avenir".
Une position appuyée par d’autres. "Beaucoup de gens se mettent à vendre de la drogue en raison de leur situation, de leur vie précaire et de l’absence de permis de travail légal" concède M. Feifel. Ce dernier emmène souvent ses enfants, âgés de quatre et sept ans à "Görli", le nom que les Berlinois ont donné au parc. Pour lui, le problème est le reflet de l’échec de l’intégration des migrants.
Aucun de nous ne veut vendre de la drogue
Nous avons enfin rencontré un homme, préférant rester anonyme, qui a vendu de la drogue dans le parc parce qu’il n’avait pas de permis de travail. Comme beaucoup de personnes qui sont venues en Allemagne en provenance de pays africains, il n’a obtenu que de la tolérance, mais aucun permis de travail. "Aucun d’entre nous ne veut vendre de la drogue de son plein gré" confie-t-il. Ce n’est qu’après son mariage qu’il a pu commencer à travailler légalement. Aujourd’hui réceptionniste dans un hôtel, il pense que Cengiz Demirci a pris cette décision uniquement pour attirer l’attention des médias.
La politique de tolérance zéro n’a pas été couronnée de succès
Jusqu’en 2016 environ, une politique de tolérance zéro à l’égard des trafiquants de drogue avait été mise en place, mais elle n’a pas mis fin au problème. La police avait l’habitude d'appréhender tous les vendeurs de drogue et de confisquer jusqu'aux joints. Mais pour beaucoup, la présence de la police a été plus répréhensible que celle des vendeurs. Une position partagée par Lucie Bauer, une habituée du Görlitzer Park. "La police poursuivait les gens dans les parcs. C’était bien pire que quelques personnes vendant de la drogue", nous explique-t-elle.
Au cours de cette période, la mairie de l'arrondissement a profité de l'occasion pour promouvoir ses efforts pour améliorer le parc. Depuis 2016, les autorités locales s'efforcent de rendre le parc plus agréable pour tous. Une des mesures prises a été l’installation de nouvelles toilettes au sein du parc. De plus, un conseil du parc composé du gestionnaire, des résidents du quartier, ainsi que des autres usagers, a été créé.
Dans un communiqué de presse, la mairie du 2e arrondissement de Berlin a également souligné que la couleur utilisée pour dessiner les fameux rectangles est soluble dans l'eau. (Euronews)
Le but premier de cette opération était d’éloigner les vendeurs de drogues, des joggeurs et des familles. Mercredi dernier, des rectangles roses ont fait leur apparition sur la chaussée du Görlitzer Park, situé dans le quartier de Kreuzberg. Une décision loin de faire l’unanimité dans la capitale allemande, s’attirant les foudres du public, de la police et de responsables politiques.
La droite conservatrice n'a pas ainsi spécialement apprécié cette initiative. "Au lieu de lutter contre la criminalité liée à la drogue, le trafic de drogue est désormais organisé" a tweeté Burkard Dregger, le chef de fil de la CDU à Berlin.
Le directeur du parc, Cengiz Demirci a pourtant défendu sa décision en déclarant aux médias berlinois qu’il ne s’agissait pas d’une mesure visant à légaliser la vente de drogue. "Nous voulons juste que les gens ne soient pas dérangés lorsqu’ils se trouvent dans le parc et qu’on ne leur demande pas constamment s’ils veulent acheter de la drogue".
Depuis plusieurs années, ce parc faisait parler de lui pour son problème de trafic de drogue, la ville ayant déjà débattu de ce problème sans pour autant trouver de solutions viables.
Après l’apparition de la peinture rose dans le parc cette semaine, la mairie de l'arrondissement de Friedrichshain-Kreuzberg, a rapidement pris ses distances. "Faire ces marquages n’était pas une bonne proposition pour améliorer la situation" nous déclare la porte-parole du IIe arrondissement de la capitale allemande, Sarah Lühmann. Cette dernière indique également que l'administration locale n'avait, bien sûr, aucunement l’intention de légitimer la vente de drogue.
"En outre, la lutte contre la criminalité liée à la drogue relève avant tout de la responsabilité de la police", ajoute-t-elle.
C’est une blague ?
Au début, beaucoup de Berlinois pensaient à une blague ou à une sorte d’installation artistique. "Je pensais que c’était une œuvre d’art", nous avoue Christophe Hager. "_Un peu comme le travail de Schlingensief. Mais en tant que tentative pour résoudre le problème de la drogue, c’est bien sûr ridicule_". L’homme de 45 ans, qui fréquente souvent le parc avec sa fille, a confié n’avoir jamais eu une seule expérience négative. Sa petite amie, en revanche, se plaint parfois que certains vendeurs lui proposent de la drogue, malgré ses refus incessants.
Christophe Hager souligne toutefois les problèmes que rencontrent certains vendeurs. "La situation est généralement difficile pour ces personnes qui débarquent à Berlin. Il serait triste qu'une société à deux vitesses émerge, dans laquelle les migrants devraient mener leur vie dans un monde __parallèle sans avenir".
Une position appuyée par d’autres. "Beaucoup de gens se mettent à vendre de la drogue en raison de leur situation, de leur vie précaire et de l’absence de permis de travail légal" concède M. Feifel. Ce dernier emmène souvent ses enfants, âgés de quatre et sept ans à "Görli", le nom que les Berlinois ont donné au parc. Pour lui, le problème est le reflet de l’échec de l’intégration des migrants.
Aucun de nous ne veut vendre de la drogue
Nous avons enfin rencontré un homme, préférant rester anonyme, qui a vendu de la drogue dans le parc parce qu’il n’avait pas de permis de travail. Comme beaucoup de personnes qui sont venues en Allemagne en provenance de pays africains, il n’a obtenu que de la tolérance, mais aucun permis de travail. "Aucun d’entre nous ne veut vendre de la drogue de son plein gré" confie-t-il. Ce n’est qu’après son mariage qu’il a pu commencer à travailler légalement. Aujourd’hui réceptionniste dans un hôtel, il pense que Cengiz Demirci a pris cette décision uniquement pour attirer l’attention des médias.
La politique de tolérance zéro n’a pas été couronnée de succès
Jusqu’en 2016 environ, une politique de tolérance zéro à l’égard des trafiquants de drogue avait été mise en place, mais elle n’a pas mis fin au problème. La police avait l’habitude d'appréhender tous les vendeurs de drogue et de confisquer jusqu'aux joints. Mais pour beaucoup, la présence de la police a été plus répréhensible que celle des vendeurs. Une position partagée par Lucie Bauer, une habituée du Görlitzer Park. "La police poursuivait les gens dans les parcs. C’était bien pire que quelques personnes vendant de la drogue", nous explique-t-elle.
Au cours de cette période, la mairie de l'arrondissement a profité de l'occasion pour promouvoir ses efforts pour améliorer le parc. Depuis 2016, les autorités locales s'efforcent de rendre le parc plus agréable pour tous. Une des mesures prises a été l’installation de nouvelles toilettes au sein du parc. De plus, un conseil du parc composé du gestionnaire, des résidents du quartier, ainsi que des autres usagers, a été créé.
Dans un communiqué de presse, la mairie du 2e arrondissement de Berlin a également souligné que la couleur utilisée pour dessiner les fameux rectangles est soluble dans l'eau. (Euronews)