PARIS (Reuters) - Le parquet de Paris a annoncé mercredi avoir ouvert contre Jean-Luc Mélenchon une procédure pour violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique, notamment, après une perquisition houleuse au siège de La France insoumise.
Le chef du groupe LFI à l'Assemblée nationale a accusé le gouvernement de manoeuvrer une "police politique" après les perquisitions menées mardi à son domicile et dans une quinzaine de sites liés à La France insoumise, des accusations balayées par le Premier ministre Edouard Philippe.
Jean-Luc Mélenchon avait diffusé lui-même des images de la perquisition à son domicile mais une nouvelle vidéo diffusée mardi soir par l'émission télévisée Quotidien sur TMC montre des scènes houleuses lors de la perquisition au siège de LFI.
On y voit le dirigeant de la gauche radicale et ses proches apostropher vivement des policiers et le procureur, tandis que ses soutiens défoncent la porte du local perquisitionné.
"À la suite des incidents survenus hier au cours d'une perquisition autorisée par le JLD (juge des libertés et de la détention-NDLR) dans le cadre d'une enquête préliminaire diligentée par le parquet, je vous informe que le parquet de Paris a ouvert ce jour une procédure des chefs de menaces ou actes d'intimidation contre l'autorité judiciaire et violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique", peut-on lire dans un communiqué du parquet.
"JE SUIS UN MÉDITERRANÉEN", DIT MÉLENCHON
Il ajoute que, "dans un souci d'impartialité, le procureur de la République de Paris à demandé au procureur général que cette procédure (qui met en cause en qualité de victimes des magistrats du parquet de Paris) soit transmise au procureur du tribunal de grande instance le plus proche".
Les perquisitions s'inscrivaient dans le cadre de deux enquêtes préliminaires ouvertes par le parquet de Paris : l'une à la suite d'une dénonciation relative à l'emploi des assistants parlementaires européens de LFI, l'autre après un signalement du président de la Commission nationale des comptes de campagne relatif à la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon.
Invité mercredi de BFM TV et RMC Info avant l'annonce de l'ouverture d'une procédure par le parquet, le chef de file de La France insoumise a fustigé "une volonté d'intimidation".
"Nous sommes traités comme un gang de malfaiteurs (...) on ne fait pas ça aux chefs de la drogue", a-t-il insisté, en précisant toutefois ne pas protester "contre le fait qu'on puisse
- e perquisitionner."
"La procédure légale n'a pas été respectée", a-t-il affirmé, ajoutant avoir "le droit de
Les syndicats de policiers ont vivement réagi aux images.
Alternative Police CFDT a dénoncé dans un communiqué "le comportement antirépublicain" de Jean-Luc Mélenchon.
Pour le porte-parole du gouvernement, "Jean-Luc Mélenchon est républicain quand ça l'arrange".
"Il a tourné en ridicule une procédure judiciaire et les magistrats. Quand on a aspiré à être président de la République, à occuper les plus hautes fonctions, à être en tant que tel garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire, je trouve cela pour le moins étrange", a dit Benjamin Griveaux sur RTL.
LES DEUX VOLETS DE L'ENQUÊTE
Pour ce qui est du volet européen, la mise en cause de Jean-Luc Mélenchon a débuté par une dénonciation, en mars 2017, de Sophie Montel, eurodéputée du Front national, dénonciation qui impliquait en outre le MoDem et avait précipité la sortie du gouvernement de trois ministres issus des rangs centristes.
Soupçonnés d'avoir mis en place un système frauduleux pour rémunérer leurs permanents avec des deniers européens, plusieurs responsables du Rassemblement national (ex-FN), dont Marine Le Pen, ont déjà été mis en examen dans ce dossier.
En matière de financement de la campagne présidentielle, le parquet de Paris a classé sans suite une plainte de l'association anticorruption Anticor visant les comptes d'Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon en 2017.
Mais deux enquêtes préliminaires continuent de suivre leur cours, la première dirigée par le parquet de Lyon sur la campagne du candidat Macron dans cette ville, sur plainte du chef de file de l'opposition de droite lyonnaise, Stéphane Guilland (Les Républicains).
La seconde sur des soupçons de surfacturation concernant les comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon à la suite d'un signalement en mars de la Commission nationale, qui avait validé avec des corrections les comptes des onze grands candidats à l'élection présidentielle.