Les participants aux deux jours du « dialogue national » ont rigoureusement respecté la consigne du président de la République concernant la date de l’élection présidentielle. Macky Sall voulait un scrutin « avant l’hivernage » et avec le moins d’interférences possible avec des plages religieuses chrétiennes et musulmanes, la date du 2 juin 2024 a été sortie du chapeau des « dialogueurs ». En outre, la commission ‘’Dialogue et gestion de la transition’’ a proposé que le président sortant assure la transition du pouvoir à compter du 2 avril, terme de son dernier mandat, avant de passer le flambeau à son successeur élu.
Sur un autre volet, le « dialogue national » s’est dit favorable au maintien des 19 candidatures déjà validées par le Conseil constitutionnel dans sa Décision du 20 janvier 2024. Mais il sera soumis aux juges du conseil une réévaluation - sans doute positive - de certains dossiers des candidats recalés dont celui apparemment particulier de Karim Wade.
Comme il l’avait indiqué la semaine dernière, le président Macky Sall va soumettre ces propositions au Conseil constitutionnel avec l’espoir qu’elles seront validées. En même temps, ces propositions sont en contradiction flagrantes avec les deux Décisions de l’institution concernant la liste des candidats du 20 janvier 2024 et le caractère intangible de la durée du mandat réaffirmé le 15 février dernier.
Que vont faire les juges ? Ont-ils les moyens de s’opposer à la determination affichée du président Sall ? Apporteront-ils des correctifs substantiels aux propositions que le chef de l’Etat leur fera parvenir ?
Dans leur Décision du 15 février qui a désavoué le président Macky Sall dans son envie de reporter la présidentielle et de rallonger son mandat, ils rappellent dans la ''Considération 14'' "que la date de l'élection ne peut être reportée au-delà de la durée du mandat" et "que le mandat du président de la République ne peut être prorogé en vertu des dispositions de l'article 103" de la Constitution.
Pour Thierno Alassane Sall, candidat et membre du FC 25, « le Conseil constitutionnel ne peut que persister et signer que fixer l’élection après le 2 avril est anti-constitutionnel. » Sauf s’il decide de « se renier », précise-t-il.
Mais pour Ndiaga Sylla, président du Dialogue citoyen, « la meilleure réponse consiste à trouver un compromis pour la poursuite du processus électoral et la tenue du scrutin entre les dimanches 5 mai et 2 juin 2024. » Dans cette situation complexe, ajoute l’expert électoral, « l’attachement à a paix, la stabilité et la cohésion nationale interpelle tous les patriotes », appelant « les candidats et toutes les forces vives à refuser la confrontation à laquelle nous pousse le Président sortant. » Du reste, « d’ici le 2 avril, nul autre que le Président ne saurait organiser l’élection ! »