Première en Afrique subsaharienne, 33e dans le monde. La Mauritanie est la bonne surprise du classement mondial de la liberté de presse dans le monde en 2024 dévoilé ce 3 mai 2024 à Dakar par Reporters sans frontières (RSF) à l’occasion de la Journée internationale de la liberté de presse.
En réalisant un bond gigantesque de 52 places sur une année, la Mauritanie récolte les fruits des modifications importantes apportées sur les lois régissant la presse et le secteur audiovisuel, explique Sadibou Marong. Les journalistes semblent plus à l’aise dans cet environnement sur lequel, en plus, ne pèse plus forcément les menaces judiciaires liées aux traitements médiatiques de la question de l’esclavage, souligne le directeur Afrique subsaharienne de RSF. L’institutionnalisation de la carte de presse a contribué également à assainir le secteur de la presse. Le pouvoir moins autoritaire du Président Mohamed Ould Ghazouani (en comparaison avec son prédécesseur Mohamed Ould Abdelaziz) n'y serait pas étranger, également.
A l’autre bout de la chaine, l’Érythrée reste fidèle à son système de répression du pluralisme médiatique qui le maintient à la 180e place dans le monde. « C’est un désert de l’information où des journalistes sont en prison depuis 22 ans », assure Marong.
Après la Mauritanie, pointent les habituels bons élèves de la liberté de presse en Afrique : Namibie (34), Seychelles (37), Afrique du Sud (38), Cap-Vert (41), tous dans la zone ‘’jaune moutarde’’.
Dans la ‘’zone rouge’’, figure un pays comme la Guinée (78e) qui a gagné 7 rangs par rapport à 2023 mais où la situation reste préoccupante, selon RSF. « Il n’y a jamais eu autant d’atteintes à la liberté de presse dans ce pays », relève Sadibou Marong.
Le responsable de RSF cite pêle-mêle : radios indépendantes brouillées ou fermées, internet coupé durant trois mois, 3 chaines de télévision retirées des bouquets Canal+ et Startimes, blocages de sites d’information en ligne, etc. Des actes revendiqués par la junte militaire qui ont eu des « conséquences économiques désastreuses » sur l’écosystème des médias locaux.
Cette tendance à la répression des hommes et organes de presse est constatée depuis trois ans dans trois autres pays du Sahel sous administration militaire après l’arrivée de juntes issues de coup d’Etat.
Au Niger (80e), au Burkina Faso (86e) et au (Mali (114e), un journalisme dit patriotique grignote peu à peu de l’espace au détriment d’un journalisme indépendant dont les représentants font l’objet de pressions diverses qui finissent souvent mal, souligne Camille Montagu, du Bureau Afrique Subsaharienne de RSF. Ces trois pays ont respectivement perdu 19, 28 et 1 places depuis le dernier classement de 2023. La conséquence est le musellement de toutes voix discordantes à l’interne et le départ des correspondants internationaux.
Comme chaque année, ce sont les pays nordiques d’Europe qui trônent en haut de l’affiche de la liberté de presse : Norvège, Danemark, Suède, Pas-Bas, Finlande dans l’ordre. [IMPACT.SN]