Un débat s’est fait jour dans notre pays: c’est le (grand) retour des entreprises françaises au cœur de l’économie sénégalaise après le départ du régime d’Abdoulaye Wade. Aujourd’hui, le président Macky Sall est considéré comme le principal responsable de la «réimplantation» des intérêts de la France au détriment de franges importantes du tissu économique local. Depuis six ans en effet, les grands et moyens projets tombés dans l’escarcelle de sociétés françaises et embrassent tous les secteurs: énergies, transports, télécoms, commerce, pétrole-gaz, etc.
Le cas du Sénégal serait peut-être une oasis dans un espace subsaharien où la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (Coface) alerte vigoureusement contre la chute des parts de marchés à laquelle les entreprises hexagonales doivent faire face depuis plus d’une décennie au contact d’une concurrence étrangère de plus en plus farouche. Une sonnette d’alarme qui renouvelle en quelque sorte le cri de détresse du Sénat avec la fameuse étude publiée en 2013 sur le même sujet.
Dans un communiqué de presse alarmant et très documenté daté de juin 2018, la Coface, qui sert de paratonnerre aux entreprises françaises confrontées aux mauvais payeurs, notamment en Afrique, rappelle que la France a perdu depuis 2017 «son statut de premier fournisseur européen du continent.» Une place enviable que l’Allemagne lui a arrachée. La dégringolade a commencé en 2000 quand les parts de marché à l’exportation en Afrique qui étaient de 11% sont tombés à 5,5% en 2017.
«Cette perte concerne tous les secteurs exportateurs phares, à l’exception de l’aéronautique», précise le document exploité par «Tribune», même si «27 pays africains représentent une hausse potentielle des exportations de près de 21%.»
En raison - ou à cause - de la concurrence de la Turquie, de l’Espagne et (surtout) de la Chine, la part française (exportations) dans le secteur des machines est passée de 12 à 6% entre 2001 et 2017. Sur la même période, la part des entreprises chinoises «a été multipliée par huit pour atteindre ¼ des exportations totales de machines. Du reste, souligne la Coface, la dégringolade des parts de marchés françaises «est impressionnante» au niveau de pays d’Afrique francophone avec des points de pourcentage (pp) compris entre 15 et 20 pp. Elle concerne l’Algérie, le Maroc, la Côte d’Ivoire et le Cameroun. Au Sénégal, la chute a atteint 25 pp.
Dans le domaine pharmaceutique, «les parts de marchés françaises à l’exportation ont été quasiment divisées par deux (de 33% en 2001 à 19% en 2017). Les entreprises qui ont le plus bénéficié de ce recul hexagonal sont indiennes avec un poids qui a grimpé de 5 à 18%. Le segment porteur à ce niveau est représenté par les médicaments génériques aux coûts très concurrentiels.
La mauvaise posture française est également notable dans le secteur des appareils électriques et électroniques, passant de 16% en 2001 à 3% en 2017. Au même moment, la Chine est montée en puissance en faisant passer la part de ses entreprises de 7% à un tiers des flux entrants sur le continent africain. Mais des pays comme la Belgique, la Suisse, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont aussi tiré parti du déclin français.
En 2017, la France est au 7e rang des pays fournisseurs de véhicules après avoir été 3 en 2001, soit des parts de marchés passées de 15 à 5%. Les exportations de la Chine et de l’Inde ainsi que les progressions venues de Roumanie et d’Espagne à travers leurs filiales installées au Maghreb ont contribué à cette perte de vitesse de l’industrie automobile française en Afrique francophone.
Lueurs d’espoir
Tout n’est pas perdu pour autant de voir les exportations françaises retrouver un second souffle sur le continent africain. Pour la Coface, il existe un potentiel encore inexploité en somnolence dans 27 pays et estimé à 21%. Ces niches sont en Afrique de l’Est, une zone économique non historiquement comprise dans l’aire d’influence française (Soudan, Somalie, Rwanda, Ouganda, Zimbabwe, Botswana…). Le rattrapage est possible même dans des pays du pourtour méditerranéen de longue date partenaires commerciaux de la France comme l’Algérie et le Maroc ; ainsi que dans les anciennes colonies situées dans la bande sahélienne (Mali, Burkina Faso, Tchad et Niger).
Avec les deux puissances continentales que sont l’Afrique du Sud et le Nigeria, «les exportations françaises excèdent le niveau estimé par le modèle de Coface», indique le document de la compagnie de crédit. De même qu’avec la Namibie, le Ghana, l’Angola et le Kenya.
Le cas du Sénégal serait peut-être une oasis dans un espace subsaharien où la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (Coface) alerte vigoureusement contre la chute des parts de marchés à laquelle les entreprises hexagonales doivent faire face depuis plus d’une décennie au contact d’une concurrence étrangère de plus en plus farouche. Une sonnette d’alarme qui renouvelle en quelque sorte le cri de détresse du Sénat avec la fameuse étude publiée en 2013 sur le même sujet.
Dans un communiqué de presse alarmant et très documenté daté de juin 2018, la Coface, qui sert de paratonnerre aux entreprises françaises confrontées aux mauvais payeurs, notamment en Afrique, rappelle que la France a perdu depuis 2017 «son statut de premier fournisseur européen du continent.» Une place enviable que l’Allemagne lui a arrachée. La dégringolade a commencé en 2000 quand les parts de marché à l’exportation en Afrique qui étaient de 11% sont tombés à 5,5% en 2017.
«Cette perte concerne tous les secteurs exportateurs phares, à l’exception de l’aéronautique», précise le document exploité par «Tribune», même si «27 pays africains représentent une hausse potentielle des exportations de près de 21%.»
En raison - ou à cause - de la concurrence de la Turquie, de l’Espagne et (surtout) de la Chine, la part française (exportations) dans le secteur des machines est passée de 12 à 6% entre 2001 et 2017. Sur la même période, la part des entreprises chinoises «a été multipliée par huit pour atteindre ¼ des exportations totales de machines. Du reste, souligne la Coface, la dégringolade des parts de marchés françaises «est impressionnante» au niveau de pays d’Afrique francophone avec des points de pourcentage (pp) compris entre 15 et 20 pp. Elle concerne l’Algérie, le Maroc, la Côte d’Ivoire et le Cameroun. Au Sénégal, la chute a atteint 25 pp.
Dans le domaine pharmaceutique, «les parts de marchés françaises à l’exportation ont été quasiment divisées par deux (de 33% en 2001 à 19% en 2017). Les entreprises qui ont le plus bénéficié de ce recul hexagonal sont indiennes avec un poids qui a grimpé de 5 à 18%. Le segment porteur à ce niveau est représenté par les médicaments génériques aux coûts très concurrentiels.
La mauvaise posture française est également notable dans le secteur des appareils électriques et électroniques, passant de 16% en 2001 à 3% en 2017. Au même moment, la Chine est montée en puissance en faisant passer la part de ses entreprises de 7% à un tiers des flux entrants sur le continent africain. Mais des pays comme la Belgique, la Suisse, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont aussi tiré parti du déclin français.
En 2017, la France est au 7e rang des pays fournisseurs de véhicules après avoir été 3 en 2001, soit des parts de marchés passées de 15 à 5%. Les exportations de la Chine et de l’Inde ainsi que les progressions venues de Roumanie et d’Espagne à travers leurs filiales installées au Maghreb ont contribué à cette perte de vitesse de l’industrie automobile française en Afrique francophone.
Lueurs d’espoir
Tout n’est pas perdu pour autant de voir les exportations françaises retrouver un second souffle sur le continent africain. Pour la Coface, il existe un potentiel encore inexploité en somnolence dans 27 pays et estimé à 21%. Ces niches sont en Afrique de l’Est, une zone économique non historiquement comprise dans l’aire d’influence française (Soudan, Somalie, Rwanda, Ouganda, Zimbabwe, Botswana…). Le rattrapage est possible même dans des pays du pourtour méditerranéen de longue date partenaires commerciaux de la France comme l’Algérie et le Maroc ; ainsi que dans les anciennes colonies situées dans la bande sahélienne (Mali, Burkina Faso, Tchad et Niger).
Avec les deux puissances continentales que sont l’Afrique du Sud et le Nigeria, «les exportations françaises excèdent le niveau estimé par le modèle de Coface», indique le document de la compagnie de crédit. De même qu’avec la Namibie, le Ghana, l’Angola et le Kenya.