« Nous appelons les autorités sénégalaises á organiser l’élection présidentielle (du 25 février 2024) le plus rapidement possible conformément à la Constitution du Senegal. »
C’est la déclaration faire cette après-midi par Stéphane Séjourné, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères. Il répondait au député écologiste Aurélien Taché lors de la traditionnelle série des questions d’actualité du mercredi á l’assemblée nationale.
Lundi 5 février, une proposition de loi constitutionnelle a été adoptée manu militari avec l’aide de la gendarmerie nationale par le bloc des députés du pouvoir et de leurs alliés. Elle repousse l’élection présidentielle au 15 décembre 2024 et prolonge de fait le mandat du président Macky Sall de neuf mois.
« La décision de reporter de près de dix mois l’élection présidentielle et d’allonger d’autant le mandat du President plonge le Sénégal dans une période d’incertitude politique majeure. C’est une situation très préoccupante », reconnait Séjourné.
Pour le chef de la diplomatie française, « le peuple sénégalais doit pouvoir choisir librement ses dirigeants conformément aux règles de l’Etat de droit et de la démocratie sénégalaise. »
Le mandat constitutionnel de l’actuel chef d’Etat expire le 2 avril 2024. Mais l’opposition et la société civile sénégalaises ont déjà annoncé qu’elles ne reconnaitront plus Macky Sall comme President de la République du Sénégal à cette échéance. Les juristes et autres experts du droit constitutionnel indiquent tous que le pouvoir sera vacant à cette date car la loi votée par les députés du pouvoir et leurs alliés est inconstitutionnelle dans toutes ses dispositions.
Lisant ses notes á la tribune, Stéphane Séjourné, nommé lors du remaniement ministériel de décembre en remplacement de Catherine Colonna, affirme que « le Gouvernement sénégalais doit répondre aux aspirations légitimes de sa population et, notamment, de sa jeunesse. »
Il a appelé les autorités de Dakar « à préserver la longue et solide tradition démocratique et á garantir l’ensemble des libertés publiques » consacrées par les lois du pays. « Le Sénégal doit rester démocratique », dit-il.
Depuis quelques jours, diverses manifestations des candidats retenus par le Conseil constitutionnel sont réprimées par les forces de défense et de sécurité sénégalaises en plusieurs endroits du territoire, notamment à Dakar. Mardi soir, trois députés d’opposition, un ex-capitaine de gendarmerie et plusieurs autres personnes avaient été arrêtés lors d’un rassemblement politique aux Parcelles assainies, en proche banlieue. Ils ont finalement été libérés par la police ce matin.
La position de la France sur la situation actuelle au Sénégal a donc sensiblement évolué depuis le très laconique communiqué en date du 4 février. Dams cette note publiée alors par le porte-parole adjoint du Quai d’Orsay, Paris se contentait simplement d’appeler « les autorités à lever les incertitudes autour du calendrier électoral pour que les élections puissent se tenir dans le meilleur délai possible et dans le respect des règles de la démocratie sénégalaise. »