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SENEGAL : Les dérives autocratiques du président libéral n'arrêteront pas la marche vers le pouvoir populaire!

Dimanche 28 Août 2016

SENEGAL : Les dérives autocratiques du président libéral n'arrêteront pas la marche vers le pouvoir populaire!
En date du 18 août 2016, Yoonu Askan Wi a déposé auprès du préfet du département de Dakar une « lettre d’information préalable concernant une manifestation pacifique » pour que le soutien populaire aux dénonciations faites par Ousmane Sonko de la mal-gouvernance caractéristique des libéraux au pouvoir vienne s’exprimer concrètement sous les fenêtres de la commission disciplinaire de la fonction Publique. 

C’est pendant l’audition même du porte parole de Yoonu Askan Wi au Commissariat du Point E que la décision liberticide et anticonstitutionnelle interdisant la manifestation est tombée.
 
Le wadisme sans Wade ou la continuité libérale
Par deux fois le peuple mobilisé a mis fin à 40 ans de règne social libéral PS de 1960 à 2000 et à celui libéral du PDS. Mais si la formidable révolte citoyenne du 23 juin 2011 a permis de dégager Wade, son waxeet et sa dévolution monarchique, elle a mis au pouvoir l’un des ses trois « fils » libéraux. Wade pensant à son fils biologique avait « prédit » que le règne des libéraux durerait 50 ans. Si il s'est trompé en ce qui concerne son rejeton voleur, il faut dire que sentant sa fin proche après le sursaut populaire du 23 juin 2011, la seconde place du premier tour de la présidentielle filée à son autre rejeton libéral Macky et non au troisième Idy nous est toujours apparue comme un coup de jarnac wadien.
 
En effet, non seulement le pouvoir restait aux mains de la famille libérale, mais les « deal » comme celui de la grâce  présidentielle qui a libéré le condamné pour détournement des deniers publics seraient plus facile avec les « fils libéraux ». A défaut de la succession monarchique biologique libérale, nous avons assisté au Sénégal à une succession monarchique politique libérale.
 
La circonstance politique qui a masqué ce fait jusque récemment a été l'émergence contre les dérives autocratiques de Wade des Assises Nationales que les forces vives du pays ont mis en place pour forger un contrat national démocratique, citoyen et républicain à opposer au règne monarchique de Wade père. En effet, le libéral Macky a signé les conclusions des Assises Nationales entre les deux tours de la présidentielle dans le dessein de tromper le peuple et rallier toutes les forces vives du pays autour de son pouvoir.
 
La distribution des postes politiques de sinécures a fait le reste : les sociaux libéraux Moustapha Niasse à la présidence de l'Assemblée Nationale, Tanor Dieng Conseiller à la présidence puis futur président annoncé du Haut Conseil des collectivités Territoriales, des postes ministériels au Pit-S et à la LD, des postes à cet autre institution budgétivore qu'est le Conseil Economique Social et Environnemental et des postes de PCA ou de candidat à la présidence de l'UA, etc.
 
Cette stratégie de ralliement du président Macky a pour seul objectif de se façonner comme unique opposition les débris du PDS contre lequel sont utilisés à la fois la répression de la CREI, l'élimination politique par des artifices politico-judiciaires et la transhumance.

Cette politique délibérée a pour objet de brouiller les pistes en camouflant l'essence libérale des politiques apatrides néocoloniales que subit le peuple. Le clivage politique est ainsi réduit à « pour Macky » ou « pour les Wade », tel est d'ailleurs tout l'argumentaire prétexte à  la participation au gouvernement actuel et à Benno Book Yaakar (BBY) des chefs opportunistes de la gauche historique et même des sociaux démocrates libéraux du PS. 
 
Tout est fait pour masquer le débat politique de fond sur les projets de sociétés, sur les programmes politiques et sur l'existence des classes sociales qui sont les véritables fondements de l'existence des partis politiques et des engagements politiques pour sortir le pays et le peuple de l'ornière du sous développement néocolonial.
 
Le Référendum pour enterrer les Assises Nationales a créé une ligne de fracture ouverte au sein de toutes les formations politiques et la dite « société civile ». La défense intransigeante des Assises Nationales et le projet de constitution de la CNRI est devenu la base d'une recomposition politique qui délimite progressivement les camps et favorise la rupture de la bipolarisation politique entre libéraux et sociaux libéraux qui a été façonnée par le PS sous Senghor  pour marginaliser la gauche et les patriotes.

Les agitations du PDS appelant au « NON » lors du Référendum ne peuvent tromper personne, car tout le monde sait que ce parti libéral s'était opposé aux Assises Nationales et se ruent maintenant pour des postes à ce gadget budgétivore pour « transhumants » qu'est le Haut Conseil des Collectivités Territoriales.
 
L'enjeu majeur devient donc ici la nécessaire clarification politique dans la délimitation des camps qui sont en train de se constituer par démarcation puis implosion des partis existants. Les Assises Nationales sont un élément important pour se délimiter, notamment pour la constitution sur le plan tactique d'un front contre les dérives autocratiques du pouvoir libéral actuel.
 
Parallèlement les forces patriotiques véritables et de la gauche débarrassée des renégats opportunistes doivent fusionner en un parti unique sur la base d'une plateforme programme qui associe aux conclusions des Assises Nationales les exigences de sortie du franc cfa, de départ des bases militaires étrangères, de refus de signer les APE et de re-nationalisation des secteurs stratégiques de l'économie nationale.   

Emergence d'une véritable opposition anti-corruption et patriotique
 
Bien entendu « la nature a horreur du vide » dit l'adage. Pendant que les partis coalisés  dans BBY œuvrent à effacer les différences de lignes et que les débris du  PDS s'évertuent à s'agiter comme « seuls opposants », le peuple du 23 juin par sa résistance diffuse va féconder de nouveaux opposants et du sein même de chaque parti et coalitions vont émerger des hommes et femmes du refus du « consensus » prédateur qui fait de l'Etat un puisard dans lequel des postes de sinécures et des milliards sont partagés en toute impunité. Pire se révèle à nouveau au grand jour ce phénomène scandaleux de la patrimonialisation des biens publics par le biais des « marchés passés par des contrats de gré à gré » surtout aux Multinationales des impérialistes Français, US et des réseaux Françafricains et de la continuité wadiste de la mal gouvernance faite de gabegie, de népotisme et de corruption.
 
Des pratiques que Ousmane Sonko, président de Pasteef, s'est évertué à révéler avec force précision et expertise. Les menaces et les suspensions arbitraires n'y changeront rien, ce d'autant plus que ces atteintes liberticides non seulement sont illégales, anti-constitutionnelles et mensongères. Savoir étudier des documents, rapports publics émanant de l'Etat lui même ou des officines internationales pour en faire des révélations sur les pratiques mafieuses de la gouvernance libérale néocoloniale qui explique, en partie, les souffrances du peuple, tel est le « crime » dont est accusé ce patriote défenseur de la bonne et vertueuse gouvernance à laquelle il appelle.

C'est ce que le Doyen Alla Kane, cette figure historique de la gauche aux mains propres et ancien haut fonctionnaire des impôts, a démontré en déclarant tout net : « Sonko a raison sur ses détracteurs ».
 
Déjà avant celui qui défraie actuellement la chronique des révélations politiques sur les prédateurs libéraux au pouvoir, Malick Noël Seck, président de Moom Sa Rew, avait fait de salubrité publique en dévoilant la nature anti-démocratique et anti-patriotique du parti social libéral PS.
 
En même temps sur le front de la lutte contre la recolonisation économique du Sénégal et de l'Afrique, Guy Marius Sagna, responsable dans Yoonu Askan Wi, dirige la campagne contre la signature servile du président Macky Sall de l'Accord de Partenariat Economique (APE) dicté par l'Union Européenne.
 
Les Sonko, Malick, Marius sont légions au Sénégal et ils, elles vont de plus en plus ouvrir les bouches pour faire le procès des scandales nécessairement portés dans leurs bagages politiques par les libéraux et sociaux libéraux qui ont gouverné et gouvernent encore le pays. Le leadership collectif à bâtir n'est qu'une étape pour construire une véritable opposition de gauche patriotique organisée au sein des masses laborieuses et du peuple.     
 
Les deux alternances libérales au Sénégal conduisent à des évolutions politiques majeures qui   sont déterminées par les deux facteurs suivants :
a) le peuple a expérimenté que changer les hommes ne suffit pas à changer sa vie.
b) les chefs historiques de la gauche, après avoir souvent guidé les luttes et avancées démocratiques, ont failli totalement sombrant dans la politique alimentaire et jetant par dessus bord les valeurs et convictions pour lesquelles beaucoup sont devenus des héros martyrs.
Ces deux facteurs consécutifs de l'approfondissement de la crise systémique du capitalisme mondialisé et de ses répercussions dans les néo-colonies comme le nôtre sont à la base du processus de renouvellement perceptible de la classe politique en général et en particulier de la gauche qui est en cours.    
 
Pour comprendre la tragédie qui a frappé la gauche, même si il faut noter qu'avec courage et détermination plusieurs militants de cette gauche historique sauvent l'honneur perdue de celle ci,  il faut absolument garder à l’esprit cet enseignement magistral de Karl Marx : « Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas de plein gré, dans des circonstances librement choisies; celles-ci, ils les trouvent au contraire toutes faites, données, héritage du passé.

La tradition de toutes les générations mortes pèse comme un cauchemar sur le berceau des vivants. Et au moment précis où ils semblent occupés à se transformer eux mêmes et à bouleverser la réalité, à créer l’absolument nouveau, c’est justement à ces époques de crise révolutionnaire qu’ils évoquent anxieusement et appellent à leur rescousse les mânes des ancêtres, qu’ils empruntent noms, mots d’ordre, costumes, afin de jouer la nouvelle pièce historique sous cet antique et vénérable travestissement et avec ce langage d’emprunt »
(Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte).En effet, les humains et les classes sociales agissent sous le coup des nécessités de la lutte de classe, du rapport des forces de classe, du niveau d’organisation et du degrés de conscience politique.
 
Au Sénégal, les chefs opportunistes de la gauche englués dans les travaux pratiques de la collaboration de classes face au nouveau radicalisme de la jeunesse patriotique « évoquent anxieusement et appellent à leur rescousse les mânes des ancêtres (traîtres comme Senghor à la patrie, etc), empruntent noms, mots d'ordre, costumes, afin de jouer la nouvelle pièce historique sous cet antique et vénérable travestissement et avec leur langage d'emprunt » (idem).
 
En effet ce qui se passe au Sénégal rappelle ce que Karl Marx a décliné des différentes formes politiques prises par le processus et le rôle des hommes dans la révolution bourgeoise anti-féodale tout le long du 19éme siècle : « C’est ainsi que Luther prit le masque de l’apôtre Paul, que la Révolution de 1789-1814 se déguisa alternativement en République romaine et en Empire romain, et que la Révolution de 1848 ne sut rien faire de mieux que de parodier tantôt 1789, tantôt la tradition révolutionnaire de 1793-1795.

Il en est ainsi du débutant qui, ayant appris la langue nouvelle, la retraduit toujours en sa langue maternelle, mais il n’aura assimilé l’esprit de la langue apprise et ne pourra créer librement dans celle-ci que le jour où il saura s’y mouvoir sans nul ressouvenir et oubliera, en s’en servant, sa langue d’origine.
(…) Camille Desmoulins, Danton, Robespierre, Saint-Just, Napoléon, les héros, ainsi que les partis et les masses de l’ancienne Révolution française, accomplirent sous le costume romain et avec des phrases romaines la tâche de leur temps : l’émancipation et la création de la société bourgeoise Moderne. (…) Et ses gladiateurs trouvèrent dans les austères traditions classiques de la République romaine les idéaux et les formes d’art, les illusions dont ils avaient besoin pour se dissimuler à eux-mêmes le contenu étroitement bourgeois de leurs luttes et maintenir leur passion à la hauteur de la grande tragédie historique » (idem).
 
Ainsi les Dansokho, Bathily, Landing, pour ne citer que les plus importants chefs opportunistes de la gauche historique, agitent « les illusions dont ils avaient besoin pour se dissimuler à eux-mêmes le contenu étroitement bourgeois de leurs luttes et maintenir leur passion à la hauteur de la grande tragédie historique » (idem), tragédie qui les amènent à tout faire pour empêcher la sortie du bipolarisme politique libéral/social libéral, la réorganisation des forces de la gauche patriotique étape vers la conquête du pouvoir par le peuple avec à sa tête les forces unies de l'alternative populaire.
 
Voilà pourquoi la fusion des cinq partis - MOOM SA REW – PASTEF – RND – TAXAW TEM – YOONU ASKAN WI – est devenue une urgence absolue sur le plan stratégique pour que le front tactique contre les dérives autocratiques ne devienne pas le linceul du cercueil du renouvellement victorieux de la gauche patriotique sans et contre l'opportunisme qui a fait tant de mal et sacrifié tant de révolutionnaires du Sénégal. (Août 2016
Fodé Roland Diagne
 
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