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SENTIMENTS EN CENDRES POUR LE MALI : Ô Mali d’aujourd’hui, ô Mali de demain ! Les champs fleurissent d’espérance…

Vendredi 29 Novembre 2019

Une vue de Bamako en mode manifestation (photo Le Monde)
Une vue de Bamako en mode manifestation (photo Le Monde)
Par Khaly Moustapha LEYE
 
Suite à la disparition des 13 militaires français, le 25 novembre, il ne s’agit pas de jeter de l’huile sur le feu qui attise tous les débats haineux actuels au Mali contre l’armée française, à travers Barkhane.
 
Seulement, il y a à signaler que la présence des forces étrangères sur le sol malien, depuis 2013, commence à perdurer sans qu’une lueur d’espoir n’apparaisse. Non seulement les 13.000 à 15.000 casques bleus de la Minusma (Mission…) symbolisent l’exceptionnalité de la présence onusienne sur un théâtre d’opération avec autant d’hommes, mais aussi cet effectif peine réellement à régler la situation sécuritaire, qui a évolué de menace djihadiste à insécurité croissante dans les plus petits hameaux, les localités et villes du Nord et du centre Mali.
 
Un épineux problème au tout début, avant l’arrivée de l’opération Serval le 11 janvier 2013, avec les bombardements des positions avancées dans les villes occupées du territoire malien par les pseudos djihadistes, qui n’en finit pas d’être toujours aussi épineux et volumineux. Les 1700 militaires français, à eux seuls, avaient suscité beaucoup d’espoirs, avant la grande contestation actuelle dirigée contre les troupes françaises et leur présence inutile au sol, dit-on.
 
Sept ans que ça dure. Mais il est clair qu’attaquer la Lybie à l’époque, pour faire tomber le régime de Kadhafi ne pouvait rester sans conséquence sur le Sahel, longtemps considéré chasse gardée du guide Libyen.
 
Donc après la victoire de la coalition internationale sur le colonel et son armée, on venait de libérer la voie d’accès à son fameux arsenal d’armes, grand consommateur d’équipements militaires qu’il était. Ainsi armes et munitions sont saisies et convoyées dans le désert où ont cheminé les soldats déserteurs de l’armée libyenne. De l’Algérie au Niger, en passant par le Burkina et le Tchad, la plupart des pays sahéliens leur ont fermé les portes de leur territoire, et il n’y a eu que le Mali qui a bien voulu leur ouvrir la porte restée close ailleurs. Une fois ayant eu pied à terre au nord du Mali, avec l’appui du gouvernement malien sous Att, qui a envoyé des émissaires les accueillir et leur offrir de l’huile, des sacs de riz et autres denrées et dattes, pour leur souhaiter la bienvenue en tant que «Maliens» de l’armée de son ami et frère, le Guide de la Révolution, comme il aimait à l’appeler, ces colons des temps modernes ont vite déjoué le piège de l’hospitalité, et sont retournés récupérer leurs armes camouflées dans le désert.
 
À leur retour le carnage, les tueries, les vols et les brimades, sous prétexte d’imposition de la charia islamique, ont commencé.
 
Dans le même temps se préparait les élections du 29 avril 2012, et les candidats étaient déjà en campagne électorale anticipée, de façon illégale d’ailleurs, comme l’avait noté et sifflé faute aux candidats milliardaires engagés, le président de la Ceni. C’est dans ce contexte général qu’en janvier 2012 ils signèrent à Aguel hoc le début de la chute du régime d'Att. Et c'était Sarkozy qui était aux commandes, et qui s’était laissé avoir par le manipulateur Bernard Henry Levi, pour attaquer la Libye et s'ouvrir un boulevard nouveau comme champs d'expérimentation dans le sahel, une zone géographique jusque-là considérée chasse gardée de Kadhafi.
 
Puis voilà qu’arrive le 22 mars, le dernier conseil des ministres d’Att, qui a préféré limiter les dégâts en renvoyant la tenue du conseil des ministres et envoya ses émissaires à la troupe bruyante des femmes et des enfants de militaires tués à Aguel hoc à Kati pour les calmer, ainsi qu’aux journalistes pour les tenir informés. Et c’est là que tout dérapa que le danger apparut, même s’il existait réellement déjà à l’état fœtal.
 
Dès lors, nul n'est venu au chevet du Mali, si ce n'est la Cedeao d'Alassane Dramane Ouattara avec l'accord du 6 avril qui n'a rien de légal pour faire sauter le légitime président du Mali en lui faisant signer sa démission sur sa contrainte, sinon il n'allait pas quitter ce pays vivant, pour rejoindre Dakar comme ville d’accueil pour son séjour en exil. Tous ces faits ont conduit, par torture de la Constitution, les députés refusant de prendre en compte le contexte de la vacance du pouvoir pour confier dans la célérité, le pouvoir au vice-président légitime devant assurer la transition à travers la personne du président de l'Assemblée nationale de l'époque : le Professeur Diouncounda Traoré est ainsi devenu président provisoire, à travers qui va se sentir la main levée et lourde de signification de la France de Sarkozy. Une implication française forcée et volontariste qui s'est beaucoup ressentie jusqu’à nos jours, poussant la population à la contestation de la présence militaire étrangère de plus en plus.
 
Entre-temps, les éléments de la garde présidentielle d’Att (les bérets rouges) vont en découdre avec leurs frères d’armes les bérets verts au mois de mai, dans une lutte fratricide féroce entre militaires. Ce qui va beaucoup influencer l’après Att, avec la montée en puissance sous influence américaine du capitaine Amadou Haya Sanogo, auteur du coup d’État le plus illégal au monde en termes de faits d'armes pour être bombardé ensuite, avec précipitation Général, passant de capitaine à gradé, et aujourd'hui toujours en prison, une fois la mission Serval terminée.
 
Aujourd’hui, les forces djihadistes qui avaient supplanté l’armée malienne, n’ont pas pu imposer leur islam radical et dogmatique de Kidal à Kolondiéba comme le prétendait leur chef du Mujoa et allié d'Ansar-Dine d’Iyad Ag Ghali, celui qui a dévoyé en premier les accords d'Alger de juillet 2006 dès lors rendus caducs. Mais leur progression a été stoppée par la France qui constituait en janvier 2013, la seule force militaire impliquée dans la sécurisation et la repossession des territoires conquises par les pseudos djihadistes.
 
En dehors des autres pays de la Cedeao, non impliqués dans les G5 Sahel, si les forces étrangères et militaires stationnées au Mali, si les 38 tués français et les 200 autres de la Minusma morts, ne suffisent à solder plus rapidement et plus efficacement une sale fausse vraie non-guerre, alors il y a à dire au pouvoir en place au Mali que l’accord d’Alger de Mai 2015 n’a pu stopper les djihadistes, plus que jamais décidés et déterminés à faire main basse sur les régions du Mali inondées de faits notoires et d’actes de violence. Qui va reconnaître les nouveaux pseudos djihadistes et distinguer les vrais ennemis de ce côté-là, des faux vrais ennemis de l’autre côté, à savoir la France et son rôle ambigu au Mali. Car ni la réforme souhaitée de la Constitution ne pourra avaliser ledit accord, pour son application, encore moins le dialogue national actuel en cours, initié pour revenir à un état antérieur de paix et de stabilité au Mali. Et comme telle revue, la guerre asymétrique ou guérilla urbaine des groupes tactiques opérationnels contrôlés par l’armée française, équipés par des instructeurs militaires étrangers, ne concerne vraiment pas les Maliens, donnés tous pour mort, au profit de leurs ressources naturelles si gravement sollicitées.
 
Ainsi, de 2012 à aujourd’hui, la France et l’Union européenne, à travers les médias occidentaux, ne parlent plus que du Sahel et disent mobiliser troupes d’hommes et finances, équipements et matériels logistiques, pour accéder stratégiquement à des ressources difficiles d’accès sans contournement. D’où la raison est simple de voir en des groupes « armés» «terroristes» ou «islamistes» des moyens efficaces d’ouvrir des boulevards dans les localités visées et transformées en zone de non droits, no man’s land comme Kidal et Tessalit. Donc évidemment, le coup de marteau du peuple contre son président provisoire en 2012, évacué dare dare à l'hôpital militaire de Val de Grace, puis retapé à neuf et rendu à son pays au bord de sombrer, est une manifestation dès l’entame, de la reprise en main du Mali par la France, anciennement appelé Soudan français.
 
L'émotion avait été grande, pour nous ressouder, sans se rendre compte de la mise sous tutelle du pays. Ce fut ensuite la multiplication des attaques du Mnla et des bandes armées de l’Azawad qui se font appelés djihadistes ne sèment davantage la pagaille avec les Amadou Koufa et d’autres groupes armés qui sont apparus pour montrer leur supériorité et leur maîtrise sur le terrain. Ainsi, cette phobie collective auto-entretue de voir ces "rouges" arriver à Bamako et amplifiée par les médias France 24, Rfi et Tv5, a pu pousser à faire appel à l'armée française, par la décision objectivement mesurée de François Hollande, de monter l’opération Serval. Ce qui ne s’est pas passé sans lavage du cerveau du président Hollande par les va-t-en-guerristes, après avoir travaillé au corps Dioncounda, pendant son séjour hospitalier à Val de Grace.
 
Voilà la prise de Bamako décidée et accomplie après la chute d'Att et de Kadhafi par la prise de Benghazi et de Tripoli. Dans ces mêmes conditions, le Mali d’aujourd’hui vit les mêmes troubles qui prédisent une guerre généralisée entre Maliens au départ des troupes françaises du territoire malien. Et si le Mali et les Maliens ne devaient exister aujourd’hui à cause du départ des troupes françaises comme annoncé par Emmanuel Macron, alors Barkhane n’est plus inscrite dans la durée et Takuba n’a pas plus lieu d’être, a fortiori le nouvel arrivage des troupes alliées européennes et de l’Otan.
 
Ou bien, qu’il soit tant que la Minusma soit activée par le Conseil de sécurité pour mettre fin à la duplicité du langage de la France sous couvert du mandat onusien, dans la poursuite des intérêts géopolitiques et géostratégiques de la France et de l’Union européenne, sans qu’il n’ait guerre ni combattants lancés dans des batailles comme lors des deux grandes guerres. Quelle est donc cette guerre asymétrique qui ne veut pas dévoiler son identité ni déclarer ses intentions ?
 
Pour garantir la question sécuritaire au nord Mali, le départ de la France n’est exigible que si le dialogue national devenait inclusif et souverain comme cadre de décision. Deuxième chose, que la Minusma ne soit plus sous commandement français ni le G5 Sahel constitué une nouvelle force pour valider Barkhane. Troisièmement, organiser dans la transparence et les règles d’une bonne démocratie, les élections présidentielles et législatives à ne faire financer que par l’effort national pour compenser la gratuité de la carte nationale d’identité.
 
De ce fait, les accords de Ouaga ou l’accord d'Alger ne seront que caducs et dont leur enterrement ne sera plus occasion de corruption à grande échelle qui est consubstantielle à la classe politique malienne. Il est plus qu’anormal que les partis politiques puisent leur financement des caisses de l’État pendant que le Mnla qui tient son congrès ce samedi 30 novembre, enregistre des contributions étatiques et internationales pour continuer son implantation locale et son ancrage sur le territoire malien par la présence des forces militaires étrangères qui empêchent à nos institutions de briller de tout leur éclat.
 
En conclusion, si nous comptons changer la Constitution au sortir de ce dialogue national au rabais, ce serait un référendum sans le peuple, qui est resté debout comme un seul homme en 2015, en 2016, en 2017 et en 2018 pour crier non à la réforme de la Constitution «ante a bana». Le nouveau président du Mali qui sera là en 2023, et ses alliés et partisans politiques, ne pourront non plus bénéficier d’aucune majorité parlementaire ni taux de participation valide justifiant un bon score. Il sera plus que normal et plus sage de reculer dès maintenant et de revoir sa copie, au lieu de chercher coûte que coûte à appliquer la volonté de la partie française en faveur de la fédération avec autonomie de Kidal, comme stipulé dans l'accord d'Alger. Quand Serval arriver pour sauver le Mali de sombrer, il y avait d’autres forces militaires présentes sur le territoire malien. Ce sont celles-ci qui sont à accompagner par l'Eufor et la Minusma, au lieu de placer le plan sécuritaire global sous le haut commandement français, à travers Barkhane, et aujourd'hui Takuba.
 
Il est sûr et certain que seule la manifestation de la puissance militaire viendra à bout de ces nouveaux alliés recrutés éléments pour une mission secrète dans le sahel à travers le couloir de la bande sahélienne dédiée au G5 Sahel, la nouvelle trouvaille pour mobiliser forces et finances au sein de l’Union européenne et de l’Otan, pour venir en appoint à la nouvelle opération dénommée «Takuba». Ce que n’explique rien d’autre la mort «accidentelle» de 13 soldats morts dans la collision surréaliste de deux hélicoptères de l'armée française. Comment faire comprendre à Emmanuel Macron qu’il doit s'empêcher de payer le prix fort pour le Mali, ni en émotions pathétiques, ni en vies humaines, ni en finances.
 
Pour obtenir le feu vert des troupes militaires associées de l'Union européenne, la France n'a pas à violer notre souveraineté et notre indépendance et venir nous sauver en siégeant dans notre gouvernement et participer à la gestion de nos affaires publiques en influençant nos prises de décisions militaires, politiques, économiques, industrielles etc. Kidal n’en vaut pas tant que ça ; ce n’est pas de l’or, c’est nous populations maliennes jamais opposées ni divisées qui sommes l’or que vous recherchez dans notre sous-sol. Qu’on se dise la vérité ne gâte rien dans notre amitié légendaire faite de reconnaissance. Et c’est ce que Salif Kéïta a souhaité vous livrer message indirectement en s’adressant à son Koro (grand frère).
 
Aussi, avons-nous le regret de vous dire que vos successifs ambassadeurs à caisse de résonance locale de la meute des grandes gueules se sont montrés sans gêne pour attaquer avec vous le Mali, pensant vous défendre injustement à leur propre détriment. Ils s’y suffisent amplement pour garantir notre amitié avec la nation française. Maintenant que le sale conflit du nord Mali s’est auto exportée et s’est invité dans le débat politique et parlementaire en France, il y a lieu de bien résoudre tous les problèmes de façon bilatérale avec respect des deux parties, à la condition que nulle ne déroge à la règle budgétaire qui fait supporter votre présence plus à notre détriment, qu’à votre perte, qu’elle soit 53 ou 13 hommes morts pour le Mali, nos charges et coûts sont à supporter conjointement, sinon la balance est fausse. Le G5 Sahel n’a tout simplement pas sa raison d’être, même si son bien fondé est bien compris. Pour alléger votre fardeau et le nôtre consacrons tous les efforts à la paix et au dialogue, non encourager ou assister impuissants à toutes ces attaques trop ciblant et bien préparée pour manquer de génie supporteur. On ne peut évidemment pas demander aux pays comme le Sénégal et le conseil de sécurité de financer le G5 sahel. D'où la plus lourde perte payée par la France depuis 36 ans enregistrée hier au Mali à la frontière nigérienne et burkinabè est le point d’orgue qui exige de cesser la fausse guerre à tuer dans l’œuf avant que le sentiment anti français grandissant n’en soit la cause mal comprise.
 
Jusqu’à quand tout cela va durer est la grande question, mais pas qui a fait venir les Français. Comment les fera-t-on partir après les avoir appelés ? Oui, là est la clé qui ouvre des portes pour des réponses pleines d’espoir. En voyant tout cela sous le prisme de la victoire symbolique du Président Modibo Kéïta le 20 janvier 1961, bien sûr ; sinon c’est une preuve supplémentaire de la cécité politique qui frappe la classe politique malienne...
 
Sans plus ni moins c’était là une analyse à tête froide pour expliquer comment les Anglais se sont contentés de leur butin issu du braquage de la Libye pendant que les Français et les Américains œuvraient à visage découvert à ouvrir des champs expérimentaux dans le sahel pour des buts inavoués et inavouables.
Voilà tout ce qu'il fallait dire (Cqfd).
Khaly Moustapha LEYE
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