La «visite d’Etat» effectué en grande pompe à Tivaouane par le Président de la République, le premier ministre, des ministres de haut rang et des collaborateurs proches a fait un grand heureux: Macky Sall lui-même. Sur place, Mbaye Sy Mansour, le khalife général des Tidianes désigné en septembre dernier après quelques jours de flottement autour de la succession de feu Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, lui a fait une promesse ferme: il aura bien un second mandat à la tête du pays. Exactement ce à quoi le chef de l’Etat s’emploie depuis qu’il a foulé les portes du palais en avril 2012. Il est reparti de Tivaouane un tout petit peu rassuré. Sa maîtrise implacable de tout le processus électoral fera le reste, comme aux législatives du 30 juillet.
Au travers de démonstrations oratoires alambiquées dont on ignore la portée mystique, de tirades aux frontières des mathématiques et de l’ésotérisme, d’arguties douteuses sur la durée des mandats politiques au Sénégal, le khalife a proprement scellé – du moins à son niveau - le sort de l’élection présidentielle de 2019, au grand bonheur des supporters du Président Sall qui n’en espéraient pas tant – c’est de bonne guerre. Mais on attendait plus et mieux de la part d’un érudit qui pourrait figurer en bonne place dans la catégorie «intransigeance et lucidité» du tableau caractéristique des chefs religieux sénégalais.
A voix basse ou en silence pour certains, de manière plus audible chez d’autres, l’opinion s’interroge sur la pertinence d’une telle sortie. Serigne Mbaye Sy Mansour tenait-il à apposer une marque indélébile et historique sur le premier – et peut-être seul - grand événement de son khalifat? Voulait-il être à la hauteur de la très «haute considération» que renvoie à son image et à sa psychologie la composition très forte de la délégation présidentielle qui a débarqué dans la capitale du Tidianisme à quelques jours du Maouloud? Cherchait-il à rendre hommage à la Première dame – Marième Faye Sall – réputée être sa disciple préférée au sein d’une famille très accrochée à la confrérie d’El Hadj Malick Sy? Quel sens, finalement, donner à ce discours porteur de violences symboliques manifestes contre le bons sens des électeurs, leur liberté de choix, et même contre les «glorieuses incertitudes» qui entourent la politique?
Dans un pays aussi politiquement fracturé que le nôtre, ce type de discours ne contribue en rien à clarifier les responsabilités des uns et des autres, celles surtout des élites maraboutiques. Celles-ci ne semblent rien retenir des camouflets que les électeurs de ce pays ont infligés dans un passé récent à certains entrepreneurs en turban de certaines foyers religieux.
Momar Dieng
Au travers de démonstrations oratoires alambiquées dont on ignore la portée mystique, de tirades aux frontières des mathématiques et de l’ésotérisme, d’arguties douteuses sur la durée des mandats politiques au Sénégal, le khalife a proprement scellé – du moins à son niveau - le sort de l’élection présidentielle de 2019, au grand bonheur des supporters du Président Sall qui n’en espéraient pas tant – c’est de bonne guerre. Mais on attendait plus et mieux de la part d’un érudit qui pourrait figurer en bonne place dans la catégorie «intransigeance et lucidité» du tableau caractéristique des chefs religieux sénégalais.
A voix basse ou en silence pour certains, de manière plus audible chez d’autres, l’opinion s’interroge sur la pertinence d’une telle sortie. Serigne Mbaye Sy Mansour tenait-il à apposer une marque indélébile et historique sur le premier – et peut-être seul - grand événement de son khalifat? Voulait-il être à la hauteur de la très «haute considération» que renvoie à son image et à sa psychologie la composition très forte de la délégation présidentielle qui a débarqué dans la capitale du Tidianisme à quelques jours du Maouloud? Cherchait-il à rendre hommage à la Première dame – Marième Faye Sall – réputée être sa disciple préférée au sein d’une famille très accrochée à la confrérie d’El Hadj Malick Sy? Quel sens, finalement, donner à ce discours porteur de violences symboliques manifestes contre le bons sens des électeurs, leur liberté de choix, et même contre les «glorieuses incertitudes» qui entourent la politique?
Dans un pays aussi politiquement fracturé que le nôtre, ce type de discours ne contribue en rien à clarifier les responsabilités des uns et des autres, celles surtout des élites maraboutiques. Celles-ci ne semblent rien retenir des camouflets que les électeurs de ce pays ont infligés dans un passé récent à certains entrepreneurs en turban de certaines foyers religieux.
Momar Dieng