Connectez-vous

Syrie: le régime contrôle la quasi-totalité de la Ghouta orientale

Vendredi 23 Mars 2018

Le régime syrien contrôle désormais 90% du dernier fief rebelle aux portes de Damas, dans la Ghouta orientale, après plus d'un mois de bombardements meurtriers qui ont abouti à des accords d'évacuations parrainés par la Russie avec deux groupes d'insurgés.

"Le dernier convoi quitte Harasta pour le nord de la Syrie (...), le régime contrôle plus de 90%" des territoires autrefois tenus par des rebelles dans la Ghouta orientale, a indiqué vendredi soir l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Par notre âme, par notre sang, nous sommes avec toi Bachar", scandaient près de Harasta des soldats devant la caméra de la télévision d'Etat syrienne, en hommage au président Bachar al-Assad.

Plus de 1.600 civils ont été tués depuis le 18 février par les incessantes frappes aériennes sur la Ghouta, qui se sont encore intensifiées ces derniers jours, a précisé l'OSDH, qui a fait état de la mort d'au moins 485 soldats du régime et 310 rebelles dans cette offensive.

La poche de Harasta, l'une des trois enclaves insurgées subsistant dans la Ghouta orientale, est "vidée" de ses rebelles, a annoncé vendredi soir la télévision d'Etat syrienne, après le départ en deux jours de plus de 4.000 personnes, dont 1.400 combattants du groupe salafiste Ahrar al-Cham, ayant accepté de partir vers la province d'Idleb (nord-ouest), qui échappe au contrôle du régime.

Le groupe rebelle a été contraint d'accepter l'évacuation sans négociation. "Tout ce qu'ils ont obtenu, c'est de pouvoir partir sans être tués", a souligné l'expert sur la Syrie Nawar Oliver.

"A Harasta, nous ne pouvions plus vivre à la surface à cause des bombardements... Ils ont entièrement brûlé la terre. Des enfants sont restés dans un abri souterrain pendant quatre mois. Nous n'avions même pas d'herbe à manger", a témoigné Abou Mohammed, un civil figurant parmi les évacués.

Le régime syrien et son allié russe, appliquant une stratégie alternant bombardements intensifs, combats au sol et négociations, est ainsi sur le point d'achever la reconquête de la Ghouta orientale, un ancien verger en périphérie de la capitale qui fut l'une des premières zones où eurent lieu des manifestations antirégime en 2011.

La région, assiégée depuis 2013 et en proie à des pénuries alimentaires, est une zone stratégique à partir de laquelle les rebelles tiraient régulièrement roquettes et obus meurtriers sur Damas. L'offensive gouvernementale a fait plus de 80.000 déplacés.

- 'Situation humanitaire catastrophique' -

Un autre groupe rebelle, Faylaq al-Rahmane, qui contrôlait la poche du sud de la Ghouta, accablé par un déluge de feu qui a provoqué la mort d'au moins 75 civils en deux jours, a signé vendredi un accord d'évacuation, également parrainé par la Russie, acceptant le départ de près de 7.000 personnes, des combattants qui doivent abandonner une partie de leur armement, et leurs proches.

"La situation humanitaire est catastrophique, il n'y a plus de nourriture, plus de matériel médical et la promiscuité dans les abris provoque des maladies", a déclaré à l'AFP un porte-parole de Faylaq al-Rahmane, Waël Alwane, s'exprimant depuis la Turquie. "Il y a même des cas de poux et de gale".

Un premier convoi doit partir samedi matin vers Idleb, d'après la télévision d'Etat syrienne. C'est dans cette région, largement dominée par les jihadistes, que le gouvernement syrien envoie rebelles et civils lorsqu'ils sont évacués des bastions insurgés.

Des "bombes incendiaires" ont été larguées par des avions russes dans cette zone, avant l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu, selon l'OSDH, qui affirme que dans la nuit, 37 civils ont péri "de brûlures et de suffocation" dans un abri dans la localité d'Arbine. Des images tournées par l'AFP évoquent un possible emploi de phosphore blanc, dont l'utilisation contre des cibles militaires au milieu des civils est interdit par le droit humanitaire international.

Moscou a dénoncé "un mensonge éhonté" et assuré que son aviation n'utilisait pas de munitions incendiaires.

L'évacuation de Harasta et l'annonce d'un accord dans la poche sud accroît la pression sur la dernière enclave rebelle, autour de la ville de Douma, tenue par le groupe islamiste Jaich al-Islam, et qui pourrait connaître un scénario similaire: bombardements intenses, négociations puis évacuations.

La guerre en Syrie, déclenchée en 2011 avec la répression de manifestations en faveur de réformes démocratiques, a fait plus de 350.000 morts et conduit des millions de Syriens à l'exil.

Dans le nord-ouest, l'armée turque a déclenché le 20 janvier une offensive pour chasser de la frontière avec la Turquie la milice kurde des Unités de protection du Peuple (YPG), prenant le contrôle total de l'enclave d'Afrine.

Quelque 167.000 personnes ont été déplacées par l'avancée des forces turques, ont indiqué vendredi les Nations unies.
Nombre de lectures : 117 fois











Inscription à la newsletter