Dominant une mer étincelante sous le soleil de plomb, les grues du port ukrainien de Marioupol restent immobiles: son activité se trouve en grande partie paralysée en raison de ce que Kiev dénonce comme un blocus russe de la mer d'Azov.
Cette petite mer se trouve dans une zone sous haute tension, entre la péninsule ukrainienne de Crimée annexée par la Russie en 2014 et l'est de l'Ukraine, théâtre d'une guerre avec les séparatistes prorusses.
Une nouvelle crise s'amplifie, Kiev et les Occidentaux accusant la Russie d'"entraver" délibérément la navigation des navires commerciaux via le détroit de Kertch, seule voie maritime vers la mer d'Azov.
"Je n'ai rien vu de pareil depuis que j'ai commencé à travailler ici" il y a 23 ans, soupire Serguiï Kostyrko, un docker, montrant le principal quai de Marioupol, vide. "Les cargos sont devenus trop rares dans notre port".
L'Ukraine critique une tentative de Moscou d'étouffer ses ports, cruciaux pour les exportations de sa production métallurgique, voire de préparer une offensive contre Marioupol, dernière grande ville sous contrôle de Kiev dans l'est.
Moscou cherche à "bloquer les ports ukrainiens de la mer d'Azov, faire monter la tension et - on ne peut pas l'exclure - lancer une offensive militaire sur Marioupol", a lancé en juillet le président Petro Porochenko.
- Quais vides -
Fin août, Washington a dénoncé un "harcèlement du transport international" affectant des "centaines de navires commerciaux". Début septembre, la représentation de l'UE en Ukraine a elle aussi accusé Moscou d'"entraver et retarder le passage" des cargos.
Moscou renvoie la responsabilité à Kiev, sa porte-parole Maria Zakharova assurant que "les contrôles effectués par la Russie visent exclusivement à assurer sa sécurité": "Nous avons vu en pratique ce dont sont capables les éléments radicaux ukrainiens".
Les difficultés sont apparues avec la construction par Moscou d'un très controversé pont de 19 kilomètres dans le détroit de Kertch reliant la Crimée annexée à la Russie.
L'installation de ses arches en 2017 a d'ores et déjà "coupé la voie à une partie des navires, trop grands pour passer en-dessous", a déclaré à l'AFP Oleksandre Oliïnyk, directeur du port de Marioupol.
Cette année, les garde-frontière russes ont commencé à retenir des bateaux, officiellement pour des contrôles.
"Les contrôles prennent trois ou quatre heures, mais l'attente peut prendre cinq jours" contre "un maximum de dix heures" auparavant, déplore M. Oliïnyk.
Et ces retards infligent des pertes importantes aux armateurs et aux ports, qui perdent leurs clients. Chaque jour d'attente d'un cargo coûte "de 5.000 à 15.000 dollars" à ses propriétaires, dit M. Oliïnyk. "Un jour, les armateurs finiront par nous dire: basta, cela ne nous intéresse plus!"
Sur les sept premiers mois de l'année, les recettes des ports de Marioupol et Berdiansk ont chuté presque d'un quart par rapport à la même période en 2017, selon des médias.
- Présence militaire -
La tension monte y compris sur le plan militaire dans les eaux peu profondes de la mer d'Azov qui baignent le sud du Donbass, région ukrainienne où le conflit armé avec les séparatistes prorusse a fait plus de 10.000 morts en quatre ans.
Kiev et l'Occident accusent la Russie de soutenir militairement les séparatistes, ce qu'elle dément, malgré de nombreuses preuves du contraire.
Rien qu'en mai, Moscou a transféré cinq de ses navires militaires de la Caspienne vers la mer d'Azov, se "donnant une nouvelle capacité d'attaque", selon une publication du centre d'analyse Jamestown Foundation le même mois.
En juillet, Kiev a affirmé qu'une quarantaine de vedettes de combat russes se trouvaient déjà en mer d'Azov.
"La présence de forces armées russes est devenue provocatrice et agressive", a déclaré récemment à Kiev l'envoyé spécial américain Kurt Volker.
En réponse, l'Ukraine a transporté par terre en septembre deux navettes blindées d'artillerie dans le port de Berdiansk et, selon son ambassadeur aux Etats-Unis, négocie avec Washington l'obtention de deux embarcations de patrouille de classe Island.
Dimanche, deux navires ukrainiens sont entrés dans la mer d'Azov par le détroit de Kerch vers Berdiansk, port censé devenir, selon le président Porochenko, "une nouvelle base des forces navales ukrainiennes". (AFP)
Cette petite mer se trouve dans une zone sous haute tension, entre la péninsule ukrainienne de Crimée annexée par la Russie en 2014 et l'est de l'Ukraine, théâtre d'une guerre avec les séparatistes prorusses.
Une nouvelle crise s'amplifie, Kiev et les Occidentaux accusant la Russie d'"entraver" délibérément la navigation des navires commerciaux via le détroit de Kertch, seule voie maritime vers la mer d'Azov.
"Je n'ai rien vu de pareil depuis que j'ai commencé à travailler ici" il y a 23 ans, soupire Serguiï Kostyrko, un docker, montrant le principal quai de Marioupol, vide. "Les cargos sont devenus trop rares dans notre port".
L'Ukraine critique une tentative de Moscou d'étouffer ses ports, cruciaux pour les exportations de sa production métallurgique, voire de préparer une offensive contre Marioupol, dernière grande ville sous contrôle de Kiev dans l'est.
Moscou cherche à "bloquer les ports ukrainiens de la mer d'Azov, faire monter la tension et - on ne peut pas l'exclure - lancer une offensive militaire sur Marioupol", a lancé en juillet le président Petro Porochenko.
- Quais vides -
Fin août, Washington a dénoncé un "harcèlement du transport international" affectant des "centaines de navires commerciaux". Début septembre, la représentation de l'UE en Ukraine a elle aussi accusé Moscou d'"entraver et retarder le passage" des cargos.
Moscou renvoie la responsabilité à Kiev, sa porte-parole Maria Zakharova assurant que "les contrôles effectués par la Russie visent exclusivement à assurer sa sécurité": "Nous avons vu en pratique ce dont sont capables les éléments radicaux ukrainiens".
Les difficultés sont apparues avec la construction par Moscou d'un très controversé pont de 19 kilomètres dans le détroit de Kertch reliant la Crimée annexée à la Russie.
L'installation de ses arches en 2017 a d'ores et déjà "coupé la voie à une partie des navires, trop grands pour passer en-dessous", a déclaré à l'AFP Oleksandre Oliïnyk, directeur du port de Marioupol.
Cette année, les garde-frontière russes ont commencé à retenir des bateaux, officiellement pour des contrôles.
"Les contrôles prennent trois ou quatre heures, mais l'attente peut prendre cinq jours" contre "un maximum de dix heures" auparavant, déplore M. Oliïnyk.
Et ces retards infligent des pertes importantes aux armateurs et aux ports, qui perdent leurs clients. Chaque jour d'attente d'un cargo coûte "de 5.000 à 15.000 dollars" à ses propriétaires, dit M. Oliïnyk. "Un jour, les armateurs finiront par nous dire: basta, cela ne nous intéresse plus!"
Sur les sept premiers mois de l'année, les recettes des ports de Marioupol et Berdiansk ont chuté presque d'un quart par rapport à la même période en 2017, selon des médias.
Carte de l'Ukraine avec les zones contrôlées par les séparatistes et de la Crimée annexée par la Russie / © AFP / Jochen GEBAUER, Jonathan JACOBSEN
La tension monte y compris sur le plan militaire dans les eaux peu profondes de la mer d'Azov qui baignent le sud du Donbass, région ukrainienne où le conflit armé avec les séparatistes prorusse a fait plus de 10.000 morts en quatre ans.
Kiev et l'Occident accusent la Russie de soutenir militairement les séparatistes, ce qu'elle dément, malgré de nombreuses preuves du contraire.
Rien qu'en mai, Moscou a transféré cinq de ses navires militaires de la Caspienne vers la mer d'Azov, se "donnant une nouvelle capacité d'attaque", selon une publication du centre d'analyse Jamestown Foundation le même mois.
En juillet, Kiev a affirmé qu'une quarantaine de vedettes de combat russes se trouvaient déjà en mer d'Azov.
"La présence de forces armées russes est devenue provocatrice et agressive", a déclaré récemment à Kiev l'envoyé spécial américain Kurt Volker.
En réponse, l'Ukraine a transporté par terre en septembre deux navettes blindées d'artillerie dans le port de Berdiansk et, selon son ambassadeur aux Etats-Unis, négocie avec Washington l'obtention de deux embarcations de patrouille de classe Island.
Dimanche, deux navires ukrainiens sont entrés dans la mer d'Azov par le détroit de Kerch vers Berdiansk, port censé devenir, selon le président Porochenko, "une nouvelle base des forces navales ukrainiennes". (AFP)