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Venezuela : après le soulèvement manqué, Maduro passe à l'offensive contre les "putschistes"

Jeudi 2 Mai 2019

Le président Nicolas Maduro et l'armée, pilier du pouvoir au Venezuela, sont passés jeudi à l'offensive contre "tous les putschistes", deux jours après une tentative de soulèvement manquée d'un groupe de soldats passé dans le camp de l'opposant Juan Guaido.
 
"Oui, nous sommes en plein combat, le moral doit être au maximum dans cette lutte pour désarmer tous les traîtres, tous les putschistes", a asséné le chef de l'Etat à 4.500 soldats rassemblés à Caracas dans la cour du Fort Tiuna, la principale caserne du pays, au cours de cette cérémonie radio-télévisée.
 
"Loyauté toujours, trahison jamais !", a scandé le président vénézuélien, flanqué de son ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino, et de plusieurs autres officiers de haut rang.
 
Ce discours s'inscrit dans la continuité de la chasse aux "traîtres" que Nicolas Maduro a lancée dès mardi soir, lorsqu'il a affirmé avoir déjoué l'"escarmouche putschiste" entreprise par un groupe de militaires entrés en rébellion pour rejoindre Juan Guaido, reconnu président par intérim par un cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis.
 
L'armée est un acteur central du pouvoir vénézuélien. Elle tient le secteur pétrolier, le poumon économique du Venezuela, dont ce pays tire 96% de ses revenus, et plusieurs ministères.
 
La tentative de soulèvement de mardi s'est dégonflée au cours de la journée. Quelque 25 militaires rebelles ont demandé l'asile à l'ambassade du Brésil à Caracas, puis Leopoldo Lopez, une des figures de l'opposition, qui était assigné à résidence depuis 2017 et était apparu aux côtés de M. Guaido et des soldats insurgés, s'est ensuite réfugié dans l'ambassade d'Espagne.
 
La justice vénézuélienne a ordonné jeudi l'arrestation de Leopoldo Lopez, a annoncé la Cour suprême.
 
- Quatre morts –
 
La tentative de soulèvement a été accompagnée dans tout le Venezuela mardi et mercredi de manifestations monstre des partisans de M. Guaido, émaillées de violents heurts entre des manifestants et les forces de l'ordre.
 
Deux jeunes Vénézuéliens blessés par balle au cours des manifestations de ces deux derniers jours sont morts jeudi, portant à quatre le nombre total des manifestants tués dans les heurts, a-t-on appris auprès de l'opposition et des familles.
 
Yosner Graterol, 16 ans, a été blessé mardi dans la ville de La Victoria (nord) et Yoifre Hernandez, 14 ans, a été touché en marge du rassemblement-monstre à Caracas mercredi.
 
Par ailleurs, Samuel Mendez, 24 ans, est mort mardi et Jurubith Rausseo, 27 ans, a perdu la vie mercredi, selon l'Observatoire vénézuélien des conflits sociaux, proche de l'opposition.
 
Le mécontentement populaire est alimenté par les conséquences de la pire crise de l'histoire récente du pays. L'hyperinflation pourrait atteindre 10.000.000%, selon le FMI, les coupures de courant se multiplient et les hôpitaux ne peuvent plus soigner les malades, faute de médicaments et d'équipement.
 
Malgré l'échec de la manifestation de mercredi censée être le point final de l'"opération liberté" qui doit le mener au palais présidentiel de Miraflores, Juan Guaido a appelé à la poursuite des manifestations et appuyé l'idée de grèves tournantes pour arriver à la grève générale.
 
- Réunion Pompeo-Lavrov –
 
Pour Nicolas Maduro, le véritable donneur d'ordres derrière cette "escarmouche putschiste" est John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump.
 
"La répression brutale du peuple vénézuélien doit s'achever et doit s'achever rapidement", a déclaré jeudi M. Trump, des jardins de la Maison Blanche, à l'occasion de la "Journée nationale de prière". "Les gens ont faim. Ils n'ont pas de nourriture, ils n'ont pas d'eau dans ce qui fut l'un des pays les plus riches du monde".
 
Et pour accentuer un peu la pression et tenter de déloger Nicolas Maduro du pouvoir, Washington a pris un très grand nombre de sanctions, dont la plus récente est la plus marquante: un embargo sur le pétrole vénézuélien, depuis dimanche.
 
Les Etats-Unis évoquent aussi l'option militaire. "Une intervention militaire est possible. Si c'est nécessaire, c'est que ce feront les Etats-Unis", a ainsi expliqué mercredi Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine.
 
A l'inverse, Nicolas Maduro a notamment le soutien de la Chine et de la Russie, dont M. Pompeo a affirmé le même jour qu'elle "déstabilisait" le Venezuela, demandant à Moscou de cesser de soutenir le président vénézuélien.
 
Mike Pompeo discutera de la situation au Venezuela en début de semaine prochaine avec son homologue russe Sergueï Lavrov en marge d'une réunion en Finlande.
 
Sur le plan diplomatique toujours, le Venezuela a demandé à Washington de protéger son ambassade à Washington, peu après un incident entre partisans et adversaires du président Maduro devant la représentation diplomatique.
 
Par ailleurs, les pays latino-américains et européens du Groupe de contact international (GCI) sur le Venezuela doivent se réunir lundi et mardi au Costa Rica.
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